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Bernardo STROZZI (1581 - 1644)
David tenant la tĂȘte de Goliath
Estimation :
400 000 € - 600 000 €
Vendu :
505 000 €

Description complĂšte

David tenant la tĂȘte de Goliath
Huile sur toile


David with the Head of Goliath, oil on canvas, by B. Strozzi

Provenance :

Collection John Richards, Sidney, en 1950 ;
Collection Beresford, en dépÎt à l'Art Gallery of New South Wales, Sydney, avant 1974 ;
Vente anonyme ; Londres, Christie's, 19 juillet 1974, n° 218 ;
Vente anonyme ; Londres, Christie's, 27 juin 1975, n° 2 ;
Collection Jean Pastor, Monaco ;
Acquis auprĂšs de ce dernier par Ermanno Zoffili ;
Collection Ermanno Zoffili, Paris ;
Acquis auprÚs de ce dernier par l'actuel propriétaire en 2011 ;
Collection particuliĂšre, Belgique

Bibliographie :

Luisa Mortari, "Nuove aggiunte allo Strozzi", in 'Commentari', vol. XXVIII, 1-3, 1977, p. 109, fig. 5 et 6 (dimensions erronées)
Luisa Mortari, 'Bernardo Strozzi', Rome, 1995, p. 192, n° 497 (dimensions erronées)
Bernard Aikema, Ewoud Mijnlieff et Bert Treffers, 'Italian paintings from the Seventeenth and Eighteenth centuries in Dutch public collections', Florence, 1997, p. 151 et 152, mentionné dans la notice du n° 177
Camillo Manzitti, 'Bernardo Strozzi', Torino, 2013, p. 202, n° 287

Commentaire :
L'excellence de la peinture baroque s'offre à nos yeux. La splendeur de ce David, son dynamisme et le rayonnement de la palette nous emportent, voilà un chef-d'Ɠuvre de Bernardo Strozzi !
Peint peu aprÚs 1630, notre tableau coïncide avec l'arrivée du peintre génois dans la Sérénissime.
Si la position de notre David fut comparée à celle, antérieure d'environ 20 ans, donnée par Giovanni Lanfranco au sien (fig.1)1, nous pourrions tout autant retrouver l'élan, la vigueur du héros de notre toile dans le David de marbre du Bernin réalisé en 1623-1624 (fig. 2) 2 qu'aurait pu connaßtre Bernardo Strozzi.

C'est sans doute dans la personnalitĂ© mĂȘme du jeune hĂ©ros qu'est David qu'il faut trouver l'origine de cette posture. Par son acte intrĂ©pide et volontaire, il invite chaque chrĂ©tien Ă  se dĂ©passer pour combattre le mal : les Philistins avaient envahi IsraĂ«l et, alors que les deux armĂ©es Ă©taient face Ă  face dans la vallĂ©e du TĂ©rĂ©binthe, un soldat philistin, Goliath, gĂ©ant de prĂšs de trois mĂštres lourdement armĂ©, sorti des rangs pour provoquer un combat singulier dont le vainqueur ferait remporter la guerre Ă  son peuple. Le roi israĂ©lien SaĂŒl et son armĂ©e furent " Ă©crasĂ©s de terreur " et ne rĂ©pondirent pas au dĂ©fi lancĂ© quotidiennement par Goliath. David, plus jeune fils de JessĂ©, servait SaĂŒl en jouant pour lui de la lyre et gardait les moutons de son pĂšre. Alors qu'il se rendait dans la vallĂ©e oĂč campaient les deux armĂ©es, il entendit la provocation de Goliath et proposa de relever le dĂ©fi. SaĂŒl chercha Ă  l'en dissuader mais la confiance de David en Dieu ne le fit pas douter de la justesse de sa dĂ©cision et de l'issue du combat. ArmĂ© de sa seule fronde et de cinq pierres rĂ©unies dans son sac de berger, le jeune David se prĂ©senta devant Goliath qui se moqua de lui. Alors que le gĂ©ant s'avançait, David " prit une pierre dans son sac, la lança avec sa fronde et l'atteignit en plein front. La pierre s'y enfonça et l'homme s'Ă©croula ". Il se servit ensuite de la propre Ă©pĂ©e du Philistin pour lui couper la tĂȘte et la rapporter Ă  JĂ©rusalem (1, Samuel, 17).

Son histoire illustre le courage et l'audace rĂ©compensĂ©s. C'est donc par l'action que fut recherchĂ©e et conçue la reprĂ©sentation du jeune guerrier. En cela Strozzi rĂ©ussit brillamment son tableau en figurant son personnage dans une position d'un grand dynamisme parfaitement baroque. Le jeune homme est heureux, fier, il va de l'avant en trainant la tĂȘte du chef philistin Goliath et portant sur l'Ă©paule son Ă©pĂ©e comme la dĂ©monstration de la tĂąche accomplie. DĂ©jĂ  les musiciens et les danseurs visibles en bas Ă  gauche annoncent son triomphe. De sa jeunesse l'artiste n'a rien perdu de ses sentiments religieux. Neuf annĂ©es moine au sein de l'ordre des Capucins, puis autorisĂ© Ă  quitter l'ordre pour devenir prĂȘtre (ce qui lui valut son surnom de 'prete genovese') Strozzi est brillamment inspirĂ© pour reprĂ©senter le glorieux David.
La palette retenu par l'artiste désigne l'homme puissant, le futur chef, le deuxiÚme roi d'Israël, le rouge symbolisant le pouvoir et l'or la gloire. Bernardo Strozzi, récemment arrivé à Venise à la fin de l'année 1630 quand il peint notre tableau, fut admiratif des compositions de VéronÚse. Notre David en témoigne par la gaßté du ciel bleu en arriÚre-plan, l'harmonie joyeuse des couleurs franches, vibrantes et lumineuses. La palette de VéronÚse est à la période vénitienne de l'artiste ce que la palette vandyckienne ou rubénienne est à sa période génoise. Adieu les bruns, les vert foncés, les blancs et les rouges profonds et place à la couleur, à la joie, à la lumiÚre de la Sérénissime ; les nuages s'éloignent et laissent place au ciel azur et à l'or !

Une autre version de notre toile est conservĂ©e au musĂ©e Boymans-van Beuningen de Rotterdam (huile sur toile, 164 x 106 cm.). La similaritĂ© entre les dimensions et les compositions des deux tableaux a amenĂ© Bernard Aikema Ă  se demander en 1997 si ces similitudes ne tendaient pas Ă  dĂ©montrer que ces deux versions autographes ne dĂ©rivaient pas d'une version originale et antĂ©rieure perdue3. Il n'avait nĂ©anmoins pas pu examiner de visu le tableau que nous prĂ©sentons aujourd'hui dont les divers repentirs visibles nous convainquent que notre toile est la premiĂšre version peinte par Bernardo Strozzi. Si nous ne savons malheureusement pas dans quelle grande collection ni pour quel riche commanditaire notre toile fut rĂ©alisĂ©e, la gravure exĂ©cutĂ©e au XVIIIe siĂšcle par Pietro Monaco (fig.3), reprenant le mĂȘme cadrage trĂšs resserrĂ© tĂ©moigne de son importance et de sa postĂ©ritĂ©.


1. Florence, Fondazione Longhi, huile sur toile, datée vers 1616-1617 par Erich Schleier, cat. exp. Florence, 1983, p. 76-77
2. Rome, villa BorghĂšse, marbre blanc
3. Bernard Aikema, Ewoud Mijnlieff et Bert Treffers,' Italian paintings from the seventeenth and eighteenth centuries in Dutch public collections', Florence, 1997, p. 152.

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