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Attribué à Lucas CRANACH l'Ancien ou son atelier Kronach, 1472 - Weimar, 1553
Salomé
Estimation :
80 000 € - 120 000 €
Vendu:
144 320 €

Détails du lot

Salomé
Huile sur panneau, parqueté (fragment modifié dans ses dimensions)

Porte une date '1549' et l'insigne de l'artiste au dragon sur le côté droit

(Restaurations)


Salome, oil on panel, attr. to L. Cranach the elder or his workshop

21.25 x 18.70 in.

47.5 cm x 54 cm
Provenance :

Parvient à Gotha comme partie de la dot de la duchesse Elisabeth Sophie de Saxe-Altenburg (1619-1680) ;

Kaufhaus, Gotha, en 1644 (inventaire 1644, fol.31) ;

Dans le Kunstkammer, Gotha, depuis 1656 (inventaire 1656, fol. 1, N° 5][1) ;

Galerie Ernst Buck, Mannheim, en 1936 (le panneau sera ensuite découpé en deux fragments) ;

Chez Pieter de Boer, Amsterdam, en 1937 ;

Acquis auprès de ce dernier en 1972 par le père de l'actuel propriétaire (comme Lucas Cranach le Jeune, Portrait de Sibylle de Saxe) ;

Puis par descendance ;

Collection particulière, Ile-de-France

Bibliographie :

Gustav Parthey, Deutscher Bildersaal. Verzeichnis der in Deutschland vorhandenen Oelbilder verstorbener Maler aller Schulen, Berlin, 1863-1864, p. 699, n° 5

Catalogue des tableaux anciens, Amsterdam, Kunsthandel, Pieter de Boer, printemps-été 1937, n° 5 (comme Lucas Cranach le Vieux)

Gotteswort und Menschenbild. Werke von Cranach und seinen Zeitgenossen, Gotha, Stiftung Schloss Friedenstein, 1994, p. 52

Ernst der Fromme (1601-1675), Bauherr und Sammler. Katalog zum 400. Geburtstag Herzog Ernsts I. von Sachsen-Gotha und Altenburg, Gotha, Gotha Kultur, Allmuth Schuttworf, 2001, n° 1. 19

Joachim W. Jacoby, “Der Monogrammist CR: Cyriakus Reder und Christian Richter”, Niederdeutsche Beiträge zur Kunstgeschichte, 41, 2002, p. 197-212.

Bild und Botschaft. Cranach im Dienst von Hof und Reformation, Herzogliches Museum; Kassel, Gemäldegalerie Alte Meister, Schloss Wilhelmshöhe, 2015, p. 278-279, n° 9, pl. p. 279

Commentaire :

L’épisode de Salomé est raconté dans les évangiles de Marc (6 : 17-28) et de Mathieu (14 : 3-11). Son iconographie est largement répandue dans l’histoire de la peinture. Lucas Cranach l’Ancien l’utilise à de nombreuses reprises : pour figurer l’expression de la « femme fatale », provocatrice du péché, mais également pour illustrer la transgression souveraine de la tyrannie catholique, deux thèmes qui plaisent à son rigorisme protestant.

A l’origine, notre panneau constitue très probablement la partie supérieure d’une composition représentant Salomé tenant la tête de saint Jean-Baptiste, et dont la partie inférieure1 serait conservée au château de Friedenstein à Gotha. Au-delà de l’évidente proximité stylistique qui relie les différentes parties de la robe aux manches à crevés noires et rouges, plusieurs éléments soutiennent cette hypothèse. D’une part, une fois ses parties réunies, les dimensions du panneau atteindraient environ 87 x 57 cm s’il n’avait pas été découpé sur tout son pourtour, ce qui correspond à un format standard que Cranach et son atelier utilisent entre 1520 et 1535. D’autre part, la comparaison du réseau de craquelures et l’étude du dessin sous-jacent ainsi que du médium, obéissent aux mêmes conclusions.

En 1936, le tableau est vendu à Mannheim dans la galerie Buck, puis malheureusement scindé. La tête de Salomé et celle de saint Jean-Baptiste connaissent alors une destinée toute différente. Notre composition aborde l’aspect d’un charmant portrait (présumé être celui de Sibylle de Saxe), sciemment éloigné de la redoutable Salomé biblique. Si le panneau de Gotha conserve son fond noir original, celui du morceau que nous présentons ici est maladroitement modifié entre 1936 et 1972, laissant apparaître une sous-couche blanche craquelée. Le parquet plat ajouté au dos du panneau l’éloigne encore davantage de son pendant inférieur.

Il reste à espérer que puissent être un jour réunis ces deux fragments d’une même histoire, pour que l’ensemble des questions posées par leur séparation soient résolues dans l’intérêt de la Salomé originale, et de l’histoire de l’art. 



L'œuvre figure sur la Cranach digital archive sous la référence : PRIVATE_NONE-P280.


1 - Référencée dans la Cranach digital archive sous la référence : DE_SMG_SG303

2 - Timo Trümper, Bild und Botschaft. Cranach im Dienst von Hof und Reformation, Heidelberg, 2015, pp. 278-279, n° 99.


Nous remercions le Pr. Gunnar Heydenreich de nous avoir aidé pour l’attribution de ce panneau par un examen de visu en date du 7 octobre 2024, ainsi que pour celle apportée à la rédaction de cette notice. Heydenreich attribue ce panneau à l'atelier de Lucas Cranach l'Ancien ou à un successeur dans un rapport écrit en date du 21 octobre 2024 (disponible sur demande).

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