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GAULLE Charles de.
2 L. A. S., 14 et 24 février 1916, à sa mère Jeanne de Gaulle ; 4 pages in-12 chaque.
Estimation :
6 000 € - 8 000 €
Vendu :
20 992 €

Description complète

GAULLE Charles de.
2 L. A. S., 14 et 24 février 1916, à sa mère Jeanne de Gaulle ; 4 pages in-12 chaque.

Correspondance entre le capitaine Charles de Gaulle et ses parents avant et pendant la bataille de Verdun lors de laquelle il est blessé puis capturé par les Allemands. Il sera porté disparu et cité le 7 mai 1916 à l’ordre de l’armée.


14 février. Il commence par évoquer l’état physique et moral de ses troupes : « Nous sommes actuellement au repos à une très petite distance du front, mais nous devons à bref délai nous en écarter davantage pour aller passer une quinzaine de jours dans une sorte de camp d’instruction. Là nous pourrons reprendre en main nos unités un peu abruties par un séjour de tranchées très prolongé. Enfin nous serons conduits réellement à l’arrière pour nous refaire matériellement et nous grandir moralement. […] Si j’ai eu, et si je continue d’avoir lieu de pousser de profonds soupirs à propos de l’expédition de Salonique, je n’ai au contraire que des éloges à formuler pour la ténacité et pour l’habileté énergique qui nous ont permis de transporter à Corfou l’armée serbe. Et la gloire en revient uniquement à nous Français, car les Italiens se sont montrés dans la circonstance, comme dans toutes les autres, d’un égoïsme féroce. Comme les Serbes ne sont pas des Belges, j’espère que nous arriverons à refaire quelque chose de leurs bataillons disloqués »…

 

24 février. Lettre écrite pendant la bataille de Verdun. Il s’agit de la dernière lettre avant la blessure de Charles de Gaulle et sa captivité. « L’ennemi se décide donc à nous attaquer une dernière fois. Il va le faire de toute la vigueur d’un commandement résolu, d’une infanterie très énergique, et de moyens matériels puissants. Ma conviction, au début de la furieuse bataille qui s’engage, est que l’ennemi va y éprouver une ruineuse et retentissante défaite. Sans doute, il nous prendra des tranchées et des positions un peu partout, quitte à les perdre plus tard ; sans doute ses coups seront durs, et il faudra faire appel à toutes les ressources morales et matérielles de nos armées pour les supporter sans faiblir ; mais notre succès n’est pas douteux, pour ces bonnes raisons que nous sommes bien résolus à vaincre, quoi qu’il doive nous en coûter, et que nous en avons les moyens ». Il prévient sa « bien chère Maman » : « Ne vous alarmez pas si dans les jours et les semaines qui vont suivre, vous ne recevez de moi que des nouvelles irrégulières. Je vous en enverrai sans doute le plus souvent possible, mais vous savez que dans les périodes de crise et de mouvements de troupes, les correspondances du front sont fort aléatoires »…


LNC, I, p. 257 à 259.


On joint 4 L. A. S. de Jeanne de Gaulle à son fils Charles, Paris 26 février-13 mars 1916 (20 pages in-12). – 26 février, évoquant « les événements qui commençaient seulement à se dessiner lorsque tu écrivais ont pris une tournure bien grave, aussi craignons nous que tu aies été appelé à ce poste de péril et d’honneur que tu entrevoyais. Cette éventualité augmente encore et de beaucoup nos terribles anxiétés. […] Si l’effort allemand est brisé ce sera bien la preuve que l’ennemi ne peut plus rien sur notre front, mais s’il arrivait à prendre Verdun il pourrait alors concevoir tous les espoirs, il serait prouvé qu’il peut tout du moment qu’il y met le prix. Naturellement cela lui donnerait une force morale énorme ». Elle termine sa lettre en donnant à Charles des nouvelles de ses frères Xavier et Jacques et conclut : « Au revoir, mon très cher enfant, je ne doute pas que tu sois bien en règle avec ta conscience ; que le bon Dieu et la Ste Vierge te protègent ! Nous te bénissons ton père et moi ». – 29 février. « Où es tu mon petit Charles ? […] nous sommes bien anxieux car tu nous laissais entendre que tu pouvais d’un moment à l’autre être engagé dans la bataille qui commençait ; depuis, cette bataille a pris une ampleur et un caractère d’acharnement qu’on ne pouvait prévoir, alors, où s’arrêtera-t-elle ? Dans quelle angoisse nous vivons et pour notre pays et pour toi ! »… – 9 mars. « Les journaux sont pleins de vos gigantesques et hélas ! très sanglants combats et nous te cherchons cent fois par jour sans pouvoir te situer ; es-tu au centre, à l’Est ou à l’Ouest ? C’est d’ailleurs partout le même acharnement de l’ennemi à nous enlever nos positions et le même héroïque effort de nos troupes pour les garder. Que Dieu leur vienne en aide et ne permette pas l’insolent triomphe des Allemands ! Ce qu’ils ont pris ils le doivent à leur formidable artillerie qui paraît malheureusement bien supérieure à la nôtre et à leurs chemins de fer qui sonts également beaucoup mieux organisés. Espérons que votre héroïsme leur en fera perdre le bénéfice. Nous attendons anxieusement par chaque courrier un mot de toi qui nous rassurer […] Nous sommes très fiers de nos fils et nous demandons instamment au bon Dieu de nous les garder pour être après la guerre les instruments de relèvement moral et matériel de la France »… – 13 mars.» Nous sommes sans nouvelles de toi depuis ta carte datée du 1er Mars et tu as eu beau nous recommander de ne pas nous alarmer des retards, nous sommes très inquiets »… Elle termine en donnant de bonnes nouvelles de Jacques et de Xavier qui a reçu la croix de guerre et a été cité à l’ordre de la brigade d’artillerie.



Provenance :
– Charles de Gaulle (1890 – 1970) ;
– Puis Philippe de Gaulle (1921 – 2024) ;
– Puis descendance.

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