En bronze ciselé, patiné et doré, les figures d’Amour et de Psyché surmontées d’un bouquet de lys et d’épis de blé d’où s’échappent trois bras de lumière terminés par des têtes d’égyptiennes, reposant sur des bases en marbre rouge griotte ornées d’une frise à motif de putti et d’une guirlande de laurier, les contre socles à motif de feuilles d’eau et de perles
H. : 92 cm (36 ¼ in.)
l. : 41 cm 16 ¼ in.)
Provenance :
Ancienne collection des comtes de Essex à Cassiobury Park, Watford (cfr. Fig. 1);
Vente Knight, Frank & Rutley, les 12-19 juin 1922, lot 283 ;
Ancienne collection Gustave Leven (1914-2008) ;
Vente Sotheby’s Paris, le 9 novembre 2012, lot 219 (€ 162 750) ;
Acquis au cours de cette dernière par le propriétaire actuel.
Bibliographie comparative :
P. Hughes, The Wallace Collection Catalogue of Furniture, London, 1996, vol. III, p. 1271.
H. Ottomeyer, P. Pröschel et al., Vergoldete Bronzen, Munich, 1986,
Vol. I, p. 282, Fig. 4.14.3.
A pair of Louis XVI gilt and patinated bronze three-light candelabra, the figures after Etienne Maurice Falconet (1716-1791), the mounts attributed to François Remond (1747-1812)
Les figures de Falconet, réalisées en biscuit à la manufacture de Sèvres, furent reprises en bronze et utilisées tant en groupes isolés qu’en décoration de candélabres. Le nom du fondeur des figures d’enfants reste inconnu ; en revanche, le travail réalisé sur les bras de lumière et les bases est attribué à François Rémond.
Cette attribution, avancée par C. Baulez et P. Hughes, repose sur la similitude avec d’autres pièces réalisées par Rémond, en particulier la paire conservée à la Wallace Collection de Londres (P. Hughes, The Wallace Collection Catalogue of Furniture, London, 1996, vol. III, p. 1271) et la paire achetée par le comte Stroganoff directement chez le marchand-mercier Dominique Daguerre en 1785. Cette dernière est restée dans la descendance de la famille du comte jusqu’à la vente organisée par Lepke à Berlin les 12-13 mai 1931, lots 156-157 (puis vente Christie’s Londres, le 19 mai 1983, lot 34, ancienne collection Riahi, le 2 novembre 2000, lot 24 et enfin vente Christie’s New York, le 21 juin 2012, lot 1200).
Sur le modèle de la Wallace Collection, les bras à larges cannelures torses sont caractéristiques du style de Rémond.
Appartient à ce même groupe :
- La paire probablement fournie par Daguerre pour Orlando Bridgeman, 1er comte de Bradford, pour sa résidence de Weston Park, dans le Shropshire, où elle est encore conservée aujourd’hui (cfr. Fig. 2).
- La paire fournie par Daguerre pour le 1er comte de Harewood, toujours conservée à Harewood, dans le Yorkshire (cfr. Fig. 3).
- La paire de l’ancienne collection Paul Dutasta (cfr. Fig. 4), vendue à Paris, les 3-4 juin 1926, lot 95.
Notre paire de candélabres, avec une composition des bras de lumière plus sophistiquée, semble s’inscrire entre le modèle de ce premier groupe et celui vendu chez Christie’s New York, le 22 mai 2002, lot 469 (cfr. Fig. 5). En effet, on retrouve de nettes réminiscences dans la composition des bras, avec des cannelures prononcées et des enroulements de rinceaux, mais la terminaison des bras de lumière prend la forme d’un buste de femme égyptienne, alors qu’il est « à l’antique » sur la paire de New York.
Comme précisé précédemment, le modèle a été assez largement décliné. Il existe plusieurs variantes de bras de lumière, tandis que les bases ont généralement conservé la même forme, seule la variété du marbre variant parfois d’un modèle à l’autre. À cette époque, on retrouve couramment l’utilisation du rouge griotte ou du bleu turquin pour le marbre. Une paire de candélabres presque identique (base en marbre bleu turquin) a été vendue à Paris, Drouot Montaigne, étude Ader, Picard, Tajan, le 22 novembre 1987, lot 214, puis chez Sotheby’s Londres, le 13 juin 1997, lot 61 (cfr. Fig. 6).
CASSIOBURY HOUSE : RÉSIDENCE DES COMTES DE ESSEX
La rareté de notre modèle est accentuée par sa provenance prestigieuse, jusqu’alors inconnue. En effet, ces candélabres faisaient partie des collections des comtes de Essex à Cassiobury House, le siège ancestral de la famille situé dans le comté anglais du Hertfordshire.
Cassiobury House (fig. 7), bâtie dans le style Tudor au XVIe siècle, a subi d’importants travaux de réaménagement intérieur à la fin du XVIIIe siècle sous l’impulsion du 5e comte de Essex qui en confia la rénovation à l’architecte James Wyatt. La demeure abrita alors une importante collection de tableaux de Van Dyck, Canaletto, Gainsborough, Reynolds, ainsi que de nombreuses pièces de mobilier anglais et français, parmi lesquelles la paire de candélabres que nous présentons.
Le contenu de Cassiobury House suivit le destin de nombreuses grandes demeures seigneuriales anglaises. À la suite de la mort du 7e comte en 1916, son fils et sa veuve furent contraints de démanteler la maison et de vendre son contenu lors d’une grande vente aux enchères organisée par Knight Frank & Rutley du 12 au 19 juin 1922.
Les candélabres, présentés sous le numéro de lot 283 (cfr. Fig. 7) et, fait rare pour l’époque, illustrés dans le catalogue, étaient décrits ainsi :
« A pair of Louis XVI ormolu CANDELABRA, in masks, wheat-ears, flowers and foliage, supported by bronze figures of Cupid and Psyche, after Falconet, on rouge marble bases, with ormolu bas-reliefs and festoons. »
Ils étaient placés sur la cheminée de la grande galerie, sous le tableau de Joshua Reynolds représentant le 5e comte de Essex et sa sœur. Lors de la vente, le tableau fut acquis par le Metropolitan Museum de New York, où il est encore exposé aujourd’hui.