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Pieter AERTSEN
Benjamin et ses frères accueillis par Joseph
Estimation :
30 000 € - 40 000 €
Vendu:
36 736 €

Détails du lot

Benjamin et ses frères accueillis par Joseph
Huile sur panneau de chêne, trois planches, renforcées

Daté '1551 / 5 feb' en haut à gauche
Un cachet de cire rouge au verso
(Soulèvements et manques en bas à droite)

Benjamin and his brothers welcomed by Joseph, oil on oak panel, by P. Aertsen

Provenance :

Peut-être collection Jan Pietersz. Reael, Amsterdam, 1604, "l'Histoire de Joseph", selon Karel van Mander ;
Chez Jacques O. Leegenhoek, Paris, vers 1975 ;
Collection particulière franco-belge depuis les années 1970

Bibliographie :

Peut-être Karel van Mander, 'Le Livre des peintres. Vie des Peintres flamands, hollandais et allemands, 1604', (traduction, notes et commentaires par Henri Hymans), tome I, Paris, 1884, p. 356
Mary Braman Buchan, 'The paintings of Pieter Aertsen (volumes I and II)', New York University, thèse de doctorat, 1975, p. 77- 81, p. 106, p. 196, no 7, p. 251, ill. 11

Commentaire :
Mieux connu pour ses scènes de cuisine et de marché où les étals présentent d'abondantes victuailles, Pieter Aertsen puise pour notre tableau dans l''Ancien Testament', une source plus rarement exploitée par le peintre. Notre œuvre représente un épisode de l'histoire de Joseph ('Genèse', 43-45). Joseph, debout portant une cuirasse rouge, accueille ses frères en Egypte après leur avoir accordé son pardon. Le jeune frère de Joseph, Benjamin, tombe à ses genoux. A droite de l'œuvre est représenté un autre épisode de l'histoire : Joseph ordonne à son serviteur de cacher sa coupe d'argent dans le sac de Benjamin pour éprouver ses frères, un épisode qui conduira après l'intervention de Judas en faveur de Benjamin, aux retrouvailles familiales.
Après avoir reçu sa formation dans sa ville natale, Pieter Aertsen s'établit dans les Pays-Bas méridionaux, d'abord dans le Hainaut puis à Anvers où il est inscrit à la Guilde de Saint-Luc en 1535 et où il se marie en 1542. Dès les années 1540, il peint de grands retables religieux puis se consacre également, à partir de 1550, à la réalisation de scènes de la vie quotidienne : des scènes de marché ou de cuisines auxquelles il ajoute parfois en arrière-plan des scènes religieuses appropriées.
Notre tableau révèle un nouvel intérêt pour l'Antiquité classique qui peut-être rend compte des développements artistiques contemporains portés par les peintres romanistes comme Frans Floris et Maarten van Heemskerk qui séjournèrent tous deux dans la ville éternelle. Dans cette tradition, Aertsen associe des vêtements antiques réels à des costumes plus fantaisistes. Ainsi certains éléments comme les bonnets phrygiens portés par l'entourage de Joseph ou la cuirasse de Joseph sont peut-être des citations d'estampes de Marcantonio Raimondi réalisées à Rome dans les années 1520-15251.
Mary Buchan rapproche stylistiquement notre œuvre datée de 1551 de la 'Fête paysanne' conservée au Kunsthistorisches Museum de Vienne de 15502. Notre tableau s'inscrit en effet sans peine dans la production du début des années 1550 du peintre. La Danse de l'œuf de 1552 conservée au Rijksmuseum d'Amsterdam (huile sur panneau, 84 x 172 cm, SK-A-3) ainsi que 'Le Christ dans la maison de Marthe et Marie' du musée Boijmans van Beuningen de Rotterdam du 27 juillet 1553 (huile sur panneau, 200 x 126 cm, n° d'inv. 1108 (OK) (fig. 1) présentent un certain nombre d'analogies avec 'Benjamin et ses frères accueillis par Joseph' dans la physionomie des personnages aux longs bras, l'ordonnancement des scènes ou encore dans la rhétorique des gestes.
Comme il en a l'habitude, le peintre indique sur notre panneau une date précise d'exécution, 5 février 1551. Si elle n'est pas unique, cette pratique est relativement rare. On l'observe par exemple chez Dirck Vellert (Amsterdam, 1480-Anvers, 1547) sur ses dessins préparatoires au vitrail. Une copie de notre tableau vendue à Amsterdam chez Mak van Waay le 25 juin 1957 sous le nom d'Aert Pietersz. (no 1, huile sur panneau, 77 x 129 cm) est signalée par Mary Buchan3. Considéré comme l'un des peintres néerlandais les plus importants de son époque, des répliques de ses œuvres circulèrent sur le marché de son vivant. Certains furent produites par son atelier tandis que d'autres émanèrent de l'atelier de son élève et assistant Joachim Beuckelaer (v. 1533-1575) qui reprit l'officine anversoise après le retour d'Aertsen à Amsterdam.

1. Voir sur cette question, Mary Buchan, 'op. cit'., p. 78-79. Elle évoque notamment le 'Rapt d'Hélène' et 'David décapitant Goliath'.
2. 'Ibid.', p. 77
3. 'Ibid.', p. 196

Nous remercions Peter van den Brink de nous avoir aimablement confirmé l'authenticité de cette œuvre d'après photographies en date du 2 novembre 2023 et pour son aide à la rédaction de cette notice.

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