Châssis n° 13042
Moteur/engine n° 321019
- Classique absolu
- Extrême rareté
- Carrosserie Franay
Marc Birkigt, ingénieur suisse émigré à Barcelone au tournant du xxe siècle, concevait des automobiles depuis 1904 à Barcelone avant d'installer une usine en France en 1911. Après avoir produit à partir de 1915 un excellent moteur d'avion V8 à un arbre à cames en tête par banc de cylindres, puis un V12 de même architecture, Birkigt en dériva un moteur d'automobile à six cylindres en ligne qui équipa une voiture de grand luxe, la H6, présentée en 1919. Ses qualités routières lui donnèrent dix ans d'avance sur la concurrence à une époque où la technique automobile progressait chaque année. Dans la seconde moitié des années 1920, comme d'autres constructeurs de voitures de grand luxe, Birkigt conçut juste avant la grande crise de 1929 un moteur à 12 cylindres en V d'architecture simplifiée en adoptant une distribution à culbuteurs, moins coûteuse à fabriquer et à entretenir, ce qui donna, en réponse à un reproche souvent adressé aux Hispano, un moteur plus silencieux et plus doux à l'égal de ses concurrents directs de chez Packard ou Rolls-Royce. Pour obtenir ce genre de fonctionnement joint aux accélérations brillantes déjà offertes par les H6, la J12 ou type 68 fut dotée d'un moteur de près de 10 litres de cylindrée donnant plus de 200 ch au régime maximal de 3 000 tr/min, mais avec un couple de locomotive qui limitait l'usage de la boîte à trois rapports seulement. (Ce moteur à couple élevé, porté à près de 12 litres de cylindrée dans sa version 68 bis, eut d'ailleurs vocation à équiper des autorails rapides, mais Birkigt n'avait pas l'oreille des compagnies de chemins de fer comme Bugatti. (En revanche, le V12 Hispano fut envisagé pour propulser un engin blindé à l'horizon 1941-42.)
Sans abandonner les raffinements antérieurs empruntés aux constructions aéronautiques (bloc en alliage léger à chemises nitrurées, vilebrequin à sept paliers généreusement dimensionnés, distribution très silencieuse, double allumage, double pompe à eau, etc), le moteur J12 se montra capable d'emmener une voiture de 2,2 tonnes à plus de 170 km/h, vitesse des plus impressionnante pour une routière de ce gabarit en 1934. Cette puissance apparemment inépuisable était parfaitement accordée à un châssis parfaitement rigide et équilibré, surbaissé par rapport au H6, à une direction d'une douceur et d'une précision faisant référence, et à une tenue de cap et à un freinage assisté exceptionnels à l'époque. La clientèle visée fut immédiatement convaincue par les performances routières de la J12 lancée au salon de Paris 1931 et elle confia ses châssis aux plus prestigieux carrossiers qui durent bientôt tenir compte des contraintes de la mode aérodynamique qui naissait un an plus tard. Toutefois, la majorité des acheteurs optait pour des carrosseries de limousine ou de coupé de ville sur châssis normal ou long sur lesquels excellèrent les Binder, Kellner, Henri-Labourdette et Franay qui livrèrent de parfaits chefs-d'œuvre classiques dont l'élégance et la classe ont résisté au temps. On relève dans la liste des clients des noms aussi prestigieux que le roi Carol de Roumanie, la famille Rothschild, Suzanne Deutsch de la Meurthe, émile Dubonnet, l'avionneur Henry Potez, M. Nicolas, le parfumeur Coty, l'acteur Henri Garat, le chanteur Georges Thill, Pablo Picasso …tous déjà utilisateurs comblés d'Hispano-Suiza.
La grande crise du début des années 1930 aurait pu être fatale à l'inégalable 54 CV J12 , mais Hispano-Suiza vivait de sa production de moteurs d'avion, l'automobile étant la vitrine de la firme pour le grand public. La grande Hispano ou la " 54 CV " comme elle était désignée couramment vécut jusqu'en 1938 sans rapporter un centime à son constructeur malgré un prix moyen supérieur à 200 000 F de l'époque (en châssis nu !) qui limita sa diffusion à quelque 120 exemplaires tous construits sur commande bien entendu. Le caractère exclusif de la J12 n'est donc pas à démontrer et elle figure souvent dans les listes des dix plus belles automobiles de tous les temps.
Le châssis " 13042 " qui appartient à la série normale type 99 (empattement 3,81 m) fut carrossé par Franay en coupé chauffeur pour M. Albert Kohan (commande n°2116) et livré en juillet 1937. Si la carrosserie coupé chauffeur semble plus adaptée au châssis long, au bénéfice de l'espace dans le compartiment arrière, le choix du châssis normal donne une voiture aux proportions parfaites entre la longueur du capot et celle de l'habitacle.
La liste des propriétaires connus indique M. Mallof en 1959, M. Garino en 1961, le Marquis de Goulaine en 1963 et le baron Gourgaud qui l'exposa dans les années 1960-70 dans sa collection de l'Autorama de la Grange à Yerres où l'historien Jacques Rousseau eut l'occasion d'en prendre le volant (expérience dont il rendit compte brièvement dans un article consacré à la J12 publié dans le numéro 238 du magazine le Fanauto d'août 1988).
En 1966, elle entra dans la collection de M. Serre qui l'acheta lors de la dispersion de la collection de l'Autorama.
En état d'origine, de couleur noir avec intérieur en cuir noir à l'avant et en drap beige dans le compartiment maîtres, la J12 est équipée de strapontins et d'une séparation avec glace montante à crémaillère.
C'est donc une rare opportunité d'acquérir un exemplaire particulièrement représentatif de la grande Hispano à l'apogée de sa carrière dont la carrosserie est signée d'un grand nom réputé pour la qualité de ses réalisations.
La voiture possède sa carte grise normale.
- Definite classic
- Extremely rare
- Bodywork by Franay
In 1911, the Swiss engineer Marc Birkigt emigrated from Barcelona where he had been designing cars since 1904, and set up a factory in France. From 1915 he produced an outstanding and innovative V8 aircraft engine with overhead cams followed by a V12 built in the same way. From this he developed an inline six-cylinder engine for an automobile which was put into a large luxury motor car, the H6, which appeared in 1919. The quality of drive put him years ahead of the competition at a time when motorcar development was progressing rapidly. During the second half of the 1920s, along with other luxury motor car manufacturers, Birkigt designed, just before the Great Depression hit, a V-shaped 12-cylinder engine with pushrods, which was less costly to build and maintain. In answer to a criticism often levelled at Hispano-Suiza, it was also quieter, now matching direct competition from Packard and Rolls-Royce. To run this way and still offer the outstanding acceleration of the H6, the J12 or type 68 was powered by an almost 10-litre engine that gave more than 200bhp at a maximum of 3,000rpm, with locomotive torque. (This engine with raised torque was taken to just under 12-litres in his version 68 bis, and could be used to drive express railcars, but Birkigt wasn't in favour with the railway companies like Bugatti was. On the other hand, the V12 Hispano was used to power an armoured vehicle by 1941-42).
Incorporating the key features from the aircraft engines (cast aluminium blocks with steel liners, a generous seven bearing crankshaft, silent operation, twin ignition, twin water-pumps etc), the J12 engine was capable of powering a 2.2 tonne car to over 170km/h, a very impressive speed for a grand tourer at the time. This unremitting power was accommodated perfectly on the well balanced and rigid chassis, lowered in line with the H6, and by precise and easy steering, with exceptional road-handling and assisted-braking. The target clientèle were immediately won over by the performance of the J12 when it was launched at the Paris Motor Show in 1931 and the chassis was entrusted to the most prestigious coachbuilders of the day who were still free of the constraints of aerodynamics that surfaced a year later. The majority of purchasers opted for limousine or coupé de ville bodies on two different chassis lengths, turning to Binder, Kellner, Henri-Labourdette or Franay for their timeless and graceful designs. Among the acclaimed list of clients were the King of Romania, the Rothschild family, Suzanne Deutsch de la Meurthe, Emile Dubonnet, aircraft industrialist Henry Potez, M. Nicolas, the perfumer Coty, the actor Henri Garat, the singer Georges Thill, Pablo Picasso. They all fell in love with the Hispano-Suiza.
The Great Depression at the start of the 1930s could have been fatal to the matchless J12, but Hispano-Suiza was able to focus on the production of aircraft engines, using the motor car as a showcase for the wider public. The large Hispano, or the '54 CV' as it was known colloquially, continued until 1938 without making a penny for the company despite a top price of 200,000F (for the bare chassis!). A limited number of some 120 models were produced, all built to order. The exclusive character of the J12 needs no proof and the car often features in top ten lists of the most beautiful cars in the world.
'13042', a standard chassis type 99 with a 3.81m wheelbase was given a coupé-chauffeur body by Franay, order no. 2116 for M. Albert Kohan, and delivered in July 1937. Although the coupé chauffeur bodywork was more suited to the longer chassis to provide a spacious rear compartment, with the standard chassis the proportions of the bonnet and the passenger cabin were perfect.
The eminent list of owners of this car comprises M.Mallof in 1959, M. Garino in 1961, the Marquis of Goulaine in 1963 and Baron Gourgaud who exhibited '13042' in the 1960s in his collection l'Autorama de la Grange in Yerres, when the historian Jacques Rousseau had an occasion to take to the wheel (an experience he described in an article on the J12, published in the magazine le Fanauto August 1988). In 1966 the car became part of the Serre collection, when the l'Autorama collection was dispersed.
In original condition, presented in black livery with black leather interior to the front and beige fabric in the passenger compartment, this J12 is fitted with dickey seats and a glass partition. This is a rare opportunity to acquire a key model of a marque that was in its prime, bodied by one of the finest coachbuilders of the day.
The car comes with its French title.