[Vers 1943].
7 p. in-4 (27 x 21 cm), sur papier pelure « Fidelity Onion Skin ».
Brouillon de premier jet d’une longue lettre de Saint Exupéry.
« Si la machine bouleverse un monde qui ne sait pas s’y ajuster, il est évidemment une solution, laquelle consiste à anéantir la machine. »
Voulant amener son correspondant à une vision plus égalitaire sur l’économie et les ressources mondiales, Saint-Exupéry illustre son analyse en prenant l’exemple d’un livre fictif, qu’il intitule « Le Scaphandrier et l’étoile ».
« Le besoin est ce qui me rend permanent. Si je suis baron de Charlemagne, j’ai besoin d’un château fort et d’une armure. Si je suis […] moderne j’ai besoin de magie et de poésie bien qu’étant de la même structure biologique que l’homme des cavernes si proche de moi, lequel n’en avait pas besoin. Les seuls besoins sont le besoin de la permanence par le besoin mystérieux de l’ascension. L’homme des cavernes tend à avoir besoin de Jean-Sébastien Bach. Rien ne me permet de chiffrer et de codifier le besoin de l’accroissement de nos besoins c’est-à-dire la tendance à l’enrichissement de ma personnalité (exemple soif, oxygène). Je réponds toujours exagérément aux besoins de l’homme quand je l’élève. Je comprends bien l’adaptation naturelle comme une conquête. […] L’homme est défini par l’antinomie besoin de créer - besoin d’être stable […] l’état d’équilibre vivant entre ces deux antinomies est naturel. Il n’est pas définissable par une opération logique. […] La communauté aidera progressivement pour la bonne raison que la création, désormais, est fruit de la communauté. »
Numérotation postérieure au crayon rouge.
PROVENANCE :
Vente anonyme, lot 373 (Paris, 16 mai 2012).
Trous d’épingle, petits plis, quelques rares taches. Ratures et corrections. Essai d’encre au verso du dernier feuillet.