Dessin original. Aquarelle et encre de Chine, médaillon ovale de 4, 9 x 4, 2 cm, encadrement sous verre.

D'un romantisme saisissant, le profil pâle et déterminé de l'écrivain émerge de la pénombre, dans une atmosphère de mystère semblable à celle qui règne dans le portrait que Delacroix peignit de George Sand en 1834. Christian Bernadac a proposé une identification différente de ce dessin à la femme de lettres Marie d'Agoult, maîtresse de Liszt et mère de Cosima Wagner.

" Mon œil s'annonçait noir et impénétrable " (George Sand). La femme de lettres a consacré plusieurs passages de son œuvre à la description de son physique, par exemple dans son roman autobiographique Lélia (1833) et dans ses mémoires intitulés Histoire de ma vie (1854-1855) :

" J'étais pourtant née en apparence sous d'heureux auspices. Mon front était bien conformé ; mon œil s'annonçait noir et impénétrable comme doit être tout œil de femme libre et fière ; mon sang circulait bien, et nulle infirme disgrâce ne me frappait d'une injuste et flétrissante malédiction [...].
Et comme la beauté se développait en moi, tout me souriait, hommes et choses. Tout devenait amour et poésie autour de moi, et dans mon sein chaque jour faisait éclore la puissance d'aimer et celle d'admirer. " (Lélia).

" J'étais fortement constituée, et, durant toute mon enfance, j'annonçais devoir être fort belle, promesse que je n'ai point tenue. Il y eut peut-être de ma faute, car l'âge où la beauté fleurit, je passais déjà les nuits à lire et à écrire. Étant fille de deux êtres d'une beauté parfaite, j'aurais dû ne pas dégénérer, et ma pauvre mère, qui estimait la beauté plus que tout, m'en faisait souvent de naïfs reproches. Pour moi, je ne pus jamais m'astreindre à soigner ma personne. " (Histoire de ma vie).

Les portraits sont rares dans la production de George Sand, et singulièrement ceux à l'aquarelle.

" George Sand, une nature d'artiste ". Ayant reçu une éducation soignée, elle se vit enseigner le dessin dès l'enfance comme un des arts d'agréments de la bonne société. Une mademoiselle Greuze lui donna ses premiers cours, et elle continua de pratiquer ce divertissement dans le couvent des Augustines anglaises où elle fut placée, destinant ses meilleures réussites à sa mère et à sa grand-mère. George Sand poursuivit après son mariage avec Casimir Dudevant en 1822, et en tira même une grande part de ses revenus après leur séparation en 1830 : elle vendait notamment des petits bibelots ornés par ses soins, tabatières ou boîtes à gants dits " boîtes de Spa " fort en vogue à cette époque. Elle reprit des cours auprès du peintre Jules Decaudin en 1831 pour affermir sa technique du dessin, mais aussi pour s'initier à l'aquarelle et probablement à la peinture à l'huile. Quand lui vint le succès littéraire en 1832 avec Indiana, elle continua de dessiner pour elle-même mais ne vendit plus ses œuvres. Au cours de sa vie, elle aborda ainsi des sujets divers - mais principalement des portraits et des paysages -, et employa toutes les techniques, inventant même un procédé nouveau, la " dendrite " qu'elle pratiqua dans ses dernières années (voir ci-dessous les n° 118 à 123).
Amie de Delacroix, Fromentin ou Rousseau, auxquels elle consacra de belles pages critiques, elle émailla son œuvre littéraire de références à la peinture (par exemple à Corot ou Rousseau dans Un Hiver à Majorque en 1841), et mit en scène quelques personnages de peintres, comme le Paul Arsène d'Horace en 1842.

Expositions
- GEORGE SAND, UNE NATURE D'ARTISTE, Paris, musée de la Vie romantique, 29 juin-28 novembre 2004. N° 161 du catalogue (" autoportrait "), avec reproduction en couleurs p. 10.
- L'UN POUR L'AUTRE, LES ECRIVAINS DESSINENT. Caen, IMEC, Lisbonne, Musée Berardo, Ixelles, Musée communal, janvier 2008-janvier 2009. Reproduction dans la notice n° 7 du catalogue, légendée " autoportrait ".

Bibliographie
- BERNADAC (Christian). George Sand. Dessins et aquarelles. [Paris], Pierre Belfond, 1992.