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HERGÉ Georges REMI dit1907 – 1983LES BIJOUX DE LA CASTAFIOREEncre de Chine pour la planche 2 de cet album publié en 1963 aux édition...
Estimation :
250 000 € - 350 000 €
Vendu:
390 400 €

Détails du lot

HERGÉ Georges REMI dit1907 – 1983LES BIJOUX DE LA CASTAFIOREEncre de Chine pour la planche 2 de cet album publié en 1963 aux édition...

HERGÉ Georges REMI dit
1907 – 1983
LES BIJOUX DE LA CASTAFIORE
Encre de Chine pour la planche 2 de cet album publié en 1963 aux éditions Casterman et prépublié le 11 juillet 1961 dans le Journal Tintin n°28. Signé et encadré. Rare planche enrichie d’une belle dédicace. Il est à noter que les planches d’après guerre sont rarissimes.
47,7 x 35,5 cm.
Avec cette aventure, opéra déconcertant dans un château Grand Siècle traditionnellement habité par la symétrie, la ligne claire a décidé de nous en faire voir de toutes les couleurs. Cette mise en abyme que constitue Les Bijoux de la Castafiore montre des versants inattendus de la philosophie graphique d’Hergé, typiques de la deuxième partie de son œuvre.
La synergie entre les entités qui définissent l’architecture des aventures de Tintin est toujours bien présente, mais Hergé, qui a pris beaucoup de recul, s’interroge sur les enjeux de son travail et sur le destin de ses personnages, réunis ici pour un récital qui est une illusion lyrique remarquablement réussie, une schizophrénie permanente où s’entrecroisent différents leitmotivs qui mettent en question la linéarité apparente de la bande dessinée.
Hergé privilégie la dimension réflexive de son dessin, il prolonge la démarche conceptuelle et les espaces abstraits de Tintin au Tibet dans une simplification souveraine, qui se dissimule très habilement sous un classicisme bien trop sage. La ligne claire est une pure spéculation, le mythe est mis à l’épreuve, dessin et récit se complaisent dans un désordre savamment mis en scène, et ils finissent par s’égarer, tout comme le lecteur, dans les reflets du miroir.
Tintin et le capitaine Haddock, présents à toutes les cases, se complètent et s’accordent, et la structure de la planche repose entièrement sur cet échange et sur l’alternance entre ordre et agitation. Le dessin et le regard d’Hergé ont évolué en parallèle : sans doute est-ce l’âge de la maturité, certes différent par rapport aux vibrations minimalistes originelles, mais tout aussi séduisant.
Car ce dialogue imagé entre les deux personnages est le symbole de la sophistication des aventures de Tintin et de l’élargissement de son microcosme. Au sein de cet univers, où le héros a abandonné sa solitude mais reste toujours le point central autour duquel gravitent les énergies, Haddock joue un rôle important : il est le contrepoint graphique et rythmique de Tintin. Cette planche le démontre à merveille.
Hergé cherche constamment l’équilibre entre les espaces blancs — le décor très précis, tel qu’il est dessiné ici, avec les arbres et surtout le feuillage — et la ligne encrée des personnages, tout en flexibilité. Que ce soit pour marquer la surprise et la colère de Haddock, ou la retenue de Tintin, la plume du dessinateur n’hésite pas un instant sur la voie à emprunter. À cet égard, la dernière case de la planche est une parfaite illustration de son style : Tintin ne court pas, il est suspendu dans un espace graphique qu’il domine sans ostentation, et il incarne à lui seul le raffinement de la ligne claire. Les Bijoux de la Castafiore dans tout leur éclat.

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