Marie Bracquemond, Bernheim-Jeune 1919, cat. n° 134 : « Portrait de Marie Bracquemond » [reproduit en page de garde du catalogue].

Figurant parmi les rares feuilles reproduites au sein du catalogue de l’exposition Bernheim-Jeune de 1919, ce saisissant autoportrait de Marie, gravé à l’eau-forte en 1880, peut vraisemblablement être daté des années qui suivent le mariage du couple Bracquemond en 1869. Alliant le fusain à quelques rehauts de gouache blanche, l’artiste se représente assise, vêtue d’une robe noire, tenant un grand éventail déployé devant son buste. Dans une forme de minimalisme résolument moderne, Marie se prive de toute mise en scène, de tout décor ou mobilier pour ne laisser sur la feuille que sa propre figure. Ainsi, elle offre la part belle à l’expression forte et énigmatique de son visage. Outre son regard noir, elle suggère en quelques traits subtils de modiste ses cheveux relevés et noués en un élégant chignon, suscitant l’admiration de Gustave Geffroy : « Ses portraits achèvent de rendre sa présence réelle, […] les véridiques portraits qu'elle fit d'elle-même, […] où la jeune femme est rayonnante de vie, d’intelligence, de la splendide ardeur de vivre^[1]. »

[1] Gustave Geffroy, in Exp. Marie Bracquemond, Bernheim-Jeune 1919.