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Pierre-Amédée MARCEL-BERONNEAU
La femme aux serpents
Estimation :
25 000 € - 35 000 €

Description complète

La femme aux serpents
Huile sur toile

Signé 'P. Marcel-Beronneau' en bas à droite

Contresigné 'P. Marcel-Beronneau' sur le châssis au verso

Annoté et titré 'N°2 / La femme aux serpents' sur la toile au verso

Toile de la maison Paul Foinet


The woman with snakes, oil on canvas, signed, by P.-E. Marcel-Beronneau

31.89 x 39.37 in. 

100 cm x 81 cm
Provenance :

Vente anonyme ; Paris, Drouot Montaigne, Me Tajan, 1er juillet 1966, n° 25 ;

Collection Galerie Alain Blondel, Paris ;

Acquis auprès de cette dernière en juin 1981 par Gérard Lévy ;

Collection Gérard Lévy ;

Puis par descendance

Expositions :

Salon des Artistes français, Paris, Grand palais des Champs-Élysées, mai 1911, cat. n° 1256 : « La femme aux serpents »

Fifty-Second Liverpool Autumn Exhibition 1924, Liverpool, Walker Art Gallery, 1924, cat. n° 26 [étiquette au verso]

Marcel-Beronneau /1869-1937 / Peintre Symboliste, Paris, Galerie Alain Blondel, juin 1981, reproduit : « La Femme aux Serpents »

Bibliographie :

Alexandre, Arsène, « Les Salons de 1911 », Le Figaro, 29 avril 1911, p. 4.

Cottaz, Maurice, « Les héroïnes des Marcel-Beronneau, la révélation d’un symboliste, peintre des séductrices », Valeurs actuelles, 10/16, VIII, 10 août 1981, p. 33.


Commentaire :

« Il est certain que Marcel Béronneau est un des plus raffinés et des plus scrupuleux artistes de ce temps[1]. » Cet éloge formulé par le critique Arsène Alexandre au début de l’année 1911 illustre l’étendue de la notoriété acquise au début du siècle dernier par le peintre Pierre-Amédée Marcel-Béronneau. Après un court apprentissage à l’École Municipale des Beaux-arts de Bordeaux, sa ville natale, ce dernier rejoint en 1890 l’École nationale des Arts décoratifs à Paris, où il suit quelques temps l’enseignement d’Eugène Thirion. C’est en novembre 1892 qu’il intègre l’atelier très prisé de Gustave Moreau, au sein duquel il se lie d’amitié avec Rouault, partageant avec lui son atelier boulevard du Montparnasse. Considéré par Moreau comme l’un de ses meilleurs élèves, il remporte le premier Grand Prix des Arts Décoratifs en 1893 et le prix Paul Chenavard en 1894. En 1895, il participe pour la première fois au Salon des Artistes français, en présentant sa Muse, œuvre empreinte d’un mysticisme symboliste très marqué, avant de prendre part en 1897 au Salon de la Rose-Croix de Joséphin Péladan. Médaillé à l’Exposition Universelle de 1900, Marcel-Béronneau multiplie au début du siècle les succès, tant en France qu’à l’étranger. Outre Stuttgart et Elsener en 1901, l’artiste participe aux expositions internationales de Londres et Saint-Louis en 1904, Montréal en 1909, Gand en 1913, San Francisco en 1915, puis Barcelone et Buenos Aires en 1917. Sa nomination au titre de Chevalier de la Légion d’honneur en 1914 suit plusieurs achats de l’État en 1910 et 1911, ainsi qu’une importante commande, seulement achevée en 1923, d’un important carton de tapisserie figurant Salomé, destiné à être tissé par et pour la Manufacture nationale des Gobelins. 

La toile que nous présentons appartient à cette période de maturité et de triomphe de Marcel-Béronneau. Sur un fond de paysage maçonné de roches mauves, dans l’atmosphère rougeoyante d’un coucher de soleil orangé qui baigne le ciel d’un rouge sang, se dresse le buste inquiétant d’une Gorgone à la chair lisse et nacrée, la tête et le corps couverts d’une multitude de serpents aux allures minérales de pierres précieuses. Lors de son exposition à la galerie Alain Blondel en 1981, notre œuvre magistrale est accompagnée d’un court poème de l’artiste :

 

 « O capricieuse femme enclose dans le mal !

Le serpent doit lui seul s’approcher de ta bouche,

et confident secret de ton désir farouche

Bercer ton triste cœur et ton rêve infernal[2] »

 

Malgré l’éloquence de ses vers, le peintre entretient un certain mystère autour de cette iconographie singulière, en fusionnant la Cléopâtre antique à une certaine séduction baudelairienne. Surtout, il poursuit à cette époque fiévreusement cette image de femme fatale aux symboles multiples, la métamorphosant parfois en sphinx énigmatique, en courtisane ou en déesse au corps plus ou moins hermaphrodite, inspiré en ce sens par l’érotisme du peintre Frantz von Stuck. Lors de son exposition au Salon des Artistes Français de 1911, notre saisissant tableau ne manque pas de susciter, tant par son sujet que son traitement plastique, les éloges d’Arsène Alexandre : « Dans la ‘Femme aux serpents’ de M. Marcel Béronneau, il se voit une imagination aiguë et une recherche de joaillerie de peinture qui ont leur prix. Cet artiste ferait des émaux et des céramiques admirables[3]. »


[1] Alexandre, Arsène, « Le Salon d’hiver et l’école française », Le Figaro, 24 janvier 1911, p. 3.

[2] Marcel-Beronneau, in Marcel-Beronneau /1869-1937 / Peintre Symboliste, Paris, Galerie Alain Blondel, juin 1981.

[3] Alexandre, Arsène, « Les Salons de 1911 », Le Figaro, 29 avril 1911, p. 4.

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