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Marie BRACQUEMOND
Le peintre (James Tissot ?) et son modèle dans un jardin fleuri, dit aussi « Étude d’après nature »
Estimation :
15 000 € - 20 000 €
Vendu :
118 080 €

Description complète

Le peintre (James Tissot ?) et son modèle dans un jardin fleuri, dit aussi « Étude d’après nature »
Huile sur toile

Signée et datée 'Marie Bracquemond. 1880' en bas à droite

Sans cadre


The painter (James Tissot ?) and his model, oil on canvas, signed and dated, by Marie Bracquemond

16.53 × 21.25 in.

54 cm x 42 cm
Expositions :

Cinquième exposition impressionniste: 5e exposition de peinture par Mme M. Bracquemond, M. Bracquemond, M. CaillebotteMlle Cassatt, M. Degas, MM. Forain, Gauguin, Guillaumin, MM. Lebourg, Levert, Mme Berthe Morisot, MM. Pissarro, M. Raffaëlli, Rouart, Tillot, Eug. Vidal, Vignon, Zandomeneghi, du 1er au 30 avril 1880, Paris, 10, rue des Pyramides, 1880, cat. n° 1 : « Étude d’après nature ».

Œuvres de Marie Bracquemond, préface de Gustave Geffroy, Paris, Galerie Bernheim-jeune, 19-31 mai 1919, cat. n° 40 : « Le Peintre ».

Bibliographie :

Bouillon, Jean-Paul, « Marie Bracquemond, la "dame" de l'impressionnisme », L’Estampille/l’Objet d’art, n° 458, juin 2010, repr. p. 60-61.

Pfeiffer, Ingrid (dir.), cat. exp. Women impressionists. Berthe Morisot, Mary Cassatt, Eva Gonzales, Marie Bracquemond (Francfort, Schirn Kunsthalle Frankfurt, 22 février – 1er juin 2008, San Francisco, Fine Arts Museums of San Francisco, 21 juin – 21 septembre 2008), repr. p. 236.

Commentaire :

La toile que nous présentons fait partie des trois envois de Marie Bracquemond à l’exposition impressionniste de 1880. Premier numéro au catalogue de la célèbre manifestation, elle est exposée sous un titre assez évocateur pour l’impressionnisme : « Étude d’après nature », renvoyant naturellement au pleinairisme cher au mouvement d’avant-garde. Grâce aux textes des critiques, notamment celui de Philippe Burty dans La République française du 10 avril 1880, notre tableau a pu être identifié avec certitude : « Une jeune femme en blanc posant pour un peintre dans un verger »1. En effet, Marie joue avec les codes propres à l’impressionnisme en montrant à voir le travail d’un peintre sur le motif, « d’après nature » pour reprendre le titre, non pour saisir les aspects changeants et éphémères de la lumière d’un après-midi de printemps, mais bien pour s’attacher à réaliser le portrait d’une élégante, in situ. La toile se veut donc programmatique, dans un contexte qui voit s’opposer les clans esthétiques au sein du groupe impressionniste. Sans doute encouragée par Degas qui lui vouait alors une authentique admiration (cf. n° 21 de notre vente), Marie a opté pour des sujets modernes mettant en scène la figure humaine, au travers d’un dessin soigné et d’une composition solidement structurée, comme en témoignent plusieurs études préparatoires (fig. 1 et n° 61 de notre vente). L’artiste garde toutefois un certain nombre de points communs avec ses confrères paysagistes, défenseurs d’une plus grande spontanéité plastique. Notre toile offre en effet la part la plus séduisante de la peinture de Marie, par l’association d’une touche très libre et papillonnante à une gamme chromatique vive et claire, évoquant les œuvres d’Eva Gonzales, Mary Cassatt ou Berthe Morisot. La robe blanche et chiffonnée du modèle n’est plus que le prétexte à traduire les reflets de lumière sur l’étoffe en des effets de pâte qui se déploient librement et qui témoignent d’une parfaite maitrise technique, suscitant quelques années plus tard les éloges de Gustave Geffroy « Là, dans la représentation du peintre travaillant à une étude d’après nature, […] par le faire aisé, la peinture de premier jet d’après des études le plus souvent dessinées, il y a une parenté avec la peinture du siècle dernier, une continuation d’art sans imitation, avec l’ajouté d’un sentiment très vif de la modernité, d’une originalité rapide et franche »2. La femme en blanc posant à gauche n’est autre que Louise, la demi-sœur de Marie, qui est à l’époque son modèle favori. La physionomie singulière et élégante du peintre au travail sous son parasol à droite fait inévitablement penser à James Tissot (fig. 2), reconnaissable à sa mèche et ses moustaches gominées. Ce dernier avait assimilé dès les années 1860 les innovations portées par les avant-gardes parisiennes en y ajoutant une certaine esthétique victorienne très en vogue outre-manche, avec comme Marie Bracquemond le souci constant d’allier un savoir-faire traditionnel à une vision résolument moderne.

 

1. Philippe Burty, « Exposition des Œuvres des Artistes indépendants », La République française, 10 avril 1880.

2. Gustave Geffroy, « Marie Bracquemond », La Vie artistique, III, Paris, 1894.

 

Fig. 1 : Marie Bracquemond, étude de femme pour ‘Le Peintre’, mine de plomb (36,8 x 26,7 cm), Paris, musée d’Orsay.

 

Fig. 2 : Robert Jefferson Bingham, Portrait de James Tissot (1836-1902), circa 1860-75, Tirage sur papier albuminé, Bibliothèque nationale de France.

 

Fig. 3 : Cinquième exposition impressionniste, 1er - 30 avril 1880, Paris, 10 rue des Pyramides, catalogue, BNF.


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