Poème autographe.
72 vers, sans date.
2 pages in-4 à l'encre noire sur un double feuillet de papier vélin.
Longue ballade poétique : une légende inventée par Guillaume Apollinaire pour séduire une jeune fille.
Ce poème fut publié dans Il y a en 1925, sous le titre " Le Trésor ". Il fut adressé par Guillaume Apollinaire à Linda Molina da Silva une jeune fille brune de seize ans, sœur de l'un de ses amis, à qui il fit en 1901 une cour aussi assidue que vaine.
Cette ballade dans le style moyen-âgeux conte la légende d'une princesse changée en trésor caché sous terre par une fée ennemie.
Mais la fée de la mousse lui fait cette prophétie : " Par un homme jeune et fidèle / Seront sauvés vos yeux taris, / Dit cette fée à voix d'oiselle / Par un homme jeune et fidèle / Qui vous désirera, ma belle, / Et pour l'or n'aura que mépris. "
La princesse attendit cent ans : " Un jour quelqu'un passa par là, / Chevalier de haute prouesse, / Cent ans l'attendit la princesse / Brave, invaincu, mais sans richesse, / Qui prit tout l'or et s'en alla. "
Enfermée dans une bourse, elle est sauvée par un poète : " Or un homme vit le carnage, / Vint et tua le meurtrier. / Elle pleurait d'être en servage / Et de ne pas pouvoir crier. / Le sauveur, un pauvre poète, / Dit : " Onc homme tel trésor eut ; / Mais j'en fais fi ! Je suis très bête, / Un sauveur, un pauvre poète ! / J'aimerais mieux une fillette." Alors la princesse apparut. / Le sauveur, un pauvre poète, / Dit : "Onc homme tel trésor eut ! " "
Ce poème de jeunesse révèle déjà tout un pan de la poésie de Guillaume Apollinaire, son goût pour les légendes moyen-âgeuses et les formes anciennes. Mais il montre également le poète dans la posture du " mal-aimé ", éternel soupirant.
Guillaume Apollinaire a attaché assez d'importance à cette pièce pour en modifier trois vers, corrigés d'une autre encre et d'une main postérieure.
Notre manuscrit offre deux variantes par rapport au texte publié.
v. 44 : " La pauvre princesse invisible " au lieu de " Adorable, mais invisible "
v. 53 : " Or un homme vit le carnage... " au lieu de " Mais un homme vit le carnage... ".