Châssis type 106 (court) n° 16043
Moteur/engine n° 333105
- élégance, luxe et rareté
- Pare-brise rabattable
- Carrosserie Letourneur et Marchand
En 1929, les Hispano-Suiza H6 présentées dix ans plus tôt qui offraient encore des qualités mécaniques et routières incomparables se trouvaient confrontées à une concurrence de mieux en mieux armée, notamment de la part des marques de luxe américaines. Ces voitures s'affirmaient par leur silence, leur fiabilité et surtout, des coûts d'utilisation très inférieurs. Le patron d'Hispano-Suiza, l'ingénieur Marc Birkigt, qui devait tenir son rang, réagit en présentant une grande voiture à moteur douze cylindres de plus de 9 litres et 200 ch, une automobile chargée d'entretenir l'image de la firme auprès du grand public par une élégance, des performances et un caractère exclusif sans équivalents. Mais la J12 de 1931 arriva en plein dans une crise économique sans précédent qui rétrécit encore un marché déjà restreint et Marc Birkigt envisagea une nouvelle " petite Hispano " comme Henry Royce avait lancé la petite Twenty en 1920 pour toucher une nouvelle clientèle. Birkigt avait déjà expérimenté une petite Hispano après le rachat de la marque Ballot et l'adoption de son châssis RH3 dont le moteur huit cylindres en ligne avait été remplacé par un moteur six cylindres de 4,5 litres provenant d'une Hispano-Suiza produite à Barcelone. Ce modèle avait séduit une clientèle sachant apprécier les automobiles de qualité, mais aux moyens plus limités. Les effets de la crise reposèrent le problème de façon plus aiguë. S'inspirant de la J12 au moteur simplement culbuté, mais d'une exécution raffinée (bloc en aluminium chemisé comme les moteurs d'avion) et d'un silence que ne pouvaient offrir les prestigieuses H6, la future K6 devait offrir les mêmes qualités dynamiques et le même confort luxueux que la J12 au prix d'une petite réduction de la vitesse de pointe, du brio des reprises et, surtout, du prix. Birkigt dessina donc un six-cylindres en ligne à culasse détachable, soupapes en tête et culbuteurs, à flux de gaz traversants, en lui accordant une cylindrée généreuse de 5,2 litres soit un peu plus de la moitié du type 68 et au niveau des modèles haut de gamme américains. Avec 120 ch annoncés au régime paisible de 2 200 tr/min, les performances promises étaient là : 130/140 km/h en pointe et un temps de 19 secondes de 0 à 100 km/h pour les " châssis courts " aux carrosseries légères. Le châssis, inspiré aussi de la J12, très rigide, était surbaissé par rapport à celui des H6, mais Birkigt n'avait pas osé les roues avant indépendantes, sans doute pour des raisons de coût. Étant donné ses exigences en matière de guidage des roues, en conservant les essieux rigides, il avait renoncé à une indépendance peu efficace et géométriquement incorrecte souvent présente à l'époque sur les grosses voitures de luxe à la direction peu précise et floue, ce qu'il excluait par principe. De même, il avait conservé les freins à commande par câbles, dont l'efficacité, grâce au servo mécanique système Birkigt que d'autres marques de luxe avaient adopté, faisait référence. Le surbaissement de la voiture venait aussi du choix des roues aux dimensions " modernes ", des 16 x 45. Ainsi défini, le châssis K6 vendu un peu moins de 100 000 F valait deux fois moins cher que le J12.
La première K6 ou " 30 CV " sortit le 1er août 1934. Le type fut proposé en deux longueurs de châssis, le plus court atteignant quand même 342 cm d'empattement, le plus long réservé aux coupés-chauffeur, 371 cm !
Sur ce cadre à l'équilibre quasi parfait, les carrossiers purent se livrer à toutes sortes d'expériences en cette période où s'imposait le souci aérodynamique. Entre modernisme et tradition classique, la K6 maintint la dignité de la marque en demeurant visuellement très proche de la somptueuse J12 au point que sous certains angles, la confusion reste possible. Les plus grands noms de la carrosserie française et étrangère habillèrent la K6 pour une clientèle exigeante et cultivant un faste discret sans avoir recours à l'achat d'une voiture de luxe étrangère. Parmi ceux qui choisirent la K6, on relève les noms de l'Aga Khan, Rothschild, Dubonnet, Esders, Hennessy, Potez, Bollinger ou encore des comédiens Harry Baur et Mireille Balin.
La voiture présentée est une K6 sur châssis type 106 de 3,42 m d'empattement. Il s'agit d'une rare cabriolet roadster dont le châssis commandé le 15 octobre 1935 par un certain M. Belote des Verreries de la Gare (commande n° 4210) fut livré par l'usine de Bois-Colombes à la carrosserie Letourneur et Marchand le 28 octobre 1935. La voiture fut achevée le 20 décembre. Sa carrosserie n° 2890 était conforme au dessin n° 5505, le cuir des sièges était de référence " cuir Vaumol 891 ". De configuration 2+2, le cabriolet aux lignes classiques, mais très élancées, est équipé de glaces latérales qui s'escamotent totalement avec leur cadre chromé dans les portes. Le pare-brise étant rabattable, la voiture peut se présenter sous la forme d'un parfait roadster d'allure très sportive qu'elle assume avec une rare élégance. Le deuxième propriétaire, M. Siméon, acquit la voiture le 18 février 1937 et le troisième serait un certain M. Riche. Cette K6 entra dans la Collection Serre fin des années 60 et elle était une des voitures préférées de Jean Serre.
Peinte en noir avec un intérieur beige et marron et une sellerie en cuir marron, elle se présente complète avec ses ornements chromés, ses compas de capote et ses roues flasquées, ses deux projecteurs Marchal Strilux, ses pare-chocs et sa cigogne et en bel état.
Alliant l'élégance et l'agrément du roadster au prestige d'une marque réputée pour son excellence mécanique, ce rare cabriolet K6 signé d'un grand nom de la carrosserie française à son zénith ne peut que rejoindre une collection sélective réunissant les plus belles automobiles de tous les temps. Vendue sans titre de circulation
Remerciements H.Pannier, P.Letourneur.
- Elegance, luxury and rarity
- Folding windscreen
- Coachwork by Letourneur et Marchand
The Hispano-Suiza H6 was a car offering unrivalled mechanical and driving qualities when launched in 1919. This was still the case ten years later, though other motor car manufacturers, notably US luxury marques, were by then more competitive, offering cars with a quieter drive, reliability and above all, much lower running costs. The engineer Marc Birkigt, in charge at Hispano Suiza, responded by producing a large 200bhp 12-cylinder car, with a capacity of more than 9-litres, which was given the task of upholding the company's reputation with its elegance, performance and very exclusive identity. However, the J12 arrived in 1931 at the height of an unprecedented economic downturn which dampened an already weak market. Responding once more, Marc Birkigt planned a new "little Hispano", just as Henry Royce had launched the little Twenty in 1920 to reach a new clientèle. Birkigt had already experimented with a small Hispano having taken over the Ballot marque and using its RH3 chassis with a 4.5-litre six-cylinder from a Hispano-Suiza produced in Barcelona, instead of the original inline eight-cylinder engine. This model had attracted a knowledgeable clientèle who appreciated quality at a reasonable price, and this criterion was valued to an even greater degree during the Depression. Based on the J12 engine but built using the same technology he had developed for aircraft engines with a cast aluminium block with steel liners, the K6 was quieter than the prestigious H6. It offered the same handling and comfort as the J12 with a slightly reduced top speed and acceleration and a much greater reduction in the price. Birkigt designed the inline six-cylinder engine with detachable heads, overhead valves and rocker arms which provided a generous 5.2-litres, just over half that of the type 68 and on a par with the top of the range US models. It produced around 120bhp at 2,200 rpm and performed admirably: 130/140km/h top speed and 0 - 100km/h in 19 seconds for the lightweight short chassis models. The rigid chassis, also based on the J12, was lowered in line with the H6, but Birkigt decided against independent front suspension, no doubt to keep costs down. In keeping the live axles, he disregarded on principle the inefficient and incorrect independent suspension often employed at that time on large luxury motor cars, giving imprecise steering. He did keep the very effective cable-operated brakes, powered by a servo-assistance - these were also used by many other luxury car manufacturers. The lowering of the car accommodated the 'modern' choice of tyre dimension: 16 x 45. In this form, the K6 chassis sold for just under 100,000F, half the price of the J12.
The first K6 "30CV" appeared on 1 August 1934. The model was available in two frame lengths, the shorter boasting a generous 342cm wheelbase, and the longer reserved for the 'Coupé-Chauffeur' at 371cm!
On this well balanced frame, coachbuilders were able to fit a variety of body styles, at a time when aerodynamics was a concern. Combining tradition with modernity, the K6 retained the grandeur of the marque, resembling the majestic J12 to such an extent that from certain angles it was possible to confuse the two. Renowned coachbuilders from France and abroad built K6 bodies for a demanding clientèle, wanting discreet sophistication without having to buy an expensive luxury car from abroad. Among those who chose the K6 were the Aga Khan, Rothschild, Dubonnet, Esders, Hennessy, Potez, Bollinger and the comedians Harry Baur and Mireille Balin.
The K6 offered has a 342cm wheelbase type 106 chassis. It is a rare cabriolet roadster ordered on 15 October 1935 by a certain M.Belote of the Verreries de la Gare. Order no. 4210 was delivered by the factory at Bois-Colombes to the coachbuilders Letourneur et Marchand on 28 October 1935 and was finished on 20 December. Its body no. 2890 matches design no. 5505, the leather of the seats referenced as "cuir Vaumol 891". This 2 + 2 cabriolet, both classic in design and innovative, has side-windows that retract completely with their chrome surrounds into the doors. The windscreen folds down, giving the car the feel of a sporty yet refined roadster. The second owner, M.Siméon, bought the car on 18 February 1937, and the third was a certain M. Riche. This K6 joined the Serre Collection at the end of the 1960s and it was one of Jean Serre's favourite cars.
Presented in black with a beige and brown interior and brown leather upholstery, the car comes with chrome ornaments, hood-frame and hubcaps, Marchal Strilux lamps, bumpers and stork mascot, all in excellent condition.
Combining elegance with the charm of a roadster from a prestigious marque known for its engineering excellence, this rare K6, bodied by a leading French coachbuilder at the height of prominence, must surely figure in that select group of the most beautiful cars of all time. Sold without registration documents.
Thanks to H.Pannier, P.Letourneur.