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Mattia PRETI (1613 - 1699)
Le fils prodigue
Estimation :
300 000 € - 500 000 €
Vendu:
393 600 €

Détails du lot

Le fils prodigue
Huile sur toile


The Prodigal Son, oil on canvas, by M. Preti

Provenance :

Vente anonyme ; Milan, Finarte, 15-16 mai 1962, n° 67

Bibliographie :

John T. Spike, 'Mattia Preti. Catalogue raisonné of the paintings', Taverna, 1999, p. 387, n° 374

Commentaire :
Ce tableau est notifié et ne peut quitter le territoire italien. Il sera vendu sur désignation et exposé dans les bureaux d'Artcurial Milan, Corso Venezia 22, du 3 au 24 mars 2022.

Datée par John T. Spike vers 1640, cette grande toile au format majestueux correspondant aux plus grandes collections du Seicento est une confrontation heureuse entre une parabole du Nouveau Testament (Lc 15, 11-32) et le monde contemporain de Mattia Preti. L'artiste a construit sa toile en deux parties, celle de droite retraçant la scène biblique dont une interprétation différente par Preti lui-même est passée dans nos salles en 20151 et la scène de gauche représentant un jeune garçon tenant une paire de souliers aux talons rouges et deux membres de la maison du père de famille, tant concentré sur les retrouvailles avec son fils. Allégorie du pardon et illustration de l'amour filial indéfectible, le retour du fils prodigue résonne de façon intemporelle dans l'esprit de chaque membre d'une famille. Les talons rouges, souvent associés au pouvoir2, renforcent cette idée que malgré ses errances le fils qui revient est en position de devenir le futur patriarche. Le thème du retour du fils prodigue revient régulièrement dans l'œuvre de Preti et le peintre a élaboré de grands formats avec de nombreux personnages en pied sur ce sujet (Le Mans, musée de Tessé ; Naples, Musée de Capodimonte ; Reggio Calabria, Musée), avant de réaliser des tableaux avec un nombre limité de figures à mi-corps, retournant au cadrage et à l'exemple direct, profondément humain, du Caravage.
Originaire de Calabre, Mattia Preti se forme à Rome dans les années 1630. Il fait la synthèse de deux courants antagonistes, recueillant l'héritage du Caravage et de ses suiveurs, d'une part, et adoptant la technique plus libre des artistes néo-vénitiens, Pier Francesco Mola, Pietro Testa ou le jeune Nicolas Poussin, d'autre part. Auteur de grands cycles à fresques à Rome (Sant' Andrea della Valle), à Modène (San Biagio), il voyage à Venise vers 1645. Durant ces séjours, il assimile et réinterprète l'exemple de ses prédécesseurs, Guerchin, Reni, Rubens, Lanfranco, Véronèse. Au cours des sept années qu'il passe à Naples, de 1653 à 1660, il transforme profondément la tradition de cette ville. Une heureuse émulation réciproque avec Luca Giordano régénère le style des deux artistes. Puis, Preti s'établit pour les quarante dernières années de sa vie à Malte, où il décore la cathédrale Saint-Jean de la Valette et continue à peindre de nombreux retables ou des tableaux de galerie pour des amateurs, tant pour la demande locale qu'à l'exportation vers le continent.

Nous remercions Monsieur John T. Spike de nous avoir aimablement confirmé la pleine attribution de ce tableau à Mattia Preti d'après des photographies haute définition. Il sera inclus dans son supplément au catalogue raisonné de l'artiste. La copie d'un avis en date du 14 mars 2022 sera remise à l'acquéreur.

1. Vente anonyme ; Paris, Artcurial, 27 mars 2015, n°166 (vendu 187 800€).
2. Depuis l'Empire romain puis byzantin, le rouge, couleur difficile à obtenir, est associé au pouvoir et les chaussures de cette couleur distinguaient les hauts dignitaires. Cette couleur de chaussures fut par ailleurs reprise à la fois par le sultan après la pris de Constantinople en 1453 mais aussi par les papes jusqu'à Benoît XVI.

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