Petites annotations dans la marge sur le verso
Chromatic notation, watercolour gouache on pencil strokes, double-sided, by C. Filiger
9.65 x 10.43 in.
Collection Antoine de La Rochefoucauld (1862 - 1960) ;
Collection du peintre Émile Bernard (1868 - 1941) ;
Collection Monsieur & Madame Altarriba ;
Collection Gérard Lévy ;
Puis par descendance
Il Sacro e il profano nell’Arte dei Simbolisti, Turin, Galleria Civica d’Arte Moderna, juin – août 1969, cat. n° 135 : « Notazione Cromatica », reproduit p. 127
Charles Filiger, Strasbourg, l’Ancienne Boucherie – Musée Historique, 16juin – 2 septembre 1990, cat. n° 67 et 70 p. 218 : « Figure Solaire No. 3 / Notations Chromatiques (double face) », reproduit p. 212
L’aventure de Pont-Aven et Gauguin, Paris, Musée du Luxembourg, 2 avril – 22 juin 2003 ; Quimper, musée des Beaux-arts, 12 juillet – 30 septembre 2003, cat. n° 126 : « Notation Chromatique », reproduit p. 339
Jacob, Mira, Filiger l’Inconnu, les Musées de la Ville de Strasbourg, 1990, cat. n° 132 : « Figure Solaire No. 3 / Notations Chromatiques (double face) », reproduit p. 98
Cette magnifique aquarelle recto-verso de Charles Filiger figure parmi les rares « Notations chromatiques » de l’artiste, qui n’ont semble-t-il pas encore révélé tout leur mystère. C’est au poète André Breton, fervent admirateur de l’artiste, que l’on doit cette appellation, tel qu’il le précise dans la liste des œuvres de la collection qu’il a établie : « ainsi doivent être désignées les compositions suivantes, conformément à une inscription de la main de Filiger relevée au dos d’une d’entre elles[1] ». Ce nom et cet adjectif de « Notation chromatique » reviennent en effet à plusieurs reprises dans les annotations autour de ce type de dessins, sans qu'on puisse affirmer qu'il s'agisse de leurs titres, mais ils ont été aujourd’hui admis par les historiens de l’art. Ces aquarelles, qui ressemblent à des effets de kaléidoscopes centrés autour d'une tête mi-humaine, mi-animale, entre mandalas et outils d'exploration de la conscience, sont difficilement compréhensibles sinon à travers les annotations qui les accompagnent. Filiger emploie le nom « opus » et donne des numéros comme s'il s'agissait d'une série. Les mêmes expressions, associées au travail en cours, reviennent : unifier davantage, reprendre, revoir sommairement, pousser plus avant, etc. Les mots se retrouvent : harmonie générale, progression chromatique, méthodique, rationnel, logique, méthode, unité chromatique, simplification, unité, uniformité, unitaire, schématique, etc. Certains mots sont soulignés, d'autres effacés et repris. Pensée, écriture et dessin ne peuvent être dissociés. Parfois, le peintre se parle à lui-même, explicitant son travail, relevant des corrections à effectuer et s'encourageant. Ces annotations renforcent le caractère énigmatique de ces « images » savamment géométrisées et colorées selon un ordre rigoureusement établi et harmonieux. Par leur recherche incessante d’une perfection formelle, elles traduisent l’obsession esthétique, sans aucune concession, qui n’eut de cesse d’habiter Charles Filiger.
[1] Quimper, Musée des Beaux-Arts, fonds Charles Filiger.