Commentaire :
Elève de Falguière à l'Ecole des Beaux-Arts, Ringel d'Illzach marqua le monde officiel des arts de la fin du XIXe siècle par sa quête de nouveaux moyens techniques, par sa position anti-conventionnelle et son penchant pour l'allégorie et le symbolisme. Tour à tour, il défraya la chronique et fut loué par les commanditaires de l'Etat. Esprit curieux et protéiforme, il présenta des œuvres au Salon des artistes français de 1873 à 1889, aux deux Expositions universelles de 1889 et 1900, ainsi qu'à la seconde Biennale de Venise en 1897. C'est lors de cette exposition que fut présentée une de ces œuvres aujourd'hui non localisée, un bas-relief en bronze appelé 'Mon Œuvre' (aussi présenté au Salon de la Société Nationale des Beaux-Arts en 1894 sous le numéro 104): il est fort probable que notre médaillon en soit une version en plâtre. On y retrouve toutes les œuvres qui ont fait la renommée de cet artiste hors du commun. Au centre de la composition, l'allégorie 'Sa Majesté le Hasard', présentée au Salon de 1889, gouverne le monde et semble décider à quelles autres œuvres de l'artiste elle offrira la célébrité : son pied gauche fusionne avec le manteau de 'Saint Bernard prêchant la croisade' (œuvre en marbre conservée au musée des Beaux-Arts de Lille, n°inv.SC16). Du côté gauche de ses jambes, 'la Saga', femme allongée, nue et casquée, rappelle le bronze acquis par l'Etat en 1888, présenté au jardin du Luxembourg puis fondu au cours de la Seconde Guerre mondiale. Du côté droit, son groupe 'Splendeur et Misère' exposé au Salon de 1881 parodie, au grand plaisir de l'écrivain Huysmans, le 'Monument à la défense de Paris en 1870' de Barrias. Aux pourtours du médaillon, deux figures rappelant les scandales qui accompagnent l'œuvre de Ringel se font face : la 'Demi-monde' - ou 'Perversité', œuvre représentant une femme dénudée, exposée en cire polychromée et sans doute détruite pendant le Salon de 1879, ainsi que la figure de 'Marie Stuart', commandée puis rejetée par la duchesse de Pomar. Sa mélomanie et son goût pour le monde du théâtre sont figurés par la 'Marche de Rakoczy' de Berlioz et la présence de Sarah Bernhardt dans la 'fille de Roland' (Salon de 1876). Ses talents de portraitiste, qu'il exploite pour créer des masques en cire polychrome et de nombreuses médailles en bronze, sont illustrés par les portraits de 'Maurice Rollinat', 'Sarah Bernhardt' ou encore 'Marie Stuart', enfin le 'Condottiere' et la 'Parisienne'. L'inscription des noms de certains des 42 " Contemporains illustres " qu'il représenta à la demande du directeur de la 'Revue de l'Art' au début des années 1880 rappelle l'importance de cette première grande commande pour sa renommée. Enfin, la représentation de son 'Œuvre' ne serait pas complète sans le 'Vase monumental' (273 cm de hauteur) qu'il réalisa pour l'Exposition universelle de 1889 (acquis par le Getty Museum en 2009, n°inv. 2010.2, fig. 1). Il témoigne des expérimentations techniques que l'artiste mena tout au long de sa carrière.