[Vers 1939-1940].
6 ff., foliotation autographe.
Manuscrit titré à la quatrième page « La Vérité », dans lequel Saint Exupéry réfléchit sur les liens ambigus qui existent entre la simplification de la pensée et l’expression de la vérité, notamment face aux événements historiques et dans l’écriture de l’Histoire.
« Le drame chez Hitler n’est point que je sache dire pourquoi les allemands veulent se réunir, pourquoi l’homme abâtardi doit être fort, mais pourquoi - si je suis deux fois plus gros que mon voisin - je n’ai point le droit de l’écraser. Pourquoi (j’ai des exemples). Or il est évident que nous avons vécu dans le malaise et que le national socialisme a cherché à purger ce malaise - et l’a purgé, mais où vais-je loger un autre besoin dont j’ai besoin ? En fin de compte l’arbitraire de l’état. C’est l’arbitraire de l’état qui m’empêche d’assassiner. Le génie de Hitler est de mobiliser […]. Ainsi est ébranlé le royaume qui protégeait l’individu en lui permettant d’être. Il n’en est plus tiré que la commune mesure. Il est ramené à la fourmilière. Il n’y a plus d’individu mais le groupe. »
Dans une autre partie de son texte, Saint Exupéry évoque la sagesse d’un « caïd rendant la justice » dans une vieille ferme au Maroc, qui serait à rapprocher du titre primitif de Citadelle : « Le Caïd ou Seigneur berbère ».
Plusieurs passages de ce beau texte sont repris dans la Morale de la pente, rédigée fin 1939-début 1940.
PROVENANCE :
Vente anonyme, lot 375 (Paris, 16 mai 2012).
Déchirures avec petits manques à l’endroit de l’accroche par un trombone, déchirures marginales sans manque, petites taches claires.