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Giovanni BOLDINI (1842 - 1931)
A l'Opéra de Paris
Estimation :
40 000 € - 60 000 €
Vendu:
460 600 €

Détails du lot

A l'Opéra de Paris
Huile sur panneau, parqueté

Annoté '87 inv. at. Boldini / Emilia Boldini Cardona / 1931' au verso

'AT PARIS' OPERA', OIL ON PANEL, BY G. BOLDINI

Provenance :

Atelier de l'artiste, inventaire n° 87 B ;
Sa vente, Paris, Galerie Charpentier, Me Rheims, 16 juin 1955, n° 46 (adjugé 3.100.000 francs) ;
Collection particulière

Expositions :

'Boldini. 1842-1931', Paris, Hôtel Jean Charpentier, 7 - 31 mai 1931, p. 27, n° 74
'La peinture française à Florence', Florence, Palais Pitti, 1945, p. 74, n° 138

Bibliographie :

Carlo Ludovico Ragghianti et Ettore Camesasca, 'L'opera completa di Boldini', Milan, 1970, p. 102-103, n° 148
Bianca Doria, 'Giovanni Boldini : catalogo generale dagli archivi Boldini', Milan, 2000, n° 203
Piero Dini et Francesca Dini, 'Giovanni Boldini (1842-1931). Catalogo Ragionato', Turin, 2002, vol. III, t. I, p. 256, n° 466
Tiziano Panconi, 'Giovanni Boldini. L'opera completa', Florence, 2002, p. 268, repr.

Commentaire :
Formé dans un premier temps par son père, Giovanni Boldini part en 1862 finir sa formation à Florence auprès de Pollastrini. Loin de se limiter à la manière de son maître, refusant un art passéiste, Giovanni Boldini se lie aux groupes des macchiaioli et à Giovanni Fattori. Ses principaux commanditaires sont les Falconer qui l'emmènent à Paris à l'occasion de l'Exposition Universelle de 1867, puis à Londres deux ans plus tard.
Avec De Nittis, Boldini devient le plus parisien des peintres italiens et finit par installer son atelier place Pigalle en 1872. Il est exposé par le marchand Goupil et obtient rapidement un succès mérité. De peintre de Paris il devient celui de ses habitants. En 1885 son ami Sargent lui laisse son atelier et Boldini se dispense désormais de l'entremise de Goupil. Actrices et dandys, aristocrates et industriels réclament ses élégants portraits.
L'année 1886, date à laquelle est réalisé notre tableau, est une année charnière dans la production de l'artiste. Libéré des contraintes commerciales en même temps que de Goupil, le style de Boldini commence sa mutation. La touche se fait plus longue, plus libre, frénétique, ici pour dépeindre la cohue de l'opéra. L'artiste commence à se débarrasser de qualités picturales qu'ils jugent désormais superflues. A la précision des traits immobiles et aux paisibles harmonies de couleurs succèdent désormais les mouvements frénétiques du pinceau et de la scène. La touche s'allonge, les corps s'allègent, les couleurs dansent pour traduire avec une certaine hystérie la réalité de la salle de spectacle. L'effet de foule, les heurts, les cris… toutes ces impressions que laisse cette transcription nerveuse de la réalité se trouvent renforcées par le format vertical du panneau. Les figures toutefois conservent leur identité, elles ne sont pas encore les simples suggestions qu'elles deviendront dans les futures années de production. Notre tableau permet réellement de comprendre l'évolution stylistique de Boldini : c'est une étape décisive entre la finesse des premiers tableaux et la quasi abstraction de sa dernière manière. C'est la manifestation du cheminement de Boldini vers un impressionnisme très personnel.
Le terme d'impressionnisme, s'il peut être jugé impropre, caractérise bien l'art de Boldini en 1886. D'abord parce qu'il devient réellement un " peintre de la modernité ". En effet notre tableau, qui semble être le pendant des Spectateurs à l'opéra1 (fig. 1) et pourrait s'inscrire dans un cycle plus complet, prend pour décor l'opéra Garnier. Inauguré en 1875, ce lieu demeure le nouveau temple de la musique et de la danse, symbole de modernité et haut lieu de la mondanité européenne.
C'est sans doute à l'occasion du passage à Paris de Verdi, dont il réalise le portrait au pastel, que Boldini a tenté de capter cette vérité d'un instant, en donnant à voir une image non plus exactement figurative mais déconstruite par le mouvement et la lumière. Des recherches esthétiques qu'il mène de pair avec son ami Degas et qu'il poursuivra jusqu'à sa mort en 1931.

1. Collection privée, voir T. Panconi, op. cit., p. 267

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