Carte grise française
Châssis n° 1110
Moteur n°102380
- Palmarès exceptionnel
- Historique limpide
- Modèle unique
- 2ème à l'indice aux 24 Heures du Mans 1961
Ultra léger et performant, le coach D.B révèle une agilité remarquable en compétition. A l'époque, le coach D.B brille sur différents fronts en matière de compétition : l'endurance, les courses de côte et bien sûr le rallye. Pilote chevronné et agent Panhard à Chambéry, André Guilhaudin va disputer une multitude d'épreuves au volant de Panhard spéciales et de D.B à mécanique Panhard. Ce dernier est convaincu du potentiel du coach D.B et pense qu'un développement drastique peut optimiser encore davantage ses performances. Aussi convainc-t-il son ami le pilote Jacques-Edouard Rey de passer commande auprès de D.B d'un coach HBR4 neuf, destiné à être modifié selon ses idées. Rey prend possession de la voiture en juin 1959. Cette dernière arbore une teinte " bleu lumineux ". Elle est immatriculée 765 CM 73 le 28 Août 1959. L'étude d'André Guilhaudin vise un allègement maximal et une amélioration considérable du coefficient aérodynamique à travers l'abaissement du maître-couple.
La voiture est modifiée sur ses directives par la carrosserie Chalmette, basée à Grenoble. La première phase consiste à un abaissement du pavillon de l'ordre de 12 cm. Le tronçonnage de la carrosserie se poursuit avec la suppression de la baie de pare-brise originelle. Celle-ci est remplacée par un encadrement de lunette arrière de Panhard Dyna Z1. L'inclinaison de cette dernière a été adaptée à une recherche aérodynamique maximale. Les portières sont formées en aluminium dans un mouvement prolongeant l'inclinaison de la partie avant. Côté freinage, André Guilhaudin a fait usiner et modifier des tambours par l'Aluminium Français à partir des modèles équipant les Panhard de série. Ces derniers seront dotés d'ailettes rapportées, ce qui les rapproche, tout au moins d'un point de vue graphique des modèles Al-Fin qui seront utilisés par D.B.
Ce coach modifié fait ses premiers pas en compétition dès septembre au Tour de France Auto sous le N° 111. Sur cette épreuve, l'équipage Guilhaudin / Rey dispose d'un moteur de 747 cm3. Ultra performante, la voiture se classe 8ème au scratch et remporte l'indice en GT. Le 11 octobre suivant, le même équipage prend part au Critérium des Cévennes. Il y remporte sa catégorie et se classe 5ème au scratch. Les performances et les résultats obtenus par cette voiture privée ne manquent pas d'attirer l'attention de René Bonnet. Si l'on s'en réfère à certains témoignages, c'est à cette époque et au sein même de l'équipe D.B que cette voiture sera surnommée " Le Monstre ". Dans la foulée, René Bonnet demande à Jacques Hubert d'étudier une version surbaissée du coach, qui aboutira sur la production d'une dizaine de voitures.
En fin de saison, " Le Monstre " fait l'objet de quelques modifications chez Chalmette. Aussi les passages de roues avant sont-ils fortement modifiés et formés en aluminium, visant un aérodynamisme affiné. Au passage, de petites grilles rectangulaires en acier sont apposées sur la partie supérieure des ailes en remplacement des sorties latérales supprimées par les nouveaux passages de roues, afin de favoriser l'écoulement de l'air. Au cours de cette opération, les pare-chocs sont supprimés, à l'avant comme à l'arrière. Seule l'extrémité des pare-chocs arrière est conservée. Au passage, le dessous de la voiture est entièrement caréné en tôle d'aluminium. Les roues arrière bénéficient quant à elles d'un carénage rapporté, constitué de panneaux de contreplaqué.
La saison 1960 s'amorce avec le Rallye Monte-Carlo auquel la voiture participe sous le N°4. Le binôme Guilhaudin / Rey y sera contraint à l'abandon. Le 5 et 6 mars suivants, l'équipage prend part au Rallye Lyon-Charbonnières, puis prend part au Tour de France du 15 au 23 septembre sous le N°109 et se classe 4ème à l'indice en GT et 12ème au scratch.
En 1961, " Le Monstre " fait ses premiers pas en endurance en participant aux 24 Heures du Mans. Elle est équipée d'un moteur d'usine de 848 cm3 préparé chez D.B. Véritable poids plume, l'auto pèse 559 kg, répartis comme suit : 367 kg sur l'avant et 192 kg sur l'arrière. Une copie du carnet de pesage sera remise à l'acheteur. Menée tambour battant par André Guilhaudin et Jean-François Jaeger, l'auto se classe brillamment. Elle décroche en effet la deuxième place à l'indice énergétique et 20ème au général après avoir parcouru 3268, 860 km à la moyenne de 136, 203 km/h. Du 14 au 23 septembre 1961, elle dispute le Tour Auto pour la 3ème fois consécutive, toujours aux mains d'André Guilhaudin et Jacques-Edouard Rey. Sa mécanique est un 695 cm3. L'équipage est contraint à l'abandon. Le 22 octobre suivant, l'auto est engagée aux 1000 km de Paris. Menée par Jacques-Edouard Rey et Marcel Picart, elle dispute l'épreuve sous le N°42. L'équipage est contraint à l'abandon suite à une sortie de piste. L'aile avant gauche est endommagée. Une fois la voiture rapatriée en Savoie, elle est remise en état et l'aile est réparée à l'aide de tôle d'aluminium.
La voiture effectue son ultime saison de course en 1962. Aussi est-elle engagée au Tour de France Automobile sous le N°102. Menée par Jacques-Edouard Rey et Guy Druguet, elle est équipée d'une mécanique de 695 cm3. Sur cette épreuve, l'équipage sera contraint à l'abandon. Le 2 septembre, la voiture est engagée sur la Course de côte de Chamrousse sous le N°64 où elle est équipée d'une mécanique de 848 cm3. Le résultat ne nous est pas connu. Le 2 décembre suivant, " Le Monstre " prend le départ du Critérium des Cévennes, toujours aux mains de Rey et Druguet. Elle termine 11ème au scratch, seconde de sa classe et 9ème des GT. Très attaché à son auto, Jacques-Edouard Rey la conservera pieusement dans son garage.
A l'occasion des 24 Heures du Mans 1973, la voiture viendra de nouveau fouler le circuit de la Sarthe le 9 juin lors d'une rétrospective. Jacques-Edouard Rey conservera la voiture jusqu'au 19 septembre 1989 où il la cède à Alain Lacheze et Bernard Morel. La voiture est immatriculée le 230 AEG 91 le 4 octobre 1989. Elle passe ensuite entre les mains de Moïse Ohayon. Stockée dans un parking parisien, la voiture est victime d'un accrochage endommageant quelque peu sa carrosserie.
Elle est acquise dans cet état par son propriétaire actuel le 12 Octobre 1994. Elle est immatriculée 998 QM 41 le 9 décembre 1994. Ce dernier entreprend sa remise en état dans la foulée, dont témoigne un dossier de photos. Le moteur 848cm3 usine qui l'anime fait l'objet d'une révision. Il est doté d'un volant moteur allégé, d'une distribution acier, d'un embiellage poli et d'un arbre à cames spécial. La partie carrosserie est restaurée avec la contribution de Jean-Paul Humbert, éminent spécialiste du V12 Matra et des carrosseries en matériau composite. A l'issue de cette remise en état, la voiture effectue son premier roulage à Montlhéry le 14 Septembre 1996 à l'occasion des Damiers sur l'anneau où les sportives à mécanique Panhard sont à l'honneur. André Guilhaudin aura d'ailleurs l'occasion de la piloter lors de cette journée mémorable.
En février 1997, les visiteurs du Salon Rétromobile auront l'occasion de découvrir " Le Monstre " dans la configuration des 24 H du Mans 1961, qu'elle arbore toujours aujourd'hui. Par la suite, et durant plus de vingt ans, son propriétaire la pilotera sur de nombreux circuits, en démonstration exclusivement, afin de préserver au maximum l'authenticité de cette pièce d'histoire.
Toujours décorée dans la configuration des 24 Heures du Mans 1961, la voiture témoigne d'un niveau d'authenticité rare. La mécanique qui l'équipe aujourd'hui est toujours le moteur d'usine auquel nous avons fait référence précédemment. Le volant, la planche de bord en aluminium et ses sièges baquets sont ceux qui ont accompagné la voiture tout au long de sa carrière.
Roulant et ayant bénéficié d'une remise en état ancienne, " Le Monstre " représente une pièce exceptionnelle. Il sera accompagné d'une boîte de vitesses à rapports longs et d'une tubulure d'admission à 2 carburateurs double corps. Destinée à un amateur averti, cette voiture indissociable de l'histoire des 24 Heures du Mans représente une opportunité unique à bien des égards. Eligible au Mans Classic et au Tour de France Automobile, son poids plume et ses performances exceptionnelles sont représentatives d'une toute autre époque où le sport automobile laissait la part belle aux petites écuries et aux voitures de cylindrée modeste.
Guillaume Waegemacker
French title
Chassis no. 1110
Engine no. 102380
- Exceptional record in competition
- Clear history
- Unique model
- 2nd in the Index of Performance at Le Mans in 1961
Fast and extremely light, the D.B. Coach was a remarkably agile car in competition. At the time, the D.B. stood out in different disciplines in motorsport: in endurance racing, hill-climbs and, of course, in rallying. An experienced racing driver and Panhard agent in Chambéry, André Guilhaudin competed in a huge number of events at the wheel of special Panhards and Panhard-engined D.B's. Guilhaudin was convinced of the potential of the D.B. Coach and believed that a drastic programme of development would improve its performance still further. He therefore persuaded his friend, the racer Jacques-Edouard Rey, to order a new HBR4 Coach from D.B., to be modified in line with his ideas. Rey took delivery of the car in June 1959. Finished in a bright shade of blue, it was registered 765 CM 73 on 28 August 1959. Guilhaudin's project aimed to achieve the greatest possible weight-saving and a considerable improvement in the drag coefficient by reducing the frontal area.
The car was modified in accordance with his instructions by the Chalmette bodyshop in Grenoble. The first stage consisted in lowering the roofline by about 12cm (4.7in). Work to cut into the body continued by getting rid of the original windscreen frame and replacing it with a rear window frame from a Panhard Dyna Z1. The doors were formed from aluminium in a sweep extending the angle of the front section. For the brakes, Guilhaudin had some drums machined and modified by L'Aluminium Français, based on those fitted to production Panhards. They were fitted with extra cooling fins, making them similar, at least in terms of their appearance, to the Alfin models which would be used by D.B.
The modified Coach made its first appearance in competition in September in the Tour de France Automobile (no. 111). For this event, Guilhaudin & Rey had a 747cc engine. The car proved very quick and finished 8th overall, winning the Index of Performance in the GT category. On 11 October, the same crew took part in the Critérium des Cévennes, where they won their class and came 5th overall. The performance and the results achieved by this privately entered car inevitably came to the attention of René Bonnet. If certain accounts are to be believed, it was at this time, and within the D.B. team itself, that the car acquired its nickname of "The Monster". In the wake of this, Bonnet asked Jacques Hubert to develop a lowered version of the Coach, which led to ten or so cars being built.
At the end of the season, "The Monster" underwent some changes at Chalmette. The front wheelarches were substantially modified and shaped from aluminium, with the aim of improving their aerodynamic efficiency. Along the way, small rectangular grilles made from steel were mounted on the top of the wings, replacing the side air vents which had been eliminated with the new wheelarches, in order to improve the airflow. As part of these changes, the bumpers were done away with at both front and rear, leaving only the very ends of the rear bumper. At the same time, the underside of the car was entirely streamlined, using an aluminium sheet. The rear wheels also gained a streamlined covering, with the addition of plywood spats.
The 1960 season opened with the Monte-Carlo Rally, in which the car competed as no. 4. Guilhaudin & Rey were forced to retire. On 5/6 March, the pair took part in the Lyon-Charbonnières Rally, and then, from 15-23 September in the Tour de France (no. 109), where they finished 4th in the Index of Performance in the GT category and 12th overall. "The Monster" made its début in endurance racing in the 1961 Le Mans 24 Hours race. It was fitted with an 848cc works engine prepared by D.B. A true featherweight, the car weighed in at just 559kg, split 367kg/192kg front-to-rear. A copy of the weighing records will be given to the buyer. Driven with gusto by Guilhaudin and Jean-François Jaeger, the car performed brilliantly, coming 2nd in the Index of Performance and 20th overall, after covering 3268.86km (2031.18 miles) at an average speed of 136.203kph (84.633mph). From 14-23 September, it competed in the Tour Auto for the third time in a row, driven as always by Guilhaudin & Rey, and powered by a 695cc engine. The crew were forced to retire. On 22 October, the car was entered in the 1000km de Paris. Driven by Jacques-Edouard Rey and Marcel Picart, it competed as no. 42. The pair were forced to retire after coming off the track. The left front wing was damaged. Once the car had returned to the Savoie, it was refurbished and the wing repaired using sheet aluminium.
The car's last racing season came in 1962, when it was entered in the Tour de France Automobile as no. 102. Driven by Jacques-Edouard Rey and Guy Druguet, it was fitted with a 695cc engine. The crew was forced to retire. On 2 September, the car was entered for the Chamrousse hill-climb (no. 64), equipped this time with an 848cc engine. The result is not known. Then, on 2 December, "The Monster" started the Critérium des Cévennes, still in the hands of Rey and Druguet. It finished 11th overall, 2nd in its class and 9th in the GT category. Rey was very fond of the car and kept it lovingly in his garage.
For the Le Mans 24 Hours race in 1973, the car once again returned to the circuit in the Sarthe for a retrospective event. Rey kept the car until 19 September 1989, when he sold it to Alain Lacheze and Bernard Morel. The car was registered 230 AEG 91 on 4 October 1989. It was subsequently purchased by Moïse Ohayon. Stored in a Paris car park, the car was involved in a collision, resulting in some damage to its bodywork. Its current owner acquired it in this condition on 12 October 1994, and it was registered 998 QM 41 on 9 December 1994.
Immediately afterwards, he undertook its restoration, as is evident from a file of photographs. The works 848cc engine was overhauled. It features a lightweight flywheel, steel timing gear, a polished conrod and a special camshaft. The bodywork was restored with the help of Jean-Paul Humbert, a leading specialist in the Matra V12 and composite bodyshells. When the restoration was complete, the car was driven for the first time at Montlhéry on 14 September 1996 during the "Damiers sur l'anneau" meeting, at which Panhard-engined sportscars were honoured. Guilhaudin moreover had the chance to drive it on this memorable day.
In February 1997, visitors to the Rétromobile show were able to see "The Monster" in its 1961 Le Mans configuration, which it retains today. After the show, and for more than 20 years, its owner drove the car on many circuits, but only for demonstration sessions, in order to preserve to the full this authentic piece of history. Still wearing the same livery as it did for the Le Mans 24 Hours race in 1961, the car reflects an exceptional degree of authenticity. The engine fitted today remains the works unit we referred to earlier. The steering wheel, aluminium dashboard and bucket seats are those installed in the car throughout its career. In running order and having undergone an older restoration, "The Monster" is a remarkable machine. It will be supplied with a high-ratio gearbox and an inlet manifold with two twin-barrel carburettors.
Aimed at a discerning enthusiast, this car is inseparable from the history of the Le Mans 24 Hours race and represents a unique opportunity on many levels. Eligible for the Le Mans Classic and Tour Auto, its light weight and outstanding performance are typical of a bygone age when motorsport left plenty of scope for small teams and cars with more modest engines.
Guillaume Waegemacker