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Talbot Lago T26 Record Cabriolet par Saoutchik - 1948
Talbot Lago T26 Record Cabriolet par Saoutchik - 1948
Estimation :
120 000 € - 150 000 €
Vendu:
725 000 €

Détails du lot


Vendue sans titre de circulation
Châssis n°100272

- Un fabuleux projet de restauration
- Carrosserie Saoutchik unique aux lignes spectaculaires
- Dans les mains de Roger Baillon depuis 1952
- Vendue neuve à Salah Orabi et à la Princesse Nevine Abbas Halim d'Egypte

Le châssis n°100272 Talbot Lago T26 Record appartient à l'une des trois monumentales sorties de granges Saoutchik de la collection de Jacques Baillon. La présence de cette voiture particulièrement rare est d'autant plus remarquable qu'on la croyait perdue. Elle fait partie des 208 exemplaires T26 Records construites en 1948 et présente les mêmes spécificités mécaniques, châssis et puissance de moteur que la Talbot Lago T26 n°100239 également présentée dans la vente.
La plupart de ces voitures reçurent l'un des nombreux modèles de carrosseries d'usine que fabriquait Talbot. 100272 est l'un des rares cas où un châssis Record a été envoyé chez un célèbre carrossier pour recevoir une carrosserie exclusive. Le prix du châssis seul atteignait la somme astronomique de 1.165.000 francs en 1948. Saoutchik facturait entre 2,5 et 3 millions de francs pour une carrosserie de cabriolet complète. Une fois livrée, le prix de départ pour la 100272 devait approcher les 4 millions de francs, bien plus que ce qu'il fallait pour acquérir 10 Citroën Traction Avant !

En 1938, Pierre Saoutchik travailla sur le design de la fameuse Hispano-Suiza Xenia, commandée par André Dubonnet actuellement au Mullin Automotive Museum en Californie. Ce travail fut un tournant décisif pour lui et, quand il prit la tête du design à la Carrosserie Saoutchik en 1946, son style initial avait comme source d'inspiration la Xenia. Ceci est très visible sur de nombreux détails esthétiques de la voiture n°100272 avec : le capot pointu et sa calandre en forme de nez de requin, une aile avant de forme arrondie avec phares intégrés et phares anti brouillard, les gracieuses ailes arrières entièrement carrossées, et enfin la partie arrière longue et inclinée.

100272 fut l'objet d'une promotion considérable à l'époque, comme au Salon de Paris d'octobre 1948 où de nombreux journaux français contenaient des photos de cette voiture incroyable. Une photo en particulier mérite notre attention : éditée en couleur, la photo montre la bichromie subtile et impeccable du gris d'origine avec un bleu nuit, le tout complété par un intérieur en cuir reprenant à l'identique le ton bleu. Le nouveau propriétaire n'aura donc pas de problème pour remettre la voiture dans ses couleurs d'origines.

Cette Talbot 100272 était appelée " la Farouk " au sein de la famille Baillon parce qu'il a longtemps été présumé qu'elle avait été achetée neuve par le Roi Farouk d'Egypte. Pourtant, les recherches récentes attribuent la première propriété de la voiture à Son Excellence Salah Bey Orabi du Caire ; " Bey " étant un titre de noblesse arabe équivalent au " Sir " anglais. Salah Orabi était marié à la Princesse Nevine Abbas Halim, membre de la Famille Royale Egyptienne, fille du Prince Abbas Halim et arrière-arrière-petite-fille de Mohamed Ali Pasha. Le couple vécu une vie plaisante faite de privilèges parmi la jet set internationale, mais tout s'effondra quand le Roi Farouk fut renversé pendant la Révolution Egyptienne de juillet 1952 et forcé d'abdiquer. Ils furent alors contraints à l'exil. La Princesse Nevine Abbas Halim est toujours vivante et partage son temps entre l'Egypte et Paris.

Le 29 novembre 1954, à 13h30, une audience devant le Tribunal de Commerce du Département de la Seine opposait Jacques Baillon, demandeur, à Jacques Saoutchik, défendeur. En mai 1952, Baillon acheta 100272 à la Carrosserie Saoutchik via l'entreprise Pax Garage qui agit comme l'intermédiaire de la transaction. Le coût s'éleva à 650 000 francs, plus 26 000 francs pour la livraison et l'obtention d'une immatriculation française. Il semble en effet, que la Princesse Nevine Abbas Halim sentit qu'un conflit couvait en Egypte, elle exporta n°100272 en France peu de temps avant le coup d'état, où la voiture fut vendue à Saoutchik.

Le 29 novembre 1954, il fut jugé que Pax Garage devait rembourser Baillon, mais comme ils avaient déjà fait faillite Roger Baillon se retourna contre Saoutchik pour récupérer son argent. Là encore il était déjà trop tard, en effet, le 30 novembre 1954, le lendemain de l'audience devant le Tribunal de commerce, la Carrosserie de Luxe de Jacques Saoutchik déclara la faillite. Il faut signaler que le précieux dossier contenant tous les documents historiques de l'affaire et la correspondance entre Saoutchik et Pax Garage sont inclus dans la vente de cette voiture. Au final, Roger Baillon garda 100278. Il l'entreposa dans un abri au sous sol de son château et 100272 disparue à la vue et à la connaissance de tous. On pensa la voiture perdue jusqu'à sa découverte incroyable cette année, garée là pendant les 50 dernières années, les clés dissimulées sous les toiles d'araignées mais toujours sur le tableau de bord.

Même si 100272 a quelque peu souffert des intempéries pendant son séjour chez Roger Baillon, la voiture conserve la majorité des ces garnitures uniques et originales. Elle reste un cabriolet exceptionnel aux lignes spectaculaires promettant d'attirer l'attention de tous les passants qui croiseront sa route. La bichromie accompagnant la forme exquise de la ligne des ailes, l'élégance du bouton automatique ouvrant les portes, le toit totalement rétractable qui était la signature de Saoutchik, les motifs chromés massifs ainsi que sa large calandre, forment un ensemble sensationnel. L'opportunité d'acquérir cette automobile unique dans un tel état de préservation ne se représentera jamais. Bien que 100272 ait été recensée dans le livre Jacques Saoutchik, Maître Carrossier de Peter M. Larsen et Ben Erickson, l'émergence de cette rarissime voiture est d'autant plus extraordinaire qu'on la croyait disparue.

Une fois restaurée, 100272 deviendra l'une des Talbot d'Après-guerre les plus célèbres et les plus photographiées, si l'heureux adjudicataire choisit de la montrer. Une chose est sûre : aucun des éminents concours ne pourra refuser d'exposer 100272 sur une place d'honneur.

Peter Larsen


Unregistered
Chassis n° 100272

- Rare and powerful 4.5 liter Talbot T26 chassis
- Unique one-off Saoutchik body with dramatic lines
- In Roger Baillon ownership since 1952
- Sold new to Salah Orabi and Princess Nevine Abbas Halim of Egypte

Talbot-Lago T26 Record chassis 100272 is another of the three momentous Saoutchik barnfinds in the collection of the late Jacques Baillon. The emergence of this extremely rare car is all the more remarkable, as it was believed lost. It shares the chassis as well as its powerful engine and mechanicals with Talbot-Lago T26 100239 presented in the sale, and is one of 208 T26 Records manufactured in 1948. The vast majority of these cars were given one of a number of factory bodystyles manufactured in-house by Talbot. 100272 is one of the rare instances where a Record chassis was sent to a prominent carrossier to receive a one-off body. The price of the Record chassis alone was an astronomical 1,165,000 francs in 1948. Saoutchik charged 2,500,000 to 3,000,000 francs for a full-size convertible body. When delivered, the price of admission for 100272 would have approached 4,000,000 francs, more than enough to buy ten complete Citroën Traction Avant!

In 1938, Pierre Saoutchik had worked on the design of the famous Hispano-Suiza Xenia, commissioned by André Dubonnet, currently in the Mullin Automotive Museum in California. This work had been a watershed experience for Pierre Saoutchik, and when he took over design duties at the Carrosserie Saoutchik in 1946, his initial styles took inspiration from the Xenia. This is evident in a number of design details on 100272. This includes the pointed hood with its shark-nosed grille, the rounded front fender shapes with integrated headlamps and fog lights, the fully encased flowing rear fenders, as well as the long and sloping rear deck.
100272 received considerable publicity in period, as the October 1948 Paris Salon editions of several French periodicals carried pictures of this remarkable car. One image in particular demands attention as it is a color photo which documents the subtle and impeccable original gray over dark blue two-tone color scheme, complemented by a leather interior in an identical shade of blue. The new owner will therefore have no issues restoring the car to its original livery should he so choose.
It has been widely reported that 100272 was first acquired by King Farouk of Egypt, and it was known as "the Farouk car" in the Baillon family. However, contemporary accounts assign first ownership of the car to His Excellency Salah Bey Orabi of Cairo, where Bey was an Arabic title comparable to Sir in England. Salah Orabi was married to Princess Nevine Abbas Halim, a member of the Egyptian Royal Family, and daughter of Prince Abbas Halim as well as great-great-granddaughter of Mohamed Ali Pasha. The couple lived a charmed life of privilege in the international jet set, but everything tumbled and they became social pariahs when King Farouk was overthrown in the Egyptian Revolution in July 1952 and forced to abdicate. Princess Nevine Abbas Halim is still alive and divides her life between Egypt and Paris.

On November 29, 1954 at 1.30 p.m., there was a hearing at the Tribunal de Commerce du Département de la Seine in a case brought against Jacques Saoutchik by Roger Baillon. In May of 1952, Baillon had purchased 100272 from the Carrosserie Saoutchik via an enterprise named the Pax Garage that acted as the middleman in the deal. The cost was 650,000 francs, plus 26,000 francs in delivery costs and having French registration documents made out. It seems that Princess Nevine Abbas Halim had sensed that trouble was brewing in Egypt and exported 100272 back to France shortly before the coup, where it was sold to Saoutchik.
On November 29, 1954, the Pax Garage was ordered to pay Baillon back, but was declared bankrupt. Baillon then tried to get his money from Saoutchik. However, that was also too late. On November 30, 1954, the day after the Tribunal de Commerce, the Carrosserie de Luxe Jacques Saoutchik was declared bankrupt. It should be noted that the precious dossier containing all the historical documents of the case and correspondence with Saoutchik and the Pax Garage are included with the car. In the end, Baillon simply kept 100278. He parked it in a shed on the grounds of his Chateau, and 100272 vanished from sight and knowledge. The car was believed lost until its astounding discovery this year, looking just parked here for the last fifty years, the keys still remaining on the dashboard under the spider webs.
Although 100272 has suffered somewhat from the elements during the ownership of Jacques Baillon, the car retains the majority of its original and unique trim pieces. It remains a unique one-off cabriolet with dramatic lines guaranteed to stop any passerby in his tracks. The two-tone color scheme coupled with the exquisite sweep of the fender line, the elegant body-mounted push-button door mechanism, the completely disappearing top which was signature Saoutchik, the massive chromed scallops as well as the toothy grille combine to create a sensational ensemble unlike any other. The opportunity to acquire this unique automobile in such untouched condition will never be repeated. Although 100272 is documented in the book Jacques Saoutchik, Maître Carrossier by Peter M. Larsen and Ben Erickson, the emergence of this extremely rare car is all the more remarkable as it was believed lost.
When finished, 100272 will become one of the most famous and widely photographed postwar Talbots, should the fortuitous new owner choose to show it. One thing is reasonably certain: no prominent concours could say no to displaying 100272 in pride of place.

Peter Larsen

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