Commentaire :
Christine de Lorraine (1565-1637) est la fille de Charles III, duc de Lorraine et de Bar, et de la princesse Claude de France, l'un des sept enfants du roi Henri II et de Catherine de Médicis. Après la mort prématurée de sa mère, elle est élevée par sa grand-mère, qui arrange personnellement son mariage avec son lointain cousin Ferdinand Ier de Médicis (1549-1609). Nommé cardinal en 1562, ce dernier n'est au départ pas destiné à régner. Il succède à son frère ainé François, qui meurt en 1587 dans de mystérieuses circonstances et devient grand-duc de Toscane à sa suite.
Bien que motivée par la volonté de Catherine de Médicis de préserver le lien entre la France et la Toscane, cette union entre Christine de Lorraine et Ferdinand de Médicis en 1589 n'est politiquement pas anodine. La France était marquée dans la seconde moitié du XVI e siècle par des troubles politiques, religieux et sociaux liés aux rivalités entre les différentes familles nobles de France. Les trois fils de Catherine de Médicis et Henri II étaient par ailleurs trop jeunes pour offrir des héritiers, affaiblissant ainsi la situation politique du Royaume. Christine de Lorraine étant la nièce du roi Henri III, un mariage avec une princesse en partie Valois était pour la famille Médicis un moyen de s'émanciper des Habsbourg du Saint-Empire romain germanique, alliance qui profitait également au Royaume de France. Les banquiers toscans soutenant significativement les finances françaises, l'importance de la dot de Christine de Lorraine (600 000 scudi auxquels s'ajoutent des bijoux) témoigne de l'urgence de la couronne d'unir les deux familles, après presqu'un an de négociations.
Le mariage de Christine de Lorraine et de Ferdinand de Médicis est spectaculaire et met à l'honneur la grandeur de la famille Médicis au zénith de sa prospérité. Les festivités comprennent tournois, banquets, ainsi que plusieurs performances au théâtre Médicis (au sein des Offices) et au Palais Pitti, comme la pièce de théâtre lyrique 'La Pellegrina', écrite par Girolamo Bargagli et présentée en l'honneur des mariés. Christine de Lorraine et Ferdinand de Médicis effectuent un long voyage cérémoniel à travers les provinces de la Toscane, qui s'achève par une entrée triomphante à Florence. Ce faste et cette grandeur artistique permettent d'asseoir et de diffuser le pouvoir et le prestige de la dynastie des Médicis. Ce mariage d'intérêt au premier abord devient une heureuse union. Ferdinand et Christine ont huit enfants, dont Côme II de Médicis qui succèdera à son père. En Toscane, Christine œuvre à la fondation de nombreux couvents et monastères. A la mort de son mari en 1609 elle assure la régence du Grand-Duché de Toscane.
Ce portrait de la grande-duchesse de Toscane arbore une richesse et un apparat majestueux, à l'image de la grandeur des Médicis et de l'importance de cette union, soulignée par la présence de la couronne ducale, œuvre de l'orfèvre de la cour Jacques Bylevelt. Un 'Portrait de Christine de Lorraine, grande-duchesse de Florence' réalisé par le peintre Scipione Pulzone est conservé à la Galerie des Offices, et servit de modèle à notre portrait. Faisant partie d'une série de portraits officiels des membres les plus éminents de la famille Médicis, cette œuvre avait été commandée par Ferdinand Ier.