Ce dessin s'inscrit dans la production de copies d'après les maîtres italiens contemporains que Natoire exécute lorsqu'il est directeur de l'Académie de France à Rome de 1751 à 1775. Sur une première pensée à la pierre noire, Natoire trace son dessin à la plume d'un trait sûr. Le vocabulaire graphique esquissé ici développé (des triangles, des cercles, ou des points pour former des yeux, un nez, une bouche) est caractéristique des dessins du second séjour romain de Natoire. Il travaille ici d'après une composition de Giacinto Calandrucci (1646-1707). Elève de Carlo Maratta, Calandrucci poursuit les développements artistiques de son célèbre maître qui revendiquait l'héritage d'Andrea Sacchi (1599-1661), de l'Albane, des Carrache mais aussi de Raphaël. Les nombreux disciples de Maratta participent à la réception de son œuvre jusqu'aux années 1730, inspirant ainsi les nombreux artistes actifs dans la Ville Eternelle à cette époque dont Natoire qui effectue son premier séjour à Rome en tant que pensionnaire de l'Académie de France entre 1723 et 1729. Notre feuille nous offre ici non pas un exercice académique mais un véritable témoignage de l'intérêt que porte Natoire aux travaux des disciples de Maratta. La vogue croissante dont jouit l'école romaine du XVIIIe siècle auprès des amateurs parisiens dut en outre inciter le peintre à produire plusieurs versions de ces copies d'après les maîtres. Le présent dessin reproduit une étude préparatoire non retenue que Giacinto Calandrucci exécuta pour la fresque peinte de la grande nef de l'église romaine Santa Maria dell'Orto (vers 1703-1706), dont il existe deux versions presque identiques, l'une à Chicago (The Art Institute, inv. 1922.701) et l'autre à Rome (Istituto nazionale per la Grafica, inv. FN 9169). Une seconde copie de Natoire d'après cette même étude de Calandrucci nous est connue1. Elle est, contrairement à notre feuille, exécutée directement à la plume. 1. Elle est conservée au Art Institute de Chicago (inv. 1976.344), voir Susanna Caviglia-Brunel, 'Charles-Joseph Natoire', Paris, 2012, p. 473, n° D.759 Nous remercions Madame Susanna Caviglia de nous avoir aimablement confirmé l'authenticité de ce dessin d'après photographie le 3 janvier 2024 ainsi que pour son aide à la rédaction de cette notice.