Notre dessin fait partie d'une suite de quatre feuilles homogènes appartenant à un cycle sur l'Histoire de Cyrus et de Panthée (la Kunsthalle de Hambourg conserve notamment une feuille de même dimensions représentant 'Abradate faisant ses adieux à Panthée avant la bataille' (fig.1)), qui pourrait être mis en rapport avec la parution de la pièce de Alexandre Hardy (vers 1570-1632) en 1624, 'Panthée', apparemment jouée sur scène dès 1604.
Le point de départ de l'argument est tiré de la 'Cyropédie' de Xénophon. Plus romanesques que Xénophon, les auteurs français de la seconde partie du XVIe et du début du XVIIe siècle raffolaient du mélange exotique des amours chevaleresques que pouvait offrir cette histoire. Ils laissaient libre cours à leur imagination sans trahir l'Histoire puisque Xénophon lui-même avait écrit un roman philosophique plus qu'un récit historique. En 1571, une 'Panthée, tragédie prise du grec de Xénophon, mise en ordre par Gaye Jules de Guersens' surgit ainsi à Poitiers. En 1608, un avocat d'Angers, C. Guérin Daronnière, donna sa version de 'Panthée'. Le succès théâtral ne se démentait pas, la 'Panthée' de Hardy semble avoir été donnée sur scène dès 1604, tandis qu'une autre version par Claude Billard de Courgenay paraissait en 1610.
Les turbans empanachés et les vêtements bouffants sont encore imprégnés de l'esprit bellifontain d'artistes comme Ambroise Dubois. La Hyre reprend le thème vers 1631-1634, pour une série de tableaux toujours inspirée de Hardy, avec de nouvelles compositions. Il est probable qu'il ait élaboré un décor complet sur le thème de Panthée pour un lettré. Le thème continue à passionner le public français, puisque l'une des compositions de La Hyre est utilisée par Pierre Daret en guise de frontispice d'une tragédie publiée par Tristan L'Ermite en 1639.