Naples était au XVIIIe siècle la ville la plus peuplée d'Europe. Le plus grand port méditerranéen accueillait chaque jours des populations et des denrées arrivant de l'ensemble du bassin mais plus largement du monde entier. Le Royaume de Naples et des Deux-Siciles constituait l'une des étapes les plus importantes du Grand Tour réalisé par les gentilshommes européens dès la première partie du XVIIIe siècle, et plus encore après les découvertes des sites antiques de Herculanum (1738) puis de Pompéi (1748). Ville d'art par excellence, Naples est le foyer d'une famille royale dynamique et d'une noblesse qui accueille les artistes peintres, musiciens, architectes, " antiquaires " mais aussi les géologues de l'Europe entière attirés par la série de grandes éruptions de la seconde partie du XVIIIe siècle.
Le site géographique de la baie de Naples, sommé du Vésuve et ceint au Nord par l'île d'Ischia et au Sud par Capri et la côte amalfitaine, offre encore aujourd'hui l'un des spectacles les plus étonnants. Eaux sulfureuses, isthmes, promontoires, tunnels, grottes, volcans, plages de sable fin et lacs d'eau chaude composent cette partie de la Campanie dont les paysages inspirèrent particulièrement les artistes.

Les gouaches napolitaines représentent une curiosité dans le panorama des arts graphiques. Réalisées à partir de la fin du XVIIIe siècle dans un mode volontairement naïf, elles illustrent les sites célèbres de Naples et ses environs, l'activité volcanique des différents cratères du Vésuve mais aussi quelques scènes de genre populaires. Destinées aux voyageurs et aux touristes, leurs qualités varient de la plus élémentaire à la meilleure et rares sont celles qui sont signées.
L'ensemble que nous présentons est fidèle à l'idée que nous pouvons nous faire de cette production au cours du XIXe siècle. Ces suites de gouaches qui ornaient dans l'Europe entière les appartements de toute " bonne maison " nous offrent un panorama émouvant de la Naples riche et cosmopolite qui s'éteignit à la fin du Risorgimento.