162
Gustav Adolf Mossa
La Circé
Estimation :
5 000 € - 7 000 €
Vendu:
33 774 €

Détails du lot

La Circé
Aquarelle gouachée sur trait de plume et encre noire et de mine de plomb

Signée et datée 'HOC OPUS NICIENSIS FECIT / GUSTAV ADOLF MOSSA MCMVI' en bas à droite
Titrée et légendée 'LA CIRCE / Ah ! combien j'ai bu de boissons faites de larmes de Syrènes, / distillées dans des alambics aussi effroyables que l'Enfer' dans le bas

'CIRCE', WATERCOLOUR AND GOUACHE ON PEN AND BLACK INK, SIGNED AND DATED, ENTITLED, BY G. A. MOSSA

Provenance :

Succession Mossa, 1972 ;
Ancienne collection France Mossa-Lombart ;
Puis par descendance

Expositions :

'5e Exposition des Beaux-Arts de Cannes', Cannes, Hôtel de Ville, 1907
'Gustav Adolf Mossa et les symboles, 1883-1971', Nice, galerie des Ponchettes et musée des Beaux-Arts Jules Chéret, 7 juillet - 31 décembre 1978, n° 114
'Gustav Adolf Mossa, l'oeuvre symboliste, 1903-1918', Paris, pavillon des arts, 19 juin - 27 septembre 1992, Montauban, musée Ingres, 22 octobre 1992 - 3 janvier 1993, p. 147, n° 72
'Gustav Adolf Mossa, l'oeuvre symboliste, 1903-1918', Thessalonique, Centre culturel Vellidio, 5 janvier - 4 février 1995, Athènes, Institut français, 13 février - 3 mars 1995, n° 28
'Gustav Adolf Mossa Symbolistiske Arbejder 1903-1918', Holte, G. Holtegaard, 4 mars - 20 juin 1999, p.37, n° 46
'L'oeuvre secrète de Gustav Adolf Mossa', Namur, Musée Félicien Rops, 30 janvier - 16 mai 2010, p. 88

Bibliographie :

G. de Jarrie, "L'Exposition des beaux-arts de Cannes", in 'L'Eclaireur de Nice', 11 janvier 1907, p. 5
Le Bourgeois, "L'Exposition des beaux-arts de Cannes", in 'Le Journal des Arts', 19 janvier 1907, p. 3
Jean-Roger Soubiran, 'Les Aquarelles symbolistes et la création plastique symboliste de Gustav Adolf Mossa', thèse de doctorat, Université d'Aix-en-Provence - Marseille, 1978, p. 129-130 et p. 500-501, n° 106
Jean-Roger Soubiran, "Les Influences gothiques dans l'art symboliste de Gustav Adolf Mossa", in 'Nice historique', 1978, n°2, p. 75
Jean-Roger Soubiran, 'Gustav Adolf Mossa, 1883-1971', Nice, 1985, p. 60, 80, 212, et fig. 91 p. 81
Sylvie Lombart, Jean-Roger Soubiran, 'Gustav Adolf Mossa, Catalogue Raisonné des oeuvres "symbolistes"', Paris, 2010, p. 184-185, n° A116

Commentaire :
Artiste de l'étrange et peintre de l'âme, Gustav Adolf Mossa est l'auteur d'une œuvre surprenante et fascinante, considérable pour qui prend le temps de s'imprégner de l'esprit du maître.
Sa période symboliste (1904-1911) représente la quintessence de sa production et reflète une personnalité exceptionnelle dont l'œuvre reste bien souvent cruel et énigmatique mais invariablement subjuguant. Son autoportrait (fig. 1) à l'âge de 17 ans reflète cette complexité psychologique qui très tôt caractérise l'artiste.
L'œuvre de Mossa ne peut être compris qu'au travers de ses rapports avec la musique, la peinture et la littérature, et de son admiration pour Baudelaire, Mallarmé ou Barbey d'Aurevilly. Il fut lui-même auteur de livrets d'opéras et de pièces lyriques. Ses toiles et ses dessins constituent un ensemble de références à des mythes, des fables qu'il manie tel un psychanalyste : conflits des pulsions de vie et des pulsions de mort, plus particulièrement dans la représentation de Salomé qui hante presque tous les symbolistes.
Mobilisé puis blessé lors de la Première Guerre mondiale, Gustav-Adolf Mossa abandonne son approche unique de l'art et occulte volontairement son œuvre symboliste. Il dédie sa vie au Carnaval de Nice et au Musée des Beaux-arts de la ville dont il devient directeur. Ce n'est qu'à sa mort en 1971 que son œuvre symboliste est découverte par le grand public grâce à ses héritiers. Un catalogue raisonné récemment paru en 2010 consacre l'importance de l'œuvre de Mossa1.

Les trois dessins que nous présentons proviennent des héritiers de l'artiste et illustrent " l'âge d'or " de sa production. Datées de 1906 et 1907, ces trois feuilles pourraient résumer à elles seules le génie de l'artiste. Les personnages de Circé et Salomé se retrouvent de nombreuses fois chez Mossa. Dans l'aquarelle que nous présentons (lot 162) la magicienne Circé transforme les compagnons d'armes d'Ulysse, elle verse un philtre magique sur ces hommes ainsi réduits à l'abjecte condition de pourceaux. Mossa réinterprète le mythe homérique en liant mort et séduction féminine, idée que vient renforcer l'inscription 'O PRIAPUS DEUS OMNIA' sur le tympan de l'architecture en arrière-plan.
La même image de la femme mortifère se dégage des deux autres dessins que nous présentons : Hérodias (lot 163), la femme d'Hérode, serre dans un dernier élan tragique le crâne de son bien aimé saint Jean-Baptiste dont elle ordonna pourtant la décollation. Selon Jean-Roger Soubiran " Mossa n'est probablement jamais allé aussi loin dans la représentation de l'union intime d'Eros et Thanatos2".
Salomé enfin (lot 164) regarde songeuse le cœur du Prophète dont le corps gît sur les dalles du palais. Dans ce triptyque inspiré des primitifs flamands, le volet de gauche montre Hérode qui tient le glaive du supplice et celui de droite présente Hérodias tenant la tête du Baptiste.
Jean-Roger Soubiran rattache l'attitude de Salomé, entourée de ses chiens et les yeux rivés sur le cœur au passage des 'Diaboliques' : " Je le demandai à genoux, les mains jointes(…) J'aurais communié avec ce cœur, comme avec une hostie (…) ; les chiens dévorèrent le cœur devant moi. Je le leur disputai. " (Jules Barbey d'Aurevilly, " La vengeance d'une femme ", 'Les Diaboliques')

1 - Sylvie Lombart, Jean-Roger Soubiran, 'Gustav Adolf Mossa, Catalogue Raisonné des œuvres "symbolistes"', Paris, 2010
2 - 'Ibid'., p. 197

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