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Antoine-Guillaume GRANDJACQUET (1731-1801)
Buste de pharaon
Estimation :
12 000 € - 15 000 €
Vendu:
15 600 €

Détails du lot

Buste de pharaon
Marbre blanc

Hauteur sans le piédouche : 60 cm (23,62 in.)
Hauteur totale : 76 cm (29,92 in.)
(Cassures restaurées)

Bust of a Pharaoh, white marble, attr. to A. G. Grandjacquet

Provenance :

Collection particulière, Bruxelles

Commentaire :
Troublante et fascinante civilisation que celle de l'Egypte ancienne ! L'immense succès de la récente exposition " Toutânkhamon, le Trésor du Pharaon " organisée en 2019 à la Grande halle de La Villette (1,42 millions de visiteurs, faisant de celle-ci l'exposition la plus visitée de l'histoire de France après celle du Petit Palais de 1967 consacrée à ce même pharaon) témoigne de la passion que suscitent encore en chacun de nous les berges du Nil et leur histoire.
Il faut dire que cette " folie de l'Egypte " ne date pas d'hier et que nous sommes les héritiers d'un long passé admiratif de l'empire des pharaons. L'un des meilleurs exemples est celui de l'empereur romain Hadrien qui, inconsolable à la mort de son amant Antinoüs - noyé dans les eaux du Nil en 130 ap. J.-C. - , le fera représenter sous les traits du dieu Osiris1. Les références à l'Egypte perdurent au Moyen-Age et à la Renaissance en Occident, et seront à nouveau valorisées au XVIIIe siècle en France avec l'essor du " Voyage en Orient " et l'expédition de Bonaparte en Egypte en 1798, accompagné de savants et d'artistes. Les nombreux témoignages écrits et dessinés qu'ils en rapportent, suivis de publications, vont contribuer au développement de ce que l'on appelle " Egyptomanie ", dont le corollaire sera le déploiement dans les arts picturaux et décoratifs de motifs empruntés à l'Egypte ancienne.
Les sculptures égyptisantes d'Antoine-Guillaume Grandjacquet, actif à Rome dans la seconde moitié du XVIIIe siècle, notamment comme restaurateur d'antiquités pour Piranèse, s'inscrivent dans une longue tradition et imposent également leur auteur comme l'un des pionniers du renouveau de ce goût à la fin de ce siècle et à l'orée du suivant. Piranèse et ses suiveurs employèrent en effet volontiers les motifs égyptiens et contribuèrent à leur diffusion par la gravure (fig. 1). En 1779, le prince Marcantonio Borghèse commande à Grandjacquet deux statues pour la Salle égyptienne de sa villa, une 'Isis' et un 'Osiris' (fig.2), aujourd'hui conservées au musée du Louvre2.
Notre 'buste de pharaon' peut être rapproché de ces œuvres. Par ses influences de la statuaire romaine antique, mais aussi égyptienne, il s'inscrit parfaitement dans la veine néoclassique. Ce n'est pas ici l'un des pharaons historiques qui est représenté, mais plutôt un portrait idéalisé avec les attributs traditionnels, comme la barbe postiche, et d'autres revisités par l'artiste, comme le collier et la coiffe, rappelant le collier 'ousekh' ou la couronne 'Hedjet'3. Précédant la vision plus scientifique portée sur l'Egypte au début du XIXe siècle, cet intéressant buste témoigne de la vivacité du modèle antique en général et égyptien en particulier pendant les Lumières, dont le sculpteur s'inspire tout en s'autorisant à laisser libre cours à son imagination.

Légende de la fig. 1 : Piranèse, Cheminée à l'égyptienne tirée des 'Diversere d'adornare i cammini', Rome, 1769

1. Voir par exemple un buste en marbre conservé au musée du Louvre, inv. MA 433.
2. Musée du Louvre, inv. MR 1586 et MR 1588.
3. Couronne blanche symbolique de la Haute-Egypte.

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