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Victor Brugairolles Ganges, 1869 - Paris, 1936
Le Berger et la Mer, 1895
Estimation :
30 000 € - 40 000 €
Vendu:
47 500 €

Détails du lot

Le Berger et la Mer, 1895
Huile sur toile (Toile d'origine)

Signée et datée 'V. Brugairolles. 95' en bas à droite

Dans son cadre d'origine en bois et stuc doré à décor de guirlandes de feuilles de chêne enrubannées

The shepherd and the see, oil on canvas, signed and dated, by V. Brugairolles

Provenance :

Vente anonyme ; Paris, Me Coutau-Bégarie, 4 juin 1999, n° 121 ;
Collection particulière, Italie

Expositions :

Salon de 1900, Paris, n° 204

Commentaire :
Né dans une petite commune de l'Hérault, Victor Brugairolles suit l'enseignement de Fernand Cormon à l'École des Beaux-Arts de Paris. Il expose au Salon des artistes français de 1894 à 1936, au Salon d'automne à partir de 1907 et lors d'expositions personnelles (Walker Art Gallery à Liverpool en 1906 ; Galerie Henry Graves à Paris en 1908). L'artiste se consacre essentiellement à des paysages dans un style postimpressionniste assez libre. Il peint ainsi des vues pittoresques de Belgique, de Hollande et d'Italie, mais aussi de Bretagne ou de Paris, ainsi que des scènes paysannes. L'œuvre que nous présentons aujourd'hui apparaît singulière dans cette production. Brugairolles s'y libère en effet tout autant de ses paysages au chromatisme vif que de l'héritage académique de Cormon, au profit d'une vision perméable au contexte symboliste. Semblant évoquer quelque scène mythologique, ce tableau, sans doute exposé au Salon des Artistes français en 1900 sous le titre Le Berger et la mer, est en réalité inspiré d'une des 'Fables' de La Fontaine (seconde fable du Livre IV). Le fabuliste y relate les malheurs d'un berger prospère qui, ayant confié son bien à la mer a tout perdu à la suite de naufrages. Redevenu modeste berger, il refuse de céder de nouveau aux séductions de la mer. Il s'agit d'une allusion aux dangers du commerce et à la propagande de la Compagnie des Indes qui allait être liquidée en 1672 (quatre ans seulement après la publication du premier recueil de La Fontaine) :

" Et comme un jour les vents, retenant leur haleine,
Laissaient paisiblement aborder les vaisseaux :
'Vous voulez de l'argent, Ô Mesdames les Eaux,
Dit-il, adressez-vous, je vous prie, à quelque autre.' "

Des illustrations anciennes de cette fable montrent déjà la mer personnifiée par une figure aquatique ou une sirène. Brugairolle, choisit un trio féminin pour incarner la tentation du commerce lucratif. Il peint une sorte de Vénus séductrice dans sa nudité et deux autres créatures richement vêtues. Loin d'une illustration littérale, l'artiste synthétise la fable d'une manière assez elliptique, caractéristique de l'esthétique symboliste. La qualité du dessin, un chromatisme atténué et subtil et une composition très équilibrée ne manquent pas de rappeler l'art de Puvis de Chavannes ou de certains de ses élèves. D'une fable au message précis, le peintre tire une œuvre plus rêveuse que moralisatrice, et servie par une très grande poésie plastique.

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