Commentaire :
Flamand d'origine, Charles-Léopold van Grevenbroeck fut reçu à Paris à l'Académie royale en 1732 et imposa son style original de vues urbaines méticuleusement décrites lors des Salons entre 1738 et 1743. Notre charmant petit cuivre nous plonge dans le Paris du milieu du XVIIIe siècle et plus particulièrement dans un lieu rarement représenté, à savoir la rive droite de la Seine en amont de l'île Saint Louis, juste à l'intérieur de l'enceinte de la ville.
L'élégant hôtel particulier que nous apercevons sur la gauche est l'Arsenal, à sa gauche le couvent des Célestins et enfin à droite l'île Louviers qui sera postérieurement rattachée à la rive droite. En ce XVIIIe siècle, les stocks de bois qui y étaient conservés devaient nécessairement être à la fois isolés en cas d'incendie mais aussi se tenir au sein de la ville tant ce matériau était précieux. Dans son 'Tableau de Paris', Louis-Sébastien Mercier nous livre les clefs de compréhension sur l'importance des stocks de bois : " La consommation de bois est devenue effrayante (…) Ce bois que le fleuve amène, et qu'on entasse en piles hautes, comme des maisons, va disparaitre dans l'espace de trois mois. Vous le voyez en pyramides quarrées ou triangulaires, qui vous dérobent la vue des environs ; il sera mesuré, porté, scié, brûlé, et il n'y aura plus que la place.
Autrefois, ce qui composait le domestique, se chauffait à un foyer commun ; aujourd'hui la femme de chambre a sa cheminée, le précepteur a sa cheminée, etc. 1"
1. Louis-Sébastien Mercier, 'Tableau de Paris, t. I. Des cheminées', 1er éd., Neuchâtel, 1781.