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Victor HUGO
ENSEMBLE DE QUATRE LETTRES LETTRE A.S À ALFRED ASSELINE Ensemble de quatre lettres
Estimation :
1 500 € - 2 000 €
Vendu:
5 200 €

Détails du lot

ENSEMBLE DE QUATRE LETTRES LETTRE A.S À ALFRED ASSELINE Ensemble de quatre lettres

LETTRE A.S À ALFRED ASSELINE
LA LETTRE DU 27 JUILLET 1866 : VIRULENT PLAIDOYER CONTRE LA PEINE DE MORT

2 p., in-12, papier bleu, encre noire. Signée " Victor Hugo ". Bruxelles 27 juillet 1866.
Alfred Asseline. Papier collant sur la marge gauche, débordant très légèrement sur le texte.

En juin1861 Alfred Asseline s'installe avec sa famille à Saint-Hélier, à Jersey. Il se rend régulièrement à Guernesey. En 1866, il demande à Victor Hugo d'intervenir afin de tenter de sauver de la condamnation à mort le citoyen Bradley. Victor Hugo écrit alors cette lettre : elle sera publiée le 8 août 1866 dans le journal " L'étoile Belge ". Comme nous pouvons le voir ici, Hugo utilise le tutoiement, Asseline lui reproduira le texte en usant du vouvoiement.

Bradley, assassin, avait été condamné à la pendaison. La Reine avait rejeté son pourvoi. Mais depuis cinquante ans on n'avait fait aucune exécution à Jersey et il y avait division parmi les habitants ; les uns pour la peine de mort, les autres contre. La réponse de Victor Hugo est un coup de tonnerre, une attaque frontale contre la peine de mort à Jersey, mais aussi contre toutes les formes de barbarie en Europe. Magnifique texte, d'une modernité prémonitoire absolue. Du très grand Hugo.


"Je suis en voyage, mon cher Alfred, et toi aussi. Je ne sais où t'adresser ma lettre. T'arrivera-t-elle? La tienne pourtant m'est parvenue. Mais pas un des journaux de Jersey dont tu me parles. Ton apostrophe Calcraft est d'une haute et ironique éloquence. On ne peut rien faire de mieux. Tu me fais appel, mais je ne sais pas le premier mot de cette lugubre affaire Bradley. Et puis, hélas! Que dire? Bradley n'est qu'un détail; son supplice se perd dans le grand supplice universel. La civilisation est sur le chevalet. En Angleterre on rétablit la fusillade, en Russie la torture, en Allemagne le banditisme. A Paris, abaissement de la conscience politique, de la conscience littéraire, de la conscience philosophique. La guillotine française travaille de façon à piquer d'honneur le gibet anglais! […] Partout le progrès est remis en question. Partout la liberté est reniée. Partout l'idéal est insulté. Partout la réaction prospère sous ses divers pseudonymes, bon ordre, bon goût, bon sens, bonnes lois, etc. : mots qui sont des mensonges.
Jersey, la petite île, était en avant des grands peuples. Elle était libre, honnête, intelligente, humaine. Il paraît que Jersey, voyant que le monde recule, tient à reculer, elle aussi. Paris a décapité Philippe, Jersey va pendre Bradley. Émulation en sens inverse du Progrès. Jersey affirmait le progrès ; Jersey va affirmer la réaction. Le 11 août, fête dans l'île. On étranglera un homme. Quel démenti à Dieu qui a tant fait pour ce charmant pays! Quelle ingratitude envers cette douce, sereine et bienfaisante nature! Un gibet à Jersey! Hélas, qui est heureux devrait être clément. J'aime Jersey, je suis navré. Publie ma lettre si tu veux, et si tu peux; car c'est difficile. Tout aujourd'hui s'efforce d'étouffer la lumière. Ne nous lassons pas cependant; et, si le présent est sourd, jetons dans l'avenir qui nous entendra, les protestations de la vérité et de l'humanité contre l'horrible nuit. Ton vieil ami, Victor Hugo."


LETTRE ANNONCANT LA RUPTURE AVEC SON ÉDITEUR LACROIX EN 1869

1 p., in-12, papier bleu, encre noire. Signée Victor Hugo. Hauteville House, avril 1869.

En avril 1869, Victor Hugo toujours en exil, vient d'appendre la publication de L'Homme qui rit, commise contre sa volonté par son éditeur belge, Albert Lacroix. Il lui écrit ici pour lui signifier son opposition farouche qui entraînera la rupture avec celui-ci :
"Moyennant la somme de quarante mille francs par volume, et non de cinquante mille francs, comme on l'a imprimé par erreur, vous avez acquis de moi le droit de publication et de traduction, pendant douze années, de L'Homme qui Rit, et d'un autre ouvrage que j'aurai à vous livrer plus tard.
Aujourd'hui vous faites paraître L'Homme qui rit dans des conditions de publications imprévues et inusitées, et qui, en équité, excèdent évidemment votre droit.
Les remontrances ont été vaines. Vous avez persisté et vous persistez. Je ne m'adresserai pas aux tribunaux. La perte de mon procès contre le théâtre italien, procès gagné ensuite par Madame Scribes, m'a prouvé que, dans ma situation, être hors de France, c'est être hors la loi. Cette situation, je l'accepte. […] Le mode inattendu de publication adoptée par vous pour ce livre, m'étonne, je le déclare, je n'en suis pas solidaire, et je tiens à le dire hautement". Joint :

Lettre A.S. 2 p., in-12, papier bleu, encre noire. Signée "Victor Hugo". Hauteville House, 28 janvier 1863.

Correspondance avec un historien concernant Waterloo. "L'histoire se borne à dire la vérité. Je ferais observer que providence est synonyme de progrès, qu'attribuer la défaite de Waterloo à la providence, c'est l'attribuer au progrès […]"

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