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Pierre GOBERT (1662, Fontainebleau - 1744, Paris)
Portrait présumé des filles du roi Louis XIV en Vénus et ses nymphes
Estimation :
30 000 € - 40 000 €
Vendu :
26 000 €

Description complète

Portrait présumé des filles du roi Louis XIV en Vénus et ses nymphes
Huile sur toile


Presumed portrait of Louis XIV's daughters as Venus and her nymphs, oil on canvas, attr. to P. Gobert

Provenance :

Collections de l'hôtel Mazin La Fayette, dernière résidence du général La Fayette ;
Collection particulière, Ile-de-France

Commentaire :
L'admiration des amateurs et des artistes français pour les œuvres délicates et raffinées de Francesco Albani dit l'Albane fut manifeste tout au long du XVIIe siècle. Mazarin rassembla quatorze tableaux de l'artiste bolonais dans sa collection et Louis XIV plus de trente, obtenus par legs, cadeaux diplomatiques mais également acquisitions. C'est ainsi que le cycle de l'histoire de Vénus, commandé par le duc de Mantoue et aujourd'hui conservé au musée du Louvre, fut acheté à Rome pour rejoindre les collections royales en 1685. Les poétiques et lumineuses compositions du maître bolonais étaient donc bien connues des peintres qui pouvaient les admirer tant au cours de leurs séjours en Italie qu'à leur retour à Paris sur les cimaises des collectionneurs.
La référence à la Toilette de Vénus de l'Albane, première toile du cycle mentionné ci-dessous, était donc immédiatement identifiable pour le spectateur du XVIIe siècle découvrant notre tableau. Devant un palais fantastique surgissant des eaux comme Vénus à sa naissance se tient la déesse de l'amour elle-même, assise sur une chaise garnie de velours rouge, tandis que deux grâces veillent à sa coiffure, que la troisième prépare les perles qui viendront l'orner et qu'un amour lui présente un miroir. Dans le ciel, une nuée laisse apparaître le char de Vénus autour duquel s'activent des putti. Le peintre a ici resserré le cadrage de la composition de l'Albane sur ses principales figures, qui présentent toutefois quelques différences avec celles du tableau ayant servi de modèle.
Vénus et les Grâces apparaissent moins dévêtues que ne le sont les divinités de l'Albane, et surtout chacune d'elle regarde le spectateur, détournant le regard de l'activité à laquelle elle s'adonne. La coiffure qu'elles arborent est dite " à la Fontange ", et est caractéristique des années 1690 à 1700 en France : il s'agit ici d'un portrait de groupe, et chacune de ces femmes a été travestie ici par le peintre en une figure mythologique. Leur teint porcelainé, leurs yeux en amande et leurs petites bouches vermillon sont caractéristiques des portraits du peintre Pierre Gobert.
Ces visages présentent des traits communs et il est séduisant d'y reconnaître quatre sœurs. Ce portrait fit certainement l'objet d'une commande précise à l'artiste par une famille aristocratique, probablement de la cour. Il a en effet été proposé que ce portrait soit celui des filles de Louis XIV, par comparaison avec des œuvres de Gobert, François de Troy ou encore Philippe Vignon. Nous pourrions ainsi reconnaître la fille de la duchesse de La Vallière, Marie-Anne de Bourbon, dite la " première Mademoiselle de Blois ", épouse du prince de Conti, et les deux filles de Madame de Montespan, Louise-Françoise, " Mademoiselle de Nantes ", et Françoise-Marie, " Mademoiselle de Blois ", ayant épousé respectivement le prince de Condé et le duc d'Orléans. La quatrième nymphe pourrait enfin être leur jeune belle-sœur, la duchesse du Maine.
Le caractère précieux et cultivé de cette image correspond aux goûts de la cour de Versailles à la fin du XVIIe siècle. La vogue du portrait historié ne sera pas démentie pendant tout le XVIIIe siècle et, près de 50 ans après notre portrait, ce sera aux filles de Louis XV d'offrir à leur tour leurs traits aux déesses de l'Olympe, sous le brillant pinceau de Jean-Marc Nattier.

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