Modèle en terre cuite
Coiffé du Némès ; reposant sur un socle rectangulaire entièrement moulé ; monogrammée D
Dimensions : 21,5 x 42 x 16,5 cm (8 ½ x 16 ½ x 6 ½ in.)
Provenance :
Succession de Laurent Delvaux : le 2 mars 1778, l'œuvre est dévolue par héritage à Jean-Godefroid Delvaux ;
Bruxelles, collection Laurent Delvaux-de Saive ;
Collection Louis Jacques Delvaux ;
Ixelles, collection Octave Delvaux-de Breyne (Willa me) ;
Bruxelles, collection Mme Madeleine Verstraete, puis par descendance au propriétaire actuel.
Bibliographies :
G. Willame, Laurent Delvaux, 1696-1778, Bruxelles-Paris : G. Van Oest et Cie, 1914, p. 59, n° 68.
M. Devigne, De la parenté d'inspiration des artistes flamands du XVIIe et du XVIIIe siècle. Laurent Delvaux et ses élèves, Mémoire de l’Académie royale de Belgique, Classe des Beaux-Arts, 2e série, II, fasc. 1, 1928, p. 8.
A. Jacobs, Laurent Delvaux 1696-1778, Paris, Arthena, 1999, p. 206, p. 249, n°S 35.
A terracotta model of a Sphinx, Laurent Delvaux (Gand 1696 - Nivelles 1778), Rome, 1728-1732
"La Sphinge" est monogrammée D mais ne porte pas la mention de Rome. Cependant, la terre cuite, d’une jolie couleur blonde, est romaine et non flamande. Si l’œuvre présente un travail tout aussi délicat et consciencieux ainsi qu’un aspect fini, Delvaux semble avoir fait preuve d’une liberté plus assumée dans l’interprétation d’un modèle antique. La sculpture antique qui se rapproche le plus de sa figure est l’un des deux "Sphinx" qui ornaient alors les jardins de la Villa Borghèse à Rome (Paris musée du Louvre, inv. N 32). Il a transformé l’archétype égyptien en une image plus gracile et vivante, d’un naturalisme et d’une sensualité plus affirmés, propres au goût du XVIIIe siècle. Une seconde Sphinge en terre cuite de Delvaux, plus tardive, est répertoriée dans son œuvre (loc. cit.).
La sphinge dans la mythologie grecque est un monstre féminin, une divinité infernale ayant un visage et une poitrine de femme et un corps de lion (androcéphale) a inspiré au cours des siècles les artistes. Le sphinx / sphinge avait été envoyé en Béotie pour punir la cité du crime de son roi, Laïos, le père d’Œdipe qui avait aimé de manière contre nature Chryssipos. Installée sur un mont rocheux, le monstre posait une question à tous les voyageurs qui passaient. Ceux qui n’arrivaient pas à résoudre l’énigme étaient immédiatement tués et dévorés.
Dans l’Égypte ancienne, le sphinx était une figure mythique, un symbole de puissance et de vigilance. La plus ancienne représentation est le sphinx de Gizeh, à l’est de la pyramide de Khephren, daté de 2500 avant Jésus-Christ environ. Cette œuvre à cheval entre la sculpture et l’architecture figure un lion couché monumental dont la tête est celle du souverain Khephren ou de son père Khéops, coiffé du Némès, la coiffe royale. Il est ici représenté en tant que gardien de la nécropole, chargé de la défendre contre les assaillants éventuels ou les forces malfaisantes. Il est le symbole de la force souveraine, protecteur et redoutable pour les ennemis.
Cette terre cuite témoigne de son désir de pénétrer les secrets de l’émotion que le contact à Rome avec les originaux antiques en marbre peut susciter chez un artiste sensible à l’idéal classique. La réalisation à Rome de ces sculptures d’après l’antique en terre cuite avait pour but premier, chez Delvaux, de se constituer une réserve de modèles de travail pour la suite de sa carrière dans les Pays-Bas. Il les a conservés dans son atelier jusqu’à la fin de sa vie.
La sphinge ici présente est d’une importance majeure dans l’appréciation de l’œuvre du célèbre sculpteur flamand. Son apparition sur le marché de l’art est un évènement important pour les collectionneurs, amateurs et historiens d’art. La sculpture était dans la succession de Laurent Delvaux du 2 mars 1778 et a été transmise de génération en génération où elle a demeuré, jusqu’à nos jours.
Nous remercions le Professeur Alain Jacobs pour sa collaboration.
We thank Professor Alain Jacobs for his collaboration.