Commentaire :
Devant un mur vert-olive et sur un entablement drapĂ© de pourpre, des grappes de raisins blancs, des pommes, des prunes, des branches de groseilles rouges et blanches s'Ă©chappent d'un panier en osier renversĂ©. Au gauche, on dĂ©couvre un pot de terre cuite d'oĂ¹ jaillissent des Å“illets roses entourĂ©s d'un treillis, ainsi qu'un melon et des figues mĂ»res. Autour de cette profusion de fruits, deux singes rieurs jouent : un cercopithèque diane, dit " singe diane ", avec une barbe et une poitrine blanches tient entre ses doigts dĂ©licats la noisette qu'il dĂ©guste. L'autre primate, un singe capucin, laisse apparaĂ®tre sa tĂªte avec dynamisme dans le cadre du tableau. Une perle de cristal ornant son oreille, il s'empare d'une petite grappe de quelques grains de raisins.
Snyders a représenté à plusieurs reprises le thème des singes voleurs de fruits symbolisant la gourmandise et l'excès de gloutonnerie. Par exemple, trois tableaux sur ce thème sont conservés au musée du Louvre : 'Trois singes voleurs de fruits', avec échappée sur un paysage (inv. MI 981), 'Deux singes pillant une corbeille de fruits' (fig. 1, inv. RF 3046) et 'Singes et perroquet auprès d'une corbeille de fruits' (inv. MI 982).
Spécialiste de l'artiste, le docteur Hella Robels a situé notre tableau dans la troisième décennie du XVIIe siècle1. A cette époque, Snyders est l'un des principaux peintres de natures mortes et d'animaux d'Anvers. Alter ego dans ce domaine de Pierre Paul Rubens, il collabore avec lui en peignant la scène de cuisine dans le célèbre 'Philopoemen, général des Achéens, reconnu par ses hôtes de Mégare' (Madrid, musée du Prado).
Ainsi les natures mortes monumentales, dynamiques, aux couleurs franches, tout comme la vivacitĂ© et le rĂ©alisme avec lequel Snyders dĂ©crit la fourrure des animaux, participent de la mĂªme exubĂ©rance baroque propre Ă la ville d'Anvers Ă cette Ă©poque. Une autre version non signĂ©e de cette composition (66,6 x 94 cm), tronquĂ©e sur la gauche, est Ă©galement rĂ©pertoriĂ©e2.
1. Citée dans la notice du catalogue de la vente de 2008.
2. Vente anonyme ; Londres, Sotheby's, 12 décembre 1979, n°95, voir H. Robels, 'Frans Snyders', 1989, p. 296-298, n°184.