HERGÉ Georges Remi dit (1907-1983)
LES AVENTURES DE TINTIN
TINTIN AU TIBET
Mine de plomb pour le crayonné de la planche 32 de l’album « Tintin au Tibet », 20ème album de la série, publié en 1960 aux éditions Casterman. La dernière case reprend la case 10 de la planche 33 de l’album. 55 x 36,5 cm. Nombreux croquis et annotations dans les marges dont plusieurs études d’expressions de Tharkey et 3 crayonnés de Haddock pour les cases 4 et 9 de la planche 33 de l’album.
Au verso (reproduit page 40), une version totalement inédite de la suite de l’histoire dans laquelle Tharkey découvre Tintin gisant inanimé au fond de la crevasse et lui prodiguant les premiers secours. Tintin lui racontant alors ses découvertes notamment la pierre sur laquelle le nom de Tchang est gravé en caractères chinois et dans notre écriture, ainsi que la découverte d’ossements au fond de la grotte. Tharkey en déduit naturellement « moi croire lui enlevé par Yéti !... Et lui mangé par Yéti ».
Les crayonnés d’Hergé sont très exactement dans le même rapport avec ses mises à l’encre (et les imprimés qui s’en suivent) que les lavis de Poussin ou les dessins de Monsieur Ingres avec leurs tableaux. Chaque fois les bouillonnements de l’esquisse furent discrétisés (voire discrédités) par des mises-au-net de l’œuvre finale. En ce sens, Hergé est un classique. Mais ses brouillons nous révèlent aussi son versant résolument moderne ! Des milliers de traits turbulents y captent le mouvement. Et la puissance du monde de Tintin s’est jouée à ce niveau là : fluides, motricités, chocs, vitesses.
La planche 32 des crayonnés de « Tibet » est particulièrement importante parce que Hergé y affrontait le blanc des neiges éternelles. Cette achromie n’étant pas du tout celle de la virginité de la surface du papier (ni celle d’une pureté morale) mais bien celle d’une vibration première qui qualifie les tout grands dessinateurs et peintres : Turner, Delacroix, Klee, Pollock. Pierre Sterckx