Commentaire :
C'est par l'intermédiaire du maréchal Maurice de Saxe, dont il avait peint le portrait en 1748, que le genevois Jean-Etienne Liotard fut introduit à Versailles et se vit confier les portraits de toute la famille royale, à l'exception de la reine. Exécutés au pastel ou sur toiles, ils furent pour beaucoup d'entre eux exposés au Salon de l'Académie de Saint Luc en 1751 et 1752. Huit sont aujourd'hui conservés à Stupinigi. Ces effigies connurent un grand succès auprès de la famille royale et furent reproduites, avec parfois des variantes dans les vêtements, afin d'être offertes.
Afin de s'assurer de ces présents diplomatiques que constituaient les portraits des membres de la famille royale, la surintendance des Bâtiments du roi avait institué un atelier de copistes rattachés au Cabinet du roi. C'est de cet atelier que sont très vraisemblablement issues les trois huiles sur toiles que nous présentons.
La dauphine Marie-Josèphe de Saxe est ici figurée en robe de cour avec un manteau fleurdelisé doublé d'hermine. Un portrait du même modèle au pastel, où la princesse est vêtue d'une robe de satin clair plus simple, était resté dans les mains de Liotard et se trouve aujourd'hui dans les collections du Rijksmuseum à Amsterdam.
Les portraits des filles de Louis XV, Mesdames Henriette et Adélaïde, sont quant à eux issus de pastels conservés à Stupinigi. Née en 1727, Henriette de France avait 22 ans lorsqu'elle fut représentée par Liotard. Le comte de Tessin ne tarit pas d'éloges sur la jeune femme lors d'un passage à la cour en 1741 : " Elle ne fait que croître et embellir… Les louanges les plus outrées deviennent vraies quand on parle d'elle1. " La jeune femme mourra deux ans plus tard de la petite vérole. D'un tempérament plus autoritaire, que le regard affirmé traduit par le peintre laisse deviner, Madame Adélaïde, née en 1732, fut un temps la fille favorite de son père. Elle est ici représentée sous une élégante cape de velours noir à capuchon bordé de dentelles. Elle émigra avec sa sœur Victoire en Italie après la Révolution et s'éteindra à Trieste en 1800.
1. G. von Proschwitz, 'Tableaux de Paris et de la cour de France, 1739-1744. Lettres inédites de Carl Gustav, comte de Tessin', Paris, 1983, cité par M. Roethlisberger et R. Loche, 'Liotard. Catalogues. Sources et correspondances', Doornspijk, 2008, t. II, p. 379.