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GAULLE Charles de.
Manuscrit
Estimation :
20 000 € - 25 000 €
Vendu :
62 976 €

Description complète

GAULLE Charles de.
Manuscrit

Important récit de sa campagne en Pologne pour la défendre contre la cavalerie rouge du général Boudienny.

Ce récit a été publié, sous l’anonymat d’« un Officier français », dans la

Revue de Paris du 1er novembre 1920 (p. 35-52).

Le manuscrit, à l’encre noire, présente d’importantes ratures et corrections, à l’encre ou au crayon. Ce journal ou « carnet de campagne » comprend XVI entrées, chacune correspondant à un jour, du 1er juillet au 26 août 1920.

 

Il commence par le retour en Pologne, le 1er juillet : « Me voici revenu de France et, dès mes premiers pas hors de la “Gare de Vienne”, j’éprouve quel changement profond les graves événements de ce mois ont imprimé sur tous les traits. Varsovie ! Je commence à vous connaître, car voici plus d’un an que j’observe votre visage ! Au printemps de l’année dernière, j’ai vu Varsovie soulevé d’enthousiasme. La Mission militaire française du général Henrys et l’armée franco-polonaise du général Haller arrivaient en Pologne. […] Et puis, au long des mois, le visage de Varsovie s’assombrit. De la guerre, nul ne voyait la fin »… De Gaulle dit les inquiétudes des Polonais, la « détresse économique », et l’espoir renaissant au printemps après l’offensive de Kiew.


Le 4 juillet, il décrit une « cérémonie patriotique » en l’honneur des volontaires.

 

8 juillet : « Les nouvelles du front sont de plus en plus mauvaises. Le front Nord (au nord du Pripet) ne présente plus aucune consistance : des deux armées qui le composent, l’une, qui vient de perdre Vilna, bat en retraite sans combattre et dans la plus extrême confusion. L’autre, sans cesse débordée par le repli de sa voisine, ne cesse point de reculer. […] Cette fois la lutte est portée sur le territoire vraiment national. […] Nous, officiers de la Mission militaire, nous suivons les événements décisifs avec un intérêt passionné, le cœur rongé de n’y pouvoir prendre une part directe »…

Il relate des conversations avec des officiers, et dit l’espoir que les Polonais fondent en la France : « La France est redevenue pour l’Europe le bras puissant et désintéressé, que l’on invoque dans la détresse »…

 

16 juillet. « Voici venu l’ordre tant attendu : le gouvernement français autorise ses officiers à prêter leur concours direct pour la défense du territoire polonais. Le général Henrys ne se le fait pas dire deux fois. La nuit même, il part pour le front et il détache un certain nombre d’entre-nous auprès de chaque unité importante. Je fais partie de ces favorisés, j’accompagne le général B. qui doit donner ses conseils au front du Sud »…

 

Suit le récit des premiers combats contre les cosaques de Boudienny…

 

17 août : « L’offensive a commencé brillamment. Le groupe de manœuvre, que commande le chef de l’État, Pilsudski, rassemblé entre Srangorod et Chelm, avance rapidement vers le Nord. L’ennemi, complètement surpris de voir tomber dans son flanc gauche les Polonais qu’il croyait désespérés, ne résiste sérieusement nulle part, fuit en désordre de tous côtés, ou capitule par régiments entiers. En même temps d’ailleurs l’effort des Russes sur Varsovie s’est brisé sur les tranchées qu’enfin nos alliés ont consenti à creuser, tandis qu’une armée de manœuvre, préparée par le général Haller, à l’abri des défenses de la capitale, en sort brusquement par le Nord et court à la frontière prussienne pour couper la retraite a l’ennemi aventuré jusqu’à Thorn »… Etc.

 

20 août. « Oui : c’est la victoire, la complète, la triomphante victoire. Des autres armées russes qui menaçaient Varsovie, il ne reviendra pas grand’chose. Si vite qu’elles battent en retraite, les Polonais les devancent et gagnent leurs derrières. L’ennemi est dispersé par bandes dans les bois où on le cueille »… Etc.


26 août. « Le général B. rentre à Varsovie, sa tâche terminée. Tout le long de la route, où gisent de loin en loin des podwodas brisées et des chevaux morts, les paysans nous tirent leur chapeau. […] Voici la capitale enfin, que traverse justement un cortège interminable de prisonniers. La foule gronde d’une joie contenue. Dans les yeux de ce peuple on sent la juste fierté de la première grande victoire nationale remportée par la Pologne renaissante. […] La foule qui voit nos uniformes poussiéreux s’avance autour de nous. De toutes ces poitrines monte un cri : “Vive la France” ».

 

Et il conclut : « La France ! Ah ! Nous ne l’avons pas oubliée. Mais de l’entendre acclamer ici, nous la sentons tout à coup présente. La France ! Elle était ici avec nous, ardente, sage et résolue. Nous nous regardons du même regard. Et, soudain, chacun des Français qui sont là, frissonnants d’un enthousiasme sacré, sent battre contre son cœur d’homme qui passe, le cœur éternel de la Patrie. »


On joint le tapuscrit (double carbone, 17 pages grand in-4). Traces de trombone, avec déchirure dans la partie supérieure ; pliures.

 

Articles et écrits (Plon, 1975), p. 33-55. Le Fil de l’épée et autres écrits

(Omnibus/Plon, 1994), p. 565-583.



Provenance :
– Charles de Gaulle (1890 – 1970) ;
– Puis Philippe de Gaulle (1921 – 2024) ;
– Puis descendance.

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