196
Victor Dubreuil (1842-1900)
Trompe-l'oeil aux billets de mille francs et au revolver
Estimation :
20 000 € - 30 000 €
Vendu:
73 500 €

Détails du lot

Trompe-l'oeil aux billets de mille francs et au revolver
Huile sur toile (Toile d'origine)

Signée 'V. Dubreuil' en bas à gauche

Dans son cadre d'origine en bois et stuc dorés portant l'inscription 'Voilà cependant pourquoi l'humanité peine, travaille, / veille, navigue et bataille. Résultat ? ... L'inconnu !' sur un cartouche dans le bas

'TROMPE-L'OEIL WITH THOUSAND FRANCS NOTES AND A REVOLVER', OIL ON CANVAS, SIGNED, BY V. DUBREUIL

Provenance :

Acquis par l'actuel propriétaire dans les années 1970 ;
Collection particulière, Île-de-France

Commentaire :
Cet étonnant tableau retiendra l'attention des collectionneurs de sujets insolites et des amateurs…d'argent !
Nous connaissons peu de choses de cet artiste né en France qui arrive à New York en 1888 et réalisa une partie de sa carrière aux Etats-Unis. Une interview qu'il réalisa auprès d'un journaliste new-yorkais en 1893 nous apprend qu'il avait été successivement portier, clerc de banque, journaliste, soldat au sein de l'armée française au Mexique et enfin, beaucoup plus intéressant, un agitateur aux idées socialistes bien établies.
Son œuvre peint doit être analysé au regard de cette personnalité si originale. Ce peintre amateur aux idées anarchistes représenta de façon récurrente des liasses entières de billets de banques, dollars, francs ou autres monnaies dans la veine des peintres de natures morte hollandais de l'Age d'or aux discours moralisateurs qui illustraient si bien les idées protestantes.
En ajoutant une arme près de ces montagnes de billets, le peintre se veut à la fois provocateur et à la fois chroniqueur de l'actualité souvent cruelle de son époque. Les pistolets que l'on retrouve dans nombre des toiles de Victor Dubreuil invitent le spectateur à prendre les armes pour s'emparer d'une telle fortune. Ces révolvers illustrent aussi le règne de la violence et le culte de l'argent roi dans une Amérique où tout semble possible, à l'heure de la conquête de l'Ouest et de la découverte du pétrole qui seront à l'origine d'immenses fortunes.

Comme l'explique Guillaume Faroult dans un article paru récemment (1) la guerre de Sécession provoque une rupture dans l'approche de la nature morte : " Les peintres de natures mortes, tel William Hernett (1848-1892), se focalisent de nouveau sur des objets spécifiquement américains et se spécialisent dans les trompe-l'œil aux résonances symboliques, voire subversives (…). Le peintre John Haberle (1856-1933) met en exergue le rapport à l'argent dans l'Amérique au plus fort de son essor économique. Les services secrets américains avaient accusé Haberle de faire dans ses représentations de dollars de véritables contrefaçons. "
Très certainement réalisé en France après les années passées aux Etats-Unis, notre tableau fut sans doute encadré par l'artiste lui-même. L'inscription apposée sur la plaque illustre clairement les sentiments révolutionnaires de l'artiste.

1 - Guillaume Faroult, " Quand maïs et billets de banque font irruption dans les natures mortes ", in Grande Galerie, Le journal du Louvre, n°30, déc. 2014 - janvier-février 2015, p.56.

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