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GAULLE Charles de.
4 L. A. S., 11, 17, 19 et 28 janvier 1915, à sa mère Jeanne de Gaulle à Paris ; 1 page in-12 à l’encre avec adresse au verso (carte de Correspondance des Armées de la République), et 8, 2 et 1 pages in-8.
Estimation :
5 000 € - 6 000 €
Vendu :
27 552 €

Description complète

GAULLE Charles de.
4 L. A. S., 11, 17, 19 et 28 janvier 1915, à sa mère Jeanne de Gaulle à Paris ; 1 page in-12 à l’encre avec adresse au verso (carte de Correspondance des Armées de la République), et 8, 2 et 1 pages in-8.

Quatre lettres du front à sa mère.


Secteur 137, 11 janvier. « Nous sommes ici dans une mer de boue, aussi y a-t-il pas mal de malades. Avant-hier combat assez dur où le Régiment a perdu quelques plumes (5 officiers et 300 hommes). Les Allemands sont bien retranchés, mais nous les aurons quand même. Le Colonel Claudel a quitté le commandement du Régiment pour prendre une Brigade. Nous sommes commandés par le lieutenant-colonel Boudhors dont je demeure l’adjoint. À part cela tout va bien. Il faut que cette guerre finisse à notre avantage »…

 

17 janvier. Il est au repos : « nous en avions besoin après trois semaines passées dans une boue effroyable et un combat où nous avons laissé quelques plumes. Le Régiment ne contient plus que bien peu d’officiers, car outre ceux que nous perdons au feu, il y en a de plus en plus qui tombent malades, ne pouvant supporter cette existence fort dure il est vrai, physiquement et moralement. […] Et pourtant, il n’y a pas à dire, il faut absolument tenir le coup ». Il pensait « que le général Joffre allait prendre sur toute la ligne une offensive décisive, et son succès ne nous semblait pas douteux. Mais il n’en a encore rien fait. Beaucoup d’actions de détail, toujours très âpres, il est vrai ; mais pour des raisons de nous inconnues, aucune action d’ensemble encore. Du reste, les terrains sont dans un tel état, surtout par ici, qu’il y a pour le moment de très grosses difficultés de ce fait à des actions de grosses forces. Mais la boue séchera, et alors nous verrons bien. Les Russes sont actuellement sur tout leur front aux prises avec des difficultés du même ordre et plus considérables encore. Mais là aussi, tout cela aura une fin ».

Le colonel Claudel, qui l’avait pris pour adjoint, « a passé comme un météore […] Après le combat du 9 janvier où nous avions attaqué, du reste sans grand résultat, un ennemi très fortement retranché, j’ai été proposé pour une citation à l’ordre de l’Armée. Mais cette citation n’a pas encore paru, car il faut au moins une quinzaine de jours, — à condition bien entendu qu’elle me soit accordée. Quant à mon troisième galon, je prends patience. […] si je continue de vivre, la guerre obligera bientôt impérieusement à des nominations de gens tout jeunes, car ici, les vieux ne restent pas. Tout cela du reste a bien peu d’importance générale. Il me semble désormais probable que le printemps va apporter à l’Allemagne et à l’Autriche de nouveaux ennemis. Sans doute la Roumanie et l’Italie se décideront-elles à marcher. La guerre ne serait pas finie pour cela d’ailleurs, car nous avons à faire à un ennemi acharné au point de jeter dans la balance son dernier homme et son dernier sou ; mais du moins recevrait-elle une décision certaine et plus rapide. Dans tous les cas, je ne tiens d’aucune façon à voir les Japonais débarquer chez nous : ce serait trop humiliant ! Du reste nous n’en avons aucun besoin du moment que nous prenons notre courage à deux mains et que nous nous décidons aux suprêmes sacrifices pour arracher l’ennemi de ses positions et le poursuivre »…

 

19 janvier. « La neige tombe aujourd’hui à gros flocons. Elle nous laisse indifférents, mais nous souhaitons qu’elle amène une forte gelée permettant de sortir de la boue effroyable où nous pataugeons au grand dommage de notre offensive ». Il a été « cité à l’ordre de la Division. J’espérais un peu l’être à l’ordre de l’armée, mais par malheur, le 33e était pour le combat du 9 janvier rattaché à un autre corps d’armée que le sien. Il s’en est suivi que ce corps d’armée-là nous a naturellement fort peu appuyés, et qu’on n’a cité à l’ordre de l’armée pour cette affaire que les officiers tués à l’ennemi. Telle qu’elle est, cette récompense m’est cependant très sensible »…

 

28 janvier. « Nous sommes je crois à la veille de très importants événements militaires. Voyons-les venir avec calme et résolution. Il s’agit cette fois je crois d’une vigoureuse offensive. Tout ira très bien.


LNC, I, p. 129-133.

Provenance :
– Charles de Gaulle (1890 – 1970) ;
– Puis Philippe de Gaulle (1921 – 2024) ;
– Puis descendance.

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