Commentaire :
Aîné d'une famille de quatre enfants, Adam-François van der Meulen débute son apprentissage en 1646 chez Peter Snayers, peintre de batailles à la cour de Bruxelles. Il épouse très vite ce genre en plein essor depuis la guerre de Trente Ans. Son nom sera, dès 1664, irrémédiablement lié à la gloire des armées de Louis XIV. Dès son accession au trône en 1661 le jeune roi fait des recommandations claires aux membres de l'Académie : " Je vous confie la chose au monde qui m'est la plus précieuse qui est ma gloire ". Dès lors, il incombe à Le Brun de mettre l'ensemble des arts libéraux au service de la monarchie. Le premier peintre du roi commence alors, conformément aux directives de Colbert, à attirer au service du roi de France les artistes les plus habiles. Ses recherches dépassent les frontières et van der Meulen retient très tôt son attention. Ce dernier reçoit une lettre de la main de Le Brun le priant de rejoindre Paris pour entrer au service du roi moyennant une pension annuelle de 2 000 livres. Dès son arrivée van der Meulen est invité à participer aux campagnes menées par Louis XIV dans les Flandres. Son travail consiste à proposer des œuvres représentant la magnificence du roi devant les places fortes qui viennent d'être conquises.
Notre peintre n'est pas resté célèbre uniquement pour ses scènes de batailles mais aussi en raison d'un autre projet d'envergure décidé par le jeune roi Louis XIV : Les Maisons royales. A l'instar de la suite des chasses royales et princières tissées à la demande de l'empereur Maximilien d'après les cartons de Bernard van Orley, Louis XIV commande une suite de douze compositions correspondant aux mois de l'année. Au long de ce cycle régit par le soleil le roi est représenté devant ses différentes résidences, exerçant son activité favorite : la chasse. L'organisation globale du projet incombe immanquablement à Charles Le Brun mais ce dernier charge van der Meulen de concevoir une part importante des figures mais aussi parfois des architectures. Comme l'explique si bien Isabelle Richefort en montrant que les scènes sont souvent parfaitement composées mais ne reflètent en aucun cas une action qui aurait eu lieu : " son sens de l'anecdote et du pittoresque parvient à donner à la scène un caractère spontané et véridique1".
Alors que l'artiste est occupé à participer à la réalisation des cartons de la suite de tapisserie, il peint en même temps quelques tableaux pour orner les résidences royales. Notre composition est connue par une autre version conservée au musée du Louvre (huile sur toile, 96 x 126 cm., inv. 1520) légèrement plus réduite à droite, conçue pour faire pendant à la Vue du palais de Versailles (huile sur toile, 95 x 127 cm, MV 725). Les variantes entre les différentes versions d'une même composition sont faibles comme toujours dans les reprises de van der Meulen dans lesquelles la participation de collaborateurs est récurrente. L'héritage flamand du peintre se discerne à travers la lumière froide qui baigne la généreuse et verdoyante nature de l'Ile-de-France. La richesse des habits des pages, la précision des architectures de l'ensemble palatial de Vincennes et la délicatesse des compagnies de mousquetaires dont les chevaux gris parsèment la plaine tel un troupeau de moutons sont autant de ravissements pour les yeux du spectateur.
1. Isabelle Richefort, Adam-François van der Meulen, Bruxelles, 2004, p. 84.
Lot en importation temporaire
L'acquéreur devra acquitter des frais d'importation, soit 5,5% en sus du prix d'adjudication sauf s'il réexporte immédiatement le lot hors de l'Union Européenne.
Lot in temporary importation.
In addition to the commissions and taxes, and additional import fees of 5,5% of the hammer price will be charged. The import fees can be retroceded to the purchaser on presentation of written proof of exportation outside European Union.