Après une formation à Düsseldorf, à Londres puis à Anvers, Dudley Hardy s'installe à Londres en 1886 comme dessinateur de journaux pour 'The Picturial Word' et 'The Lady's Pictorial'. Cependant tenté par la peinture, Hardy vient se perfectionner à Paris en 1888 et étudie auprès de Dagnan-Bouveret. C'est très probablement durant les années 1888 à 1890 qu'il y rencontre Sarah Bernhardt. Marie Henriette Bernhardt, dite Sarah Bernhardt (1844-1923) est alors au sommet de son art. Surnommée la Voix d'or ou la Divine, la comédienne, qui a quitté avec éclat la Comédie française en 1880 pour fonder sa propre compagnie, enchaîne les spectacles et les tournées à l'étranger. A la fin des années 1880, Sarah se produit à Paris dans des pièces aussi diverses que Jeanne d'Arc de Jules Barbier, Thérèse Raquin d'Emile Zola ou Cléopâtre de Victorien Sardou, à chaque fois dans le rôle principal. Ses nombreux amis peintres, comme Georges Clairin, Jules Bastien-Lepage, et surtout Louise Abbéma, multiplient les portraits de l'actrice. Mais celle-ci est aussi la proie des caricaturistes qui la surnomment le salsifis à cause de sa silhouette mince et sinueuse. En 1889, Dudley Hardy peint un premier portrait de face de l'actrice, aujourd'hui conservé au Sterling and Francine Clark Art Institute à Williamstown. De dimension plus grande, notre tableau la représente de profil, reprenant le type du portrait peint par Jules Bastien-Lepage vers 1879 (coll. part.) tout en accentuant le côté caricatural. Ici, Sarah tient une plume démesurée qui fait sans doute allusion à ses prétentions littéraires : après un premier essai d'écriture en 1878 ('Dans les nuages, impressions d'une chaise'), Sarah publie et joue un drame en un acte et en prose, 'L'Aveu', en 1886.