Sur ses conditions d’incarcération et les techniques d’évasion.
Dans Lettres, notes et carnets, l’amiral Philippe de Gaulle précise : « En mars 1917, il est toujours à Ingolstadt, d’où il a fait une première tentative d’évasion le 29 octobre 1916 et où il a été ramené début novembre. »
18 mars. « Votre lettre du 5 me demande avec une ombre d’inquiétude des nouvelles de ma santé : elle est excellente. Quant à me faire photographier, je le puis très certainement, mais dans ma lamentable situation actuelle, je m’y refuse absolument. Oui, nous avons ici un prêtre français qui remplit les fonctions d’aumônier »…
21 mars. Après s’être inquiété de ne pas avoir de nouvelles de sa sœur Marie-Agnès il poursuit en évoquant son quotidien de prisonnier : « L’hiver est décidément fini. À part de fréquentes giboulées la température est devenue clémente. Vous me demandez souvent si je me promène. Oui, deux heures par jour au moins à l’intérieur du fort. Le plus réconfortant dans notre situation est l’excellente camaraderie qui règne entre nous, ce qui nous empêche d’être jamais seuls même moralement. Nous avons d’ailleurs une bibliothèque assez bien fournie. […] Nous avons d’ailleurs au Fort 9 des cours assez grandes pour pouvoir y faire du sport. »
Il poursuit en évoquant les vivres et effets personnels envoyés par sa mère : « Vos paquets m’arrivent d’une façon régulière, ma bien chère Maman, y compris votre pain qui est excellent. Les chaussures sont arrivées et me vont fort bien. Je vous répète que cela m’est indifférent de recevoir des boîtes de conserve faites à la maison ou d’autres : je pensais que cela serait plus économique. Merci également pour vos cigarettes.
Encore une fois, ne vous préoccupez d’aucune façon de ma santé qui est fort bonne. Du reste, mon sort ne présente aucun intérêt puisque je ne suis bon à rien. »
L’outillage nécessaire à ses évasions était caché dans cinq boîtes de conserve truquées.
LNC, I, p. 326-328.
On joint une L. A. S. du capitaine Bataille au commandant de Gaulle, Jarnac 18 mars 1917 (4 p. in-8), donnant des nouvelles des officiers du 33e, dont Charles « signalé prisonnier »…