Parmi les artistes français ayant séjourné en Italie, Charles de La Fosse présente la particularité d'avoir fait une longue halte à Venise, où il s'installe de 1661 à 1664. Ces quelques années passées au contact des œuvres des grands maîtres de la Renaissance vénitienne - Titien, Véronèse, Tintoret - vont marquer durablement le peintre et laisseront une empreinte indélébile sur l'œuvre de celui qui sera l'un partisans de la couleur pendant la querelle du coloris, qui éclate au sein de l'Académie royale au début des années 1670.
Datée par Clémentine Gustin-Gomez autour de 1670 ('op.cit.'), l'exécution de cette huile sur toile suit de quelques années le retour en France du peintre et témoigne de l'influence des Vénitiens par son éclatante palette et ses 'cangianti'. Elle illustre un épisode non décrit dans les Evangiles mais abondamment traité par les artistes, celui du repos de la Sainte Famille, servie par des anges, pendant la fuite en Egypte. Avec beaucoup de délicatesse et de déférence, un ange est agenouillé devant le Christ enfant et la Vierge Marie auxquels il tend une corbeille de fruits. Le paysage, d'une grande subtilité, dessine un cadre apaisé à cette scène d'intimité et de tendresse familiale. Une autre version de cette composition est conservée dans une collection particulière toulousaine (voir Cl. Gustin-Gomez, 'Charles de La Fosse 1636-1716. 2. Catalogue raisonné', Dijon, 2006, p. 21, n° P. 25) ; celle que nous présentons est restée sur sa toile d'origine et est parvenue jusqu'à nous dans un état de conservation exceptionnel.