En or émaillé.
Croix à quatre branches à doubles pointes émaillées vertes pales, bordées d’un filet blanc.
Chaque branche est reliée à l’autre par des fleurons en or ciselé. Avers du centre marqué à l’or du chiffre du roi fondateur « FA » sous couronne et entourée d’une frise de trèfles émaillés verts.
Revers marqué à l’or de la devise de l’ordre « PROVIDENTIAE MEMOR » entourée d’une frise de trèfles émaillés verts.
Anneau de suspente transversal.
Écharpe en moire verte, froncée, avec attache en soie verte.
Diam. (bijou) : 7,5 cm - Poids brut : 32 g
T.B. (Éclats sur trois branches à l’avers et revers) Époque Premier Empire
Provenance :
- Appartenait à l’empereur Napoléon Ier.
- Prise dans la berline de l’Empereur à Waterloo.
- Donnée après la bataille de Waterloo, par le maréchal Blücher au Major-général Wilhem Benjamin van Panhuys, représentant les Pays Bas à l’État-major de Blücher, puis descendance.
- Acquis par le prince Louis II de Monaco.
- Vente de la collection napoléonienne du Palais Princier de Monaco (2e vente, lot 123)
Était mentionnée dans les archives du Musée napoléonien de Monaco la traduction du certificat donné par G.E.A. van Panhuys, fils du général :
« Je soussigné G.E.A. van Panhuys, Lieutenant-général, en retraite, Aide de camp en service extraordinaire de S.M. le Roi des Pays Bas déclare que : Fils unique du major général W.B. van Panhuys, de son vivant gouverneur du Surinam (actuelle Guyane hollandaise), décédé en 1816, possède en tant qu’héritier une partie des décorations qui ont été trouvées après la bataille de Waterloo dans la voiture de voyage de l’Empereur Napoléon I, et qui ont été données par le Maréchal Prince Blücher au susdit Major Général. Celui-ci avait pris part aux batailles de Ligny et de Waterloo auprès du Maréchal en qualité de Commissaire de S.M. me Roi des Pays-Bas. Ce don a été remis au Général-major van Panhuys ainsi que le prouve la copie de l’ordonnance du Roi de Prusse datée du 3 mai 1815 et la lettre du même datée de Paris le 28 août 1815. Les six décorations suivantes qui avaient appartenu autrefois à l’empereur Napoléon I qui sont venues en possession du Général Van Panhuys.
1- Plaque de la Légion d’honneur.
2- Plaque de l’ordre danois de l’Oliphant (sic)
3- Bijou de l’Ordre saxon de la Couronne de la Rue avec le grand ruban vert.
4- Plaque de l’ordre wurtembergeois de l’Aigle d’Or dit « Jagdorden »
5- Bijou de cet ordre.
6- Plaque de l’ordre badois « Pour le Mérite ».
A knight decoration of the Street Crown, given by the King of Saxony to the Emperor Napoleon I, in gold and enamel
Commentaire :
Seulement onze français furent décorés de l’ordre qui sera le plus prestigieux ordre saxon jusqu’à sa disparition en 1918.
Napoléon Ier fut nommé chevalier le 20 juillet 1807 par le Roi Frédéric Auguste de Saxe et décoré par le Roi à Dresde. Ce dernier fut fait grand aigle de la Légion d’honneur.
Le lieutenant général von Funck notera dans ses mémoires :
« L’effet produit était assez bizarre : le long cordon vert du roi allait presque aux genoux de l’Empereur, tandis que Frédéric Auguste portait le cordon rouge de Napoléon très court, à la manière d’une cartouchière. »
Œuvre en rapport :
- La plaque de l’ordre, fabriquée par Biennais, fut donnée par Blücher au lieutenant von Wussow (1792-1887). Conservée dans une collection particulière et exposée au musée de la Légion d’honneur et des ordres de chevalerie
Exposition et bibliographie :
- Jean Tulard (sous la direction de), La Berline de Napoléon – Le mystère du Butin de Waterloo, reproduit au catalogue, p.216-219, Albin Michel, 2012.
Contexte :
Le soir du 18 juin 1815, l’Empire s’écroule.
C’est la fin d’une aventure hors du commun qui se termine avec la retraite généralisée de l’armée française sur le champ de Waterloo, parfois en bon ordre, parfois dans le chaos, face aux anglo-prussiens victorieux.
L’obsession des vainqueurs est de capturer l’Empereur des français sur le champ de bataille, mais Napoléon leur échappe.
Toutefois, sur la chaussée de Genappe, dans le chaos ambiant, les prussiens s’emparent d’un grand nombre de voitures.
Les équipages de l’Empereur sont constitués de deux voitures, plus trois autres appartenant à la Maison de l’Empereur.
En tout quatorze voitures sont mobilisées pour la campagne de Belgique, certaines appartenant au Trésor impérial, d’autres à des officiers supérieurs. Seulement neuf rentrèrent de la campagne.
Parmi les cinq voitures prises, deux appartiennent à l’Empereur Napoléon Ier, une dormeuse et un landau : le mythe de la « Berline de Waterloo » est né.
Dans ces voitures furent pris un grand nombre d’objets personnels de l’Empereur : des armes, des pièces de son orfèvrerie de campagne et sans doute la partie la plus symbolique du butin : ses ordres de chevalerie. Ces derniers objets représentaient tout ce que les Alliés haïssaient en Napoléon : l’histoire d’un jeune officier corse ayant su s’élever par le mérite et parlant d’égal à égal aux souverains européens de vieilles lignées.
Le destin de ce butin est un livre d’histoire à lui seul : les objets furent pour certains offerts au général Blucher dont l’épée, le chapeau et l’uniforme de l’Empereur selon les témoignages du temps. Certaines pièces furent conservées par les officiers ayant participé au pillage.
La majeure partie des ordres de chevalerie furent conservées à Berlin au Zeughaus jusqu'à la deuxième guerre mondiale (l’ordre de la Couronne de Rue ne faisait pas partie des pièces présentes puisque offert par le général Blucher au Major général van Panhuys) Le butin de la berline continua son histoire tortueuse puisque la majeure partie des pièces furent convoyées depuis l’Allemagne jusqu’à Moscou en mai 1946 où ces ordres sont conservés de nos jours au musée historique de Moscou : « Vae Victis » !
Quelques rares pièces, exceptionnelles, restent de nos jours en mains privées, dont notre bijou de chevalier de la Couronne de Rue (également nommé Couronne de Saxe) .