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CHARLES ANGRAND (1854-1926). 236 L.A.S. (dont 24 L.A. et 4 cartes postales), 1905-1923 et s.d., à Maximilien Luce ; 780 pages format...
Estimation :
10 000 € - 12 000 €
Vendu:
26 023 €

Détails du lot

CHARLES ANGRAND (1854-1926). 236 L.A.S. (dont 24 L.A. et 4 cartes postales), 1905-1923 et s.d., à Maximilien Luce ; 780 pages format...

CHARLES ANGRAND (1854-1926). 236 L.A.S. (dont 24 L.A. et 4 cartes postales), 1905-1923 et s.d., à Maximilien Luce ; 780 pages formats divers, qqs adresses (petits défauts à qqs lettres). Importante et riche correspondance entre ces deux maîtres du néo-impressionnisme. Nous ne pouvons en donner ici qu’un rapide aperçu. Angrand parle souvent de sa vie campagnarde à Saint-Laurent en Caux où il cultive son jardin et son verger (il envoie des pommes à Luce), et où Luce viendra le voir ; il fait de fréquents séjours à Rouen ; plus tard, il s’installera à Rouen (il raconte son déménagement), où il fréquente assidument la bibliothèque. Il fait de nombreuses excursions en Normandie pour travailler et peindre sur le motif. Il va souvent passer des vacances ou travailler à Dieppe : « J’ai apporté ma boite d’études et j’ai pris quelques notes sur les quais et en forêt – mais je me sens de moins en moins le goût des exactitudes tout en sachant bien qu’on n’invente pas les formes mais qu’on s’en souvient »... Il parle souvent et longuement de son travail : « je prends la palette. Je me donne encore cejourd’hui et demain pour m’entrainer à – imaginer – mes formes revêtues de couleur. Je suis déjà relativement fixé sur leur optique future – mais il me semble bien que je ne saurais l’être trop. J’ai retardé ce moment de mettre la main à la pâte parce qu’il me reste de la crainte. J’ai tout perdu de mon audace d’autrefois – sans être devenu timide pourtant. Il y a 20 ans je prenais une toile et j’y allais – vaille que vaille mais franchement. J’ignorais les dangers. – Aujourd’hui je suis hésitant sans doute pour les trop connaître. [...] Et vous évoquez le père Corot très justement. Lui il a pris de la pâte teintée plus ou moins fluide ou épaisse et il l’a étalée sans autre but que celui-ci : qu’elle fasse bien. Il ne s’est point laissé pervertir par un autre soin »... Le 16 décembre 1907, il illustre sa lettre d’un dessin : « j’ai commencé ma toile de 40 il y a quinze jours [...] un emmêlement de figures et de paysage. [...] Vous dire comment cette toile va tourner je ne puis encore [...] Je me hâte très lentement pour éviter la gaffe fatale »… Il commente aussi le travail de Luce, lui donnant encouragements et conseils : « J’aime bien vos compositions. La nature est verte en ce moment, n’y soyez pas trop fidèle. Le vert est une couleur si acide ; Sisley avait fini par ne pas s’en méfier assez »... Angrand commente sans cesse l’actualité artistique, soit après avoir vu une exposition, soit après avoir lu des critiques dans les journaux et revues et en interrogeant Luce, en attendant de voir par lui-même, car sa curiosité est sans cesse éveillée. Deux citations suffiront. « La campagne contre les fantaisies cubistes et autres se poursuit. Les officiels sont trop satisfaits du prétexte qui s’offre. Quelle bonne occasion pour eux de réagir et d’intriguer. […] Ce qui m’étonne dans le mouvement présent ce n’est pas tant la peinture – c’est l’opinion qu’on en a. C’est le sacre indulgent des Maîtres. Je trouve une disproportion entre les œuvres et les réputations. Dans peu ne trouvera-t-on pas ces œuvres vraiment faciles et superficielles et j’entends parler de l’honnête et sincère production. Est-elle beaucoup plus qu’un pittoresque aimable, cursif et souvent raté malgré tout. [...] j’aimerais mieux voir notre Signac lui-même – en plus haute lutte lui fut-elle désavantageuse – que de le voir pratiquer une virtuosité – certes chatoyante »… Et sur Matisse au Salon d’Automne : « ce n’est pas sans qualités. Mais il s’en trouve de tout à fait absentes et qui me paraissent à moi bien nécessaires. Négligences – qui facilitent –négligences, voulues aussi peut-être – il s’agit de dérouter le bon sens des gens. Car on sait que le génie est toujours un peu fou. Rendre les gens perplexes est d’une psychologie bien tentante – et c’est si facile à cette heure où tant de cerveaux snobs sont si malléables » ; quant au reste du Salon, « ce qui domine à la réflexion, c’est bien que la surface du tableau subit une modification nouvelle. [...] La disposition – ou mieux la composition – devient plus libre, plus décorative »... On trouvera ainsi d’intéressants jugements sur Degas, Anquetin, Rodin, Cézanne, Van Dongen, Maurice Denis, Marquet, etc. Angrand commente régulièrement les ventes d’art (collections Rouart, Chéramy, Doucet, etc.), les salons, les expositions du Louvre et des musées ou dans les galeries (Durand-Ruel, Bernheim, Vollard, Druet, Barbazanges, etc.), et se montre un lecteur assidu de la presse quotidienne et spécialisée… Il est très souvent question de Signac, dans presque chaque lettre, soit qu’il transmette à Luce les nouvelles qu’il en a reçues, soit qu’il réagisse à celles que lui a transmises Luce... Il parle aussi fréquemment de Cross, Théo Van Rysselberghe, Lebasque, Félix Fénéon, Bonnard, les Cousturier, ou encore les peintres rouennais qu’il fréquente : Louvrier, Delattre, Dubosc, etc. On joint un télégramme de son neveu annonçant la mort d’Angrand.

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