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Antoine Dieu (Paris, 1692 - 1727)
Le mariage de Louis de France, duc de Bourgogne et de Marie-Adélaïde de Savoie, le 7 décembre 1697
Estimation :
20 000 € - 30 000 €
Vendu :
43 910 €

Description complète

Le mariage de Louis de France, duc de Bourgogne et de Marie-Adélaïde de Savoie, le 7 décembre 1697
Toile
Provenance :

Probablement mentionné dans l'inventaire après décès de l'artiste (voir M. Rambaud, 'Documents du Minutier central concernant l'histoire de l'art 1700-1750', Paris, 1971, t. II, p. 852) ;
Troisième vente collection Bernard-Franck, Paris, Hôtel Drouot, 21-22 mars 1935, n° 17, repr. (comme attribué à Nicolas de Largillierre) ;
Vente anonyme ; Paris, Palais d'Orsay, Me Couturier et Nicolay, 23 juin 1978, n° 22, repr. ;
Vente anonyme ; Monaco, Sotheby's Parke Bernet, 26 mai 1980, n° 545, repr. ;
Collection particulière, Paris

Bibliographie :

Martin Eidelberg, " " Dieu invenit, Watteau pinxit " Nouvel éclairage sur une ancienne relation ", 'Revue de l'Art', n° 115, 1997, p. 29, repr. fig. 5, p. 28

Commentaire :
Notre tableau est une esquisse pour un projet de tapisserie qui ne fut jamais tissée, et dont nous ne connaissons qu'une grande peinture à l'huile, conservée à Versailles (voir 'Catalogue du Musée du château de Versailles - Les peintures', Paris, 1995, tome I, n° 1472 reproduit p. 264). La tapisserie fut commandée à la manufacture des Gobelins en 1710 par Louis XIV, d'abord à Nicolas Bertin puis à Antoine Dieu dans le cadre d'un ensemble de tentures sur 'L'Histoire du Roi'. Antoine Dieu réalisa également un carton pour 'La naissance duc de Bourgogne', en 1715, d'après une esquisse d'Antoine Watteau (voir 'op. cit. supra', n° 1471, reproduit p. 263).
L'idée de produire tout un cycle de tapisseries des Gobelins sur l'histoire du roi date sans doute de 1662. Plusieurs séries se succédèrent. Notre projet appartient à la 'Cinquième suite', mise en œuvre à la fin du règne du roi à l'initiative du duc d'Antin, et qui devait se composer de sept sujets, dont trois à caractère familial. Seulement trois tapisseries de cette 'Cinquième suite' furent tissées (voir catalogue de l'exposition 'Gli arazzi del re sole', Firenze, Palazzo Vecchio, 1982). D'après les livres de compte, Antoine Dieu livra ses cartons en 1716.

Le mariage du duc de Bourgogne, aîné des petits fils de Louis XIV, et de Marie Adélaïde de Savoie, eut lieu le 7 décembre 1697. Cette union scellait la réconciliation entre la France et la Savoie après la longue guerre de la Ligue d'Augsbourg de 1689 à 1697. Alliée traditionnelle de la France, la Savoie, qui est alors une grande puissance, changea de camp en s'alliant à la coalition des autres pays européen. Elle fut toutefois la première à signer un pacte secret avec la France, le 29 juin 1696, prélude à la Paix de Turin du 29 août suivant. Louis XIV et Victor Amédée devaient s'affronter à nouveau pendant la guerre de succession d'Espagne de 1700 à 1713.

Le mariage fut célébré dans la chapelle du château de Versailles. Bossuet en fit le récit dans sa lettre CLXXXII, destinée à son neveu : "Toute cette cour est d'une magnificence inouïe pour le mariage de monseigneur le duc de Bourgogne : il fut célébré samedi ; j'eus l'honneur de servir la princesse. Tout fut fait avec une grâce merveilleuse de la part des mariés. Monsieur le cardinal de Coislin fit l'office : ce ne fut qu'une messe basse. On fit les fiançailles et le mariage en même temps, dans la chapelle royale. Les évêques étoient en rochet et camail, ayant à leur tête messieurs les cardinaux d'Estrées, Furstemberg et Janson…"

La cérémonie fut célébrée en présence de la plupart des membres de la famille royale, qui figurent sur notre tableau : le roi, avec à sa droite le Grand Dauphin, père du marié. A gauche de la composition, Monsieur, frère du roi, et sa femme, la princesse Palatine, leur fils le duc de Chartres, futur régent. Le marié est entouré par ses frères le duc d'Anjou, futur roi d'Espagne sous le nom de Philippe V, et le duc de Berry, encore enfants. De nombreux princes du sang ou enfants légitimés de Louis XIV y assistèrent : le prince et la princesse de Conti, les ducs de Maine, de Bourbon... L'ambassadeur de Savoie représente la famille de la mariée.
Le duc de Beauvilliers, gouverneur du duc de Bourgogne et de ses frères et pour lequel le roi avait la plus grande estime, est représenté à l'extrême gauche. De même que le révérend père d'Aix de La Chaize qui fut le confesseur et le conseiller de Louis XIV.
La cérémonie fut célébrée par le cardinal de Coislin, grand aumônier de France, et petit - fils de Pierre Séguier.
Louis XIV souhaita renouer avec le faste et la splendeur d'antan en organisant deux bals somptueux dans la galerie des glaces les 11 et 14 décembre qui suivirent.

La petite duchesse âgée de onze ans au moment du mariage, le duc en avait quatorze, devint la coqueluche de la cour, enchantant les dernières années du roi par sa jeunesse et sa joie de vivre. Louis XIV répondit à tous ses caprices, cherchant constamment à lui faire plaisir. Il réaménagea ainsi la Ménagerie. La guerre de succession d'Espagne n'entama en rien cette affection. On s'aperçu cependant après son décès prématuré, que la petite duchesse de Bourgogne livrait dans les lettres qu'elle écrivait à son père, des informations confidentielles.
De l'avis général, le duc et la duchesse de Bourgogne formaient un couple assez mal assorti, le caractère enjoué de la jeune femme s'opposant à la morosité de son époux. Cependant ils furent assez soudés dans le monde de Versailles et de sa cour, fait d'intrigues et de clans, la duchesse se montrant en tout très solidaire de son mari. Ils eurent trois fils, dont le premier mourut au berceau. La duchesse mourut en 1712, sans doute d'une variante de la rougeole. Elle contamina vraisemblablement le duc qui ne tarda pas à la suivre dans la tombe, ainsi que quelques semaines plus tard leur fils aîné, le petit duc de Bretagne. Le plus jeune de leurs enfants, le duc d'Anjou, futur Louis XV, ne dut la vie qu'à sa gouvernante, Madame de Ventadour, qui refusa catégoriquement de le faire saigner. Il succéda à son arrière grand - père en 1715.

Ce lot est présenté par Monsieur René Millet.

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