PIERRE BONNARD. L.A.S., [fin décembre 1916 ?], à Frédéric Luce ; 2 pages et demie in-8. « Ma femme t’envoie deux petits paquets où il y a des choses à bouffer. Par le temps qui court la gueule prend une grande importance pour les gens qui endurent c’est un besoin pour les autres c’est une distraction. Pour ce qui me concerne je me contenterais d’avoir du bon pain et il n’est pas fameux depuis quelque temps. La fumerie aussi laisse à désirer il faut taper sur le cigare comme un véritable belge. Le travail marche un peu toujours l’eau-forte dont j’achève une série et de la lithographie en couleurs que je mets en train. Il a fait un froid de canard. Les fortifs couvertes de neige semblaient de sauvages montagnes où les loups allaient paraître. Le matin jour de Noël dégel et gâchis tout est fondu dans la nuit. Je pense que tu n’as pas trop souffert du froid dans ton cantonnement d’hiver et qu’il y a de beaux paysages à contempler »…