30 x 38 cm
Provenance : ancienne collection H. Walferdin, selon Féral père ;
ancienne collection M. Léon Decloux ; sa vente, le 14 – 15 février 1898, n°65, reproduit ;
ancienne collection Veil – Picard ;
Bibliographie : Alexandre Ananoff, L’œuvre dessinée de Jean – Honoré Fragonard (1732 – 1806), catalogue raisonné, Tome II, Paris, 1963, ed. De Nobele, p. 120, n°887, reproduit fig. 233
Cette ravissante évocation d’un parc à l’italienne, où la nature déborde l’ordonnance humaine tout en se pliant à son architecture, a la particularité d’être en deux tons de sanguine. Cette technique fut surtout utilisée par Hubert Robert, mais on reconnaît ici, particulièrement dans l’arrière-plan à la sanguine brûlée, le style de Fragonard pendant son premier séjour en Italie vers 1760. La sanguine d’un ton clair ajouté sur ce fond est d’un style différent et pose une énigme. Il peut s’agir d’un dessin terminé plus tardivement par Fragonard à la suite d’une opération de contre-épreuve.
La sanguine utilisée par les artistes au XVIIIe siècle était friable, grasse et épaisse. Si de la matière se détachait, cela affectait la perception du dessin, à cause des traînées et des taches. C’est pourquoi la méthode consistant à contre-éprouver le dessin pour l’alléger était courante, voire quasi systématique. Il pouvait arriver que l’opération enlève trop de matière, ce qui semble avoir été le cas ici. La pratique usuelle - qui était de reprendre la contre-épreuve pour la renforcer - a donc été ici inversée, mais avec un décalage dans le temps. La différence des tons de sanguine peut quant à elle être dû au fait que l’artiste ne dispose pas, au moment où il retravaille le dessin, de sanguine du même ton.