Commentaire :
" Les terres cuites de M. Léopold Harzé sont de spirituels tableaux de genre, à qui manque la couleur, mais qui en revanche ont le relief. Ce sont de petites scènes d'intérieur, dont l'idée est très simple, et qui pourraient se transporter facilement sur la toile, sans qu'on eût rien à changer dans la disposition du moindre accessoire1 ". Les mots simples mais si justes du critiques de l'Exposition Universelle de 1867 démontrent à quel point la statuaire de Léopold Harzé est singulière. La grande réussite de l'artiste liégeois réside dans cet extrême réalisme des scènes représentées, teintées d'un humour fin et accessible. Le public ne s'y est pas trompé puisqu'à en croire les commentateurs de l'époque, la foule afflue autour de ses œuvres lors de leur présentation à Paris en 1867 : " Allez-vous-en dans la section belge des beaux-arts : vous n'aurez pas besoin de demander où sont les terres cuites de Léopold Harzé, la foule vous y conduira. Un public, incessamment renouvelé, se presse autour de la table qui les supporte. Toutes les têtes se penchent pour mieux voir : on se récrie d'admiration et de joie² ".
La sculpture que nous présentons en vente fut indéniablement celle qui fut la plus plébiscitée, tant pour son humour que pour la technique virtuose dont fait preuve l'artiste. La posture humoristique de l'artiste est claire, le choix du titre en atteste. Les détails satiriques sont innombrables et l'œil s'amuse à passer de l'un à l'autre. La meilleure description qui peut en être faite, aussi amusante que l'objet en lui-même, fut l'œuvre du critique Alfred Micha dans un article sur Harzé : " La scène se passe dans un atelier : une vieille douairière, caparaçonnée comme un cheval de kermesse, pose devant un jeune peintre qui a mission de conserver à la postérité les traits augustes et ratatinés de son modèle. La pauvre vieille, coquette encore, rassemble ses plus victorieux sourires tandis que l'artiste, fatigué d'une nuit de carnaval, s'est endormi sur son chevalet, derrière la toile, sans que le modèle puisse s'en apercevoir3 ".
1. Fr. Sarcet, 'op. cit.', p. 355.
2. 'Ibid.'
3. A. Micha, 'op. cit.'