2 p. in-12. Londres, mardi 28 [nov. 1893]. Très belle lettre d'un Verlaine désemparé. C'est la période où Verlaine écrit de nombreuses lettres à Philomène et projette de l'épouser ; mais son autre amie, Eugénie Krantz, lui révèle les infidélités de sa rivale. Ayant appris que sa maitresse avait d'autres amants auxquels elle faisait profiter de l'argent de Verlaine, il lui a envoyé de Londres une lettre "cruelle mais nécessaire". Avant qu'elle ne reçoive cette fâcheuse lettre, il se repend et lui en adresse une autre pour la prier de l'excuser : "Chère femme [souligné], j'ai passé une bien triste journée et une encore bien plus triste nuit après mon cruel mais nécessaire envoi d'hier. Il fallait que je me débarrasse d'un tel poids. Ce m'étouffait, vrai ! Ce chagrin est si gros que je me sens devenir fou et pour un peu je me détruirais !... Quoiqu'ayant bien fait, selon moi d'avoir le courage de t'écrire ça, je tremble de rester dans l'indécision et à vrai dire je ne sais plus que faire. Je ne puis me passer de toi... Je t'en prie, rassure-moi. Je te dis que je deviendrais fou si ça continuait. Que n'es-tu près de moi !" Sa santé est mauvaise, il lui faut de m'énergie pour ces conférences en Angleterre. "Je t'en prie, aime-moi, prouve-le moi..." On sait que finalement, Verlaine rompra et invitera Eugénie à vivre chez lui le mois suivant.
BIBLIOGRAPHIE : "Correspondance", éd. Van Bever, II, n° LXV, p. 310-1312.