1 p. r/v. A4 sur papier à en-tête de la revue L'Esprit Nouveau, s.d. (juin 1945 ?). Ecriture serrée mais lisible, brouillon vivant avec de nombreuses ratures et ajouts qui témoignent de l'implication de l'architecte. Encre noire avec ajout au crayon "envoi 18 juin [1945]". Belle signature. Lettre structurée en 4 points, pour défendre une nouvelle architecture de reconstruction : "Le pays est saisi à la gorge par des problèmes innombrables : d'éthique, d'esthétique, de technique, d'administration. Tout est à inventer de toutes pièces. Il faut des inventeurs, des clair-voyants". A ces "inventeurs des demains" s'opposent "1. les points de vue académiques ; 2. la référence aux grands diplômes ; 3. le manque de goût pour le voyage". Il souhaite que tout soit fait pour que soient réalisés "au plus vite, au plus efficace" ces travaux exprimant les 3 grands problèmes : "HABITER, TRAVAILLER, CULTIVER LE CORPS ET L'ESPRIT".
En novembre 1944, la ville de Saint-Dié est détruite par les allemands ("10 500 sinistrés sur 20 000") et Corbu est nommé conseil de la ville (19 avril 1945). "Nous sommes persuadés de pouvoir faire de cette ville une expression du véritable urbanisme moderne, car cette ville, socialement est apte à s'y prêter". Le Corbusier espère pouvoir collaborer avec Jacques André, nommé responsable de la reconstruction de la ville. Cependant, bien que "le but à atteindre [soit] si décisif" et que Le Corbusier "espère entraîner l'adhésion et la participation et la participation enthousiaste de tous les usages de Saint-Dié", le caractère trop novateur de son projet suscitera, au contraire, une vive opposition des habitants. C'est le 16 janvier 1946 que les autorités signifient leur refus.
Bibliogr. : "Le Corbusier, une encyclopédie", Centre Pompidou, 1987, p. 363.